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Le blocus

Couverture du livre « Le blocus » de Guennadi Gor aux éditions Circe
  • Date de parution :
  • Editeur : Circe
  • EAN : 9782842422745
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

La Russie, a dit Andrej Bitow, à propos de son pays natal, est le pays où Kafka devient réalité. Et là où la réalité déforme les destinées des hommes, on peut réellement éprouver la démolition cubiste. L'écrivain Guennadi Gor (1907-1981), qui a souffert du blocus de Leningrad de 1941 à 1944 et... Voir plus

La Russie, a dit Andrej Bitow, à propos de son pays natal, est le pays où Kafka devient réalité. Et là où la réalité déforme les destinées des hommes, on peut réellement éprouver la démolition cubiste. L'écrivain Guennadi Gor (1907-1981), qui a souffert du blocus de Leningrad de 1941 à 1944 et l'a relaté en vers, était hanté à l'époque par les fantômes d'Hitler, de Gogol et de Goya, ainsi que par des parties de corps indépendantes.
Gor retrouve l'horreur du siège, il conjure le cannibalisme poussé par la faim dans le poème " ne mangez pas ma jambe ", qui traverse l'anatomie avec des rimes croisées et des amphibraques comme une formule magique désespérée. Les vers libres des hôtes, que " belle-mère " la mort vient chercher après le banquet de rôti de chat, décrivent les transports hivernaux de cadavres comme des scènes fantomatiques de contes de fées. Le genre du poème serait en fait " trop beau " pour s'épancher, selon Gor, et par là un peu embarrassant. Toutefois, contrairement aux rapports documentaires sur l'enfer du froid et de la faim, ses vers ont l'avantage d'avoir cette subjectivité qui constitue à la fois la culture et l'humanité.
Quand l'homme meurt, seule la tête peut encore ressentir en dernier lieu. Pouchkine, le poète adoré des Dieux, ne parvient toutefois pas à prononcer le moindre mot devant la milicienne soviétique. Tasso ouvre la bouche en silence. Et Ovide rêve en frissonnant de petits pains. Là où la fréquence humaine faillit, la langue rentre chez elle, dans l'eau, dans la pierre et dans le silence des nomades.
La littérature russe a trouvé son Malaparte. Avec Gor s'est éteint le dernier Obérioute..

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