"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Bal est le quatrième roman de l’auteure que je lis, après Même les pêcheurs ont le mal de mer, La Grande Roue et Un jour, il y aura autre chose que le jour. Les romans de Diane Peylin sont toujours, pour le lecteur, un moment de délicatesse. C’est une plume sensible qui décortique les relations humaines, les émotions et les façons d’être.
Le Bal ne fait pas exception à la règle. Il fait valser une famille dans le dédale des non-dits, de la retenue, de la souffrance intérieure, là où l’on occulte les sentiments et la douleur de peur qu’ils ne prennent trop de place. Alors le quotidien éloigne les Hommes de ce qui les lie. Il étouffe les mots et les gestes. Mais sous la surface des peaux contenues, il reste des cœurs qui battent et qui ne demandent qu’à danser à nouveau.
Entre deux personnages masculins et féminins, entre deux clichés imaginaires et existants, entre deux pensées tues et de mots inavoués, nous percevons, le temps d’un été ardéchois, une transformation des êtres. Les fenêtres s’ouvrent, les paroles se libèrent, les corps se meuvent, les esprits flottent dans l’air chaud et exhalent la culpabilité et le poids de ceux qui ne sont plus. Alors il ne reste que l’amour des vivants, le désir retrouvé des amants, les rires à gorges déployées et les souvenirs allégés de secrets qui n’en étaient pas vraiment.
"Il y a des jours où le temps s’arrête pour une longue respiration. Laissant naître des bulles d’air sous le crâne. Des jours entre parenthèses où les draps blancs des fantômes ne couvrent plus le regard des vivants."
Ce roman est une contemplation de l’humain et de la nature, c’est une tranche de vie de femmes et d’hommes comme les autres, c’est un récit bercé de poésie et de musique, c’est la chaleur du présent qui réchauffe le froid du passé. Ce sont des mots tendres et des mots crus, c’est l’ascension de la montagne de la vie. C’est un saut d’obstacles.
Ni véritable action ni énigme mais une plongée dans ce que nous sommes.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2022/05/05/lecture-le-bal-de-diane-peylin/
A la lecture de ce livre je me suis demandé ou on allait avec tous ces personnages qui change à chaque chapitre, je ne trouvais pas dans ma lecture le résumé de ce livre.
Puis sont arrivés les chapitres avec Emma, chapitres intriguants, dérangeants mais addictifs qui m'ont poussé à prolonger l'histoire.
Et c'est dans la lecture de ces derniers que toute la trame se met en place.
Les personnages se rejoignent et prennent sens et l'histoire devient poignante.
On comprend seulement à la fin le résumé de ce livre bouleversant et finalement si bien écrit.
Encore un fait divers malheureusement si courant et tellement déplorable.
Ce livre m'a laissé un gout amer pour toute la "vilainerie" de ce monde.
Un puzzle littéraire à découvrir absolument !!
Il a fallu que Salvi , enterre son grand-père tant aimé et trouve l'enveloppe que ce dernier lui a laissé pour qu'il comprenne enfin pourquoi il est si différent des hommes de la famille.
En effet si son père et son grand-père sont tous deux pêcheurs , lui Salvi ne supporte pas la pêche, il a le mal de mer, pour lui la pêche est un métier ingrat, les poissons puent et il préfère quitter l'ile et travailler dans l'informatique mais surtout ce qu'il préfère c'est être sur scène, dans un habit de clown , avec un nez de clown et faire rire le public.
Et pourtant, il fait rire le public en mettant en scène sa vie d'avant sur l'ile, une vie pleine de tristesse, de mauvais souvenirs, de morts ..............
Comment et pourquoi les hommes de la famille n'ont pas su être père à part entière, aimer leurs enfants comme tous les pères ............
La vie d'une famille sur plusieurs générations, pêcheur de père en fils, dans laquelle chacun cache son désespoir et préfére être jugé pour ce qu'il n'ést pas plutôt que de se dévoiler.
La fierté et les mensonges des hommes qui se rendent compte trop tard de ce qu'ils ont fait et ce qu'ils ont raté.
un magnifique roman, une histoire bien écrite qui prend aux tripes et trouble le lecteur.
Diane Peylin me séduit toujours par sa plume délicate et poétique. C’est le troisième roman que je lis de cette auteure et c’est encore un véritable plaisir, de chavirer entre ses mots, de me laisser emporter dans ses contrées oniriques.
Comme l’écrit Boris Vian, Un jour Il y aura autre chose que le jour, et Diane Peylin nous plonge dans ce bain de poème dès l’épigraphe. Un jour, la nuit ouvrira la porte d’une nouvelle journée dans laquelle les choses seront différentes, auront changé. Et c’est quand un petit garçon se présente à la porte de la bâtisse taillée dans le calcaire d’une famille tsigane sédentarisée et, il faut le dire, loufoque, que leur vie va pour toujours changer.
« Sur la route grignotée par les poules, l’enfant se laissait chahuter par le vent. Les rafales le balançaient de droite à gauche, de haut en bas, sans se soucier de ses jambes maladroites. Pataugeant dans la boue, le petit homme et ses bottes de géant fixaient leurs empreintes dans le sol mouvant. Il avait six ans mais ses chaussures étaient immenses. Des bottes de sept lieues pour aller de l’autre côté du monde. »
Le ton est donné, le décor est planté. Maintenant, il faudra savoir se laisser exalter par le récit d’une auteure à l’imagination fertile sous peine de passer à côté de ce roman qui parle de l’absence, de l’acceptation, de la douleur, de la résilience, toujours en délicatesse et sensibilité.
La façon de raconter les épreuves et les troubles familiaux n’est jamais commune avec Diane Peylin et c’est en cela que j’apprécie chacun de ses romans. Elle peut dérouter, indéniablement, mais on peut tomber amoureux, furieusement. Il suffit de garder l’esprit ouvert et de croire en ses mots. Elle mène la barque et elle arrive toujours à me bercer de ses contes. Car oui, Un jour, il y aura autre chose que le jour, ressemble à s’y méprendre à un conte.
Un jour, un garçon de six ans ouvrit la porte d’une famille dont chaque membre avait une particularité physique, artistique, dans les gestes, dans l’esprit. Ce jour, il fut baptisé Englo, l’ange, et aucun autre prénom ne pouvait lui aller mieux, mise à part son véritable prénom que lui-même avait oublié, autant qu’il avait oublié celle qui fut sa mère. Peu à peu, il les découvrit, chacun leur tour, il s’intégra dans ce foyer déluré, il fut de moins en moins transparent, il les bouleversa, ils l’acceptèrent et finirent par l’aimer sans jamais vouloir qu’il les quittât désormais. Du moins, c’est ce qu’ils croyaient, parce que celui que l’on nomma Englo avait une mission qu’ils finirent par découvrir, pour le bien de tous.
Le mystère qui plane tout au long du roman s’éclaircit sur un dénouement insoupçonnable autant qu’émouvant. La lutte intérieure de chacun des membres s’apaise, et la paix finit par les envahir tous, y compris Englo. Bien sûr, je n’en dirai pas davantage, mais la fin est belle, et tendre, et révélatrice. Un thème finalement universel qui peut faire écho en chacun de nous.
« Dans sa chambre, tout seul, ses battements cardiaques avaient cessé. Comme anesthésiés par cette solitude froide. Mais là, près d’eux, serré, son sang se mettait à nouveau à circuler. Les pulsations revenaient, entraînées par le métronome de l’amour. Il y avait du rythme ici. Dans ces mains liées. Dans ce groupe. Qui ne trouvait l’harmonie qu’une fois tous les membres réunis. Si un manquait à l’appel, la musique commençait à dérailler. Pour n’être plus qu’une rhapsodie délirante lorsque chacun errait de son côté. »
Vous l’aurez compris, ce roman poétique et ésotérique m’a séduit même s’il peut sembler divaguer parfois dans les limbes de la loufoquerie et de l’onirisme. Mais s’il on se laisse porter par l’auteure et s’il on sait d’avance que ce ne sera pas un récit ordinaire, alors on passe un très bon moment d’évasion. Surtout que l’écriture est très belle, autant que le message qu’elle veut faire passer et qu’elle porte merveilleusement bien.
Je lirai de nouveau ce roman, maintenant que je sais, maintenant que j’ai toutes les cartes en main pour me laisser m’émouvoir du sort – et du passé – d’Englo et de cette famille toute entière.
« – Je sais, dit-il. Je sais tout. Maintenant, je vais mieux. Je me sens tout bizarre mais je vais mieux. (…) »
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2018/09/25/lecture-un-jour-il-y-aura-autre-chose-que-le-jour-de-diane-peylin/
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