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"Il y a des jours où le temps s'arrête pour une longue respiration. Laissant naître des bulles d'air sous le crâne. Des jours entre parenthèses où les draps blancs des fantômes ne couvrent plus le regard des vivants." Au coeur de l'été, dans un village du sud-est, Robin rejoint sa femme, sa fille et sa mère dans la maison familiale. Dans ce lieu gorgé de souvenirs, il va tenter de se réapproprier son corps meurtri après une longue maladie. Mais les blessures que l'on voit sont rarement les plus profondes. Au cours de ces semaines caniculaires, des tensions apparaissent à l'ombre du mûrier. L'heure est venue pour chacun d'oser dire les présences invisibles qui les ont éloignés les uns des autres.
Telle une peintre impressionniste, Diane Peylin sollicite nos sens et compose une ode à la nature. En faisant jaillir les mots qui sauvent, Robin et les siens, traversés par un élan vital, vont enfin panser leurs plaies. Le Bal est un cri d'amour poussé du sommet de la plus haute montagne.
Le Bal est le quatrième roman de l’auteure que je lis, après Même les pêcheurs ont le mal de mer, La Grande Roue et Un jour, il y aura autre chose que le jour. Les romans de Diane Peylin sont toujours, pour le lecteur, un moment de délicatesse. C’est une plume sensible qui décortique les relations humaines, les émotions et les façons d’être.
Le Bal ne fait pas exception à la règle. Il fait valser une famille dans le dédale des non-dits, de la retenue, de la souffrance intérieure, là où l’on occulte les sentiments et la douleur de peur qu’ils ne prennent trop de place. Alors le quotidien éloigne les Hommes de ce qui les lie. Il étouffe les mots et les gestes. Mais sous la surface des peaux contenues, il reste des cœurs qui battent et qui ne demandent qu’à danser à nouveau.
Entre deux personnages masculins et féminins, entre deux clichés imaginaires et existants, entre deux pensées tues et de mots inavoués, nous percevons, le temps d’un été ardéchois, une transformation des êtres. Les fenêtres s’ouvrent, les paroles se libèrent, les corps se meuvent, les esprits flottent dans l’air chaud et exhalent la culpabilité et le poids de ceux qui ne sont plus. Alors il ne reste que l’amour des vivants, le désir retrouvé des amants, les rires à gorges déployées et les souvenirs allégés de secrets qui n’en étaient pas vraiment.
"Il y a des jours où le temps s’arrête pour une longue respiration. Laissant naître des bulles d’air sous le crâne. Des jours entre parenthèses où les draps blancs des fantômes ne couvrent plus le regard des vivants."
Ce roman est une contemplation de l’humain et de la nature, c’est une tranche de vie de femmes et d’hommes comme les autres, c’est un récit bercé de poésie et de musique, c’est la chaleur du présent qui réchauffe le froid du passé. Ce sont des mots tendres et des mots crus, c’est l’ascension de la montagne de la vie. C’est un saut d’obstacles.
Ni véritable action ni énigme mais une plongée dans ce que nous sommes.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2022/05/05/lecture-le-bal-de-diane-peylin/
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