"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Entre le corps d'Amalia, qui flotte dans la mer, à l'aube, mystérieusement noyé, et le corps de Delia, sa fille, exposé à la violence, au sang et à la pluie d'une Naples au ciel plombé et aux rues hostiles, se déroule ce thriller familial, sensuel et désespéré, dont les rebondissements vous griffent le coeur.Qu'est-il arrivé à Amalia ? Qui se trouvait avec elle la nuit de sa mort ? Pourquoi n'est-elle vêtue que d'un soutien-gorge neuf quand on la retrouve ? A-t-elle vraiment été, comme le portent à penser les dernières heures de sa vie, la femme que sa fille a toujours imaginée, ambiguë et insatiable, prête à de secrètes déviations, capable d'échapper dans la ruse et la grâce à la surveillance obsédante de son mari ? Qui est Caserta, ce vieil ami d'Amalia, une victime ou un bourreau ? Quels sont ces hommes qui entravent et révèlent le destin de Delia ?Le parcours qui conduira Delia des funérailles de sa mère à l'évocation toujours plus détaillée de la figure troublante de cette génitrice, et au dénouement imprévisible de l'histoire, est constellé de soubresauts de la mémoire, de gestes de répulsion et d'amour, de scènes glaçantes.
La mère, cette illustre inconnue !
Ce roman serait le premier d’Elena Ferrante, et déjà les ingrédients de sa tétralogie l’Amie prodigieuse sont là.
Délia la quarantaine, attend sa mère, qui chaque mois vient passer quelques jours chez elle et s’en va dès les premiers signes d’impatience de la fille.
Elle est en retard, mais il lui arrive souvent de rater son train à Naples.
Mais cette fois c’est différent.
Amalia, 63 ans, ne viendra plus jamais. Elle sera retrouvée noyée, avec pour seul vêtement un soutien-gorge griffé, loin des oripeaux dont elle s’affuble ordinairement. Mais chose étrange, elle n’a pas été dépouillée de ses bijoux, alliance etc. Elle n’a pas été violentée.
Délia prend en charge l’organisation des obsèques, et bien qu’ayant deux sœurs, un père vivant qui ne viendra pas, un oncle maternel, elle est considérée comme « forte » et cela lui incombe, sans que son entourage se pose de questions.
« Depuis des années nous vivions toutes les trois dans des villes différentes, chacune avec sa vie et un passé en commun qui ne nous plaisait pas. Les rares fois où nous nous voyions, tout ce que nous avions à nous dire, nous préférions le taire. »
C’est dans sa solitude, lors de l’enterrement, que Délia va ressentir les premières secousses de souvenirs enfouis qui viennent fissurer sa carapace.
Alors va commencer pour elle comme une enquête car elle ressent le besoin d’habiter quelques jours l’appartement de sa mère.
Elle va découvrir quelqu’un qu’elle ne connait pas. Que fait chez sa mère cette valise remplie de sous-vêtements luxueux ?
Qui est cet homme aux cheveux blancs qui lui semble surgi de ses anxiétés enfantines ?
Naples est toujours décrite comme grise, triste, des immeubles qui cachent une grande violence, les difficultés économiques entrainant d’autres violences, qui sont comme une seconde peau.
Le rythme est haché, secoué de flux et de reflux, le lecteur comprend le fossé qui s’est creusé entre les membres de cette famille.
Mais le fossé entre Délia et sa mère se comblera après la mort, comme si chaque pelletée de terre jetée sur le cercueil, venait colmater les plaies.
En effet le lecteur découvre vite que Délia ne s’est pas mariée et n’a pas eu d’enfant.
Son amour harcelant pour sa mère étant l’origine de ce vide.
Plus elle avance mieux les blancs de son histoire se dessine, car une vie dans le regard d’une enfant est interprétée à la hauteur de son âge.
L’écriture est crue, l’auteur assène les souvenirs qui affluent comme si elle giflait ses lecteurs.
La vérité est toujours faussée, et au fur et à mesure où elle se dévoile, le récit devient aussi déroutant, dérangeant et envoûtant.
L’auteur maîtrise parfaitement son histoire et le lecteur se demande s’il devient fou.
Particulièrement intrigant de retrouver le portrait d’une mère dans ce premier roman, portrait qui prend de multiples facettes dans L’Amie prodigieuse.
Que connaissons-nous de nos proches ? Et quelle place prend l’absence quand tant d’interrogations demeurent ?
Un beau sujet où rien n’est édulcoré.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/04/25/lamour-harcelant/
Manifestement, à lire les autres critiques, il ne vaut pas mieux avoir lu l'Amie Prodigieuse AVANT celui ci qui est son 1er roman. Ça tombe bien , c'est mon cas (oui, je sais , je dois être la seule à ne pas avoir lu ce que tout le monde appelle un chef d'œuvre, qu'à cela ne tienne ;-)
J'ai beaucoup aimé la densité de l'écriture, comment l'autrice nous esquisse par touche sa relation avec cette mère qui vient de mourir , retrouvée noyée nue dans la mer, comment elle part dans les rues de son enfance à Naples, pour retrouver ses souvenirs et cette relation toxique qu'avait sa mère avec son père violent, et son amour secret Caserta qui vient illuminer ses derniers jours. C'est fort, c'est sombre, c'est violent avec un petit coup de mou au milieu du roman, mais c'est beau .
C’est son premier livre et bien sûr Naples est en toile de fond. J’avais beaucoup aimé « L’amie prodigieuse » celui ci m’a laissé un sentiment de malaise, je l’ai trouvé glauque. C’est un bon livre mais psychologiquement violent.
A Naples, la narratrice Delia se rend aux obsèques de sa mère, retrouvée noyée dans la mer. Le père, séparé de sa femme depuis des décennies après une relation violente marquée par la jalousie, ne s’est pas déplacé. En revanche, resurgit un vieil ami de la morte, l’étrange Caserta, qui avait tant marqué Delia enfant et son père, convaincus qu’une relation coupable liait cet homme à la sensuelle Amalia.
Alors que Delia se lance sur les traces de sa mère pour comprendre sa mort, les souvenirs affluent au point de mêler passé et présent en d’étonnantes superpositions : son retour sur les lieux de son enfance fait ainsi remonter à la surface des images profondément enfouies qui viennent lui faire revivre son enfance dans les années soixante, cette fois du point de vue de sa mère tel qu’elle parvient à l’imaginer, elle qui, désormais parvenue au même âge, lui ressemble tant.
Le pivot de cette anamorphose entre deux époques et deux personnages est la ville de Naples, qui imprègne les pages d’une ambiance trouble et délétère, inquiétante au final, au travers de quartiers populaires toujours sous la pluie, où résonnent les accents du dialecte local, et où une femme semble ne pouvoir faire un pas sans se faire harceler.
Une sensation de malaise m’a accompagnée tout au long de ma lecture, cette atmosphère méphitique enveloppant des personnages globalement assez minables et peu sympathiques, tous obsédés par la perversité supposée d’une femme, objet de tous les fantasmes et donc de tous les soupçons, et pourtant la seule à être restée finalement au-dessus de la mêlée des rivalités et des sentiments sordides.
Si j’ai admiré l’habileté de construction du récit et la capacité de l’auteur à restituer avec véracité la trouble complexité des personnages, j’ai trouvé cette histoire d’amour-haine pesante et déprimante, voire profondément glauque et dérangeante tant tout y est malsain. On ne se remet pas si facilement de tant de réalisme cru, où tout n'est que violence à l’encontre des femmes.
J'avais lu et aimé la saga " L'amie prodigieuse" . Cette fois je ne suis pas parvenu à m'intéresser à cette histoire et j'ai abandonné à mi-parcours.
Ayant lu L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante et l'ayant beaucoup apprécié, c'est L'amour harcelant, son premier roman, publié en France en 1995 et réédité l'an dernier, que j'ai décidé de découvrir.
Dans la première phrase, très laconique, la narratrice, Delia, nous fait part de la mort de sa mère, Amalia (63 ans), par noyade. Elle a été retrouvée, portant sur elle, seulement un soutien-gorge neuf, griffé, acquis dans une coûteuse boutique napolitaine, ses boucles d'oreilles, sa bague de fiançailles et son alliance. Delia donc, la quarantaine, va tenter de résoudre l'énigme de cette mort.
Ce roman est en quelque sorte le récit d'une fille qui part à la recherche de sa mère. C'est alors que des souvenirs enfouis remontent, souvenirs d'enfance où son père, son oncle Filippo et l'ami et associé de son père, Caserta et son fils Antonio, jouent un rôle important.
La ville de Naples est également un élément essentiel ; elle est plus qu'un décor urbain où se déroule le fil de l'existence des personnages : elle est vivante, grouillante de cris et d'odeurs. Est également très présent le dialecte ou plutôt la langue napolitaine qui lui est hostile car liée à la violence paternelle. C'est un terrible règlement de compte entre mère et fille.
En fait, en tentant de mieux comprendre sa mère, en menant l'enquête sur sa mort, c'est sa propre vérité que Delia recherche et finira par trouver : elle n'a existé que par sa mère.
C'est un récit bouleversant jusqu'au malaise qu'Elena Ferrante nous livre. Ses mots heurtent et dérangent. Elle arrive de façon magistrale à nous faire ressentir les sentiments contradictoires que Delia éprouve pour sa mère, sentiments qui sont un mélange de fascination, d'amour et de haine, un rapport mère-fille tortueux, douloureux, passionnel.
L'amour harcelant est un livre un peu difficile à lire car on ne sait jamais si on est dans la réalité, dans la folie, dans les faux-semblants, où l'atmosphère est lourde, pesante, sombre, beaucoup moins lumineuse que dans L'amie prodigieuse et pourtant, par bien des points, il annonce déjà ce dernier.
C'est plutôt après coup que j'en ai apprécié l'écriture.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Bof ... sans plus.
Paragraphes très lourds à lire et j'ai trouvé l'histoire pas très intéressante à suivre.
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