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« Je ne peux plus éviter l'affrontement. Nous y sommes. Mes certitudes élaborées et architecturées au millimètre, viennent de s'écrouler, se déglinguent. L'abcès qui me dévorait, chargé de napalm, ce boulet dévastateur qui comprimait ma poitrine, maintenant se déballonne au crissement de ses pas... ».
Un petit roman de 70 pages décapant à l'écriture ciselée, une lecture fascinante !
Un texte puissant, resserré dans une soixantaine de pages à peine, si bien écrit que j'en aurais volontiers lu un peu plus.
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"Qu'est devenu ce vieux parricide naïf qui, doutant de ma fragile mémoire ou la supposant clémente, ose reparaître devant moi?"
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Cet incipit frémissant de colère contenue donne le ton , la tension est palpable, un homme attend dans la maison familiale le retour d'un frère dont il n'a plus eu de nouvelles depuis 30 ans.
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C'est trop court pour en dire plus. Mais sachez que c'est intense, noir... très noir ! Une très belle découverte que ce huis-clos familial dramatique écrit d'une plume vibrante, au titre terriblement imagé avec ce mot inventé "l'Amort" qui ne peut mieux décrire les sentiments qui animent le narrateur, entre amour et haine. Quelle trouvaille !
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Ce petit opus est édité dans la collection Texte des éditions La Trace @editionslatrace .
Ils disent dans leur présentation vouloir éditer des auteurs qui soient "des contrebandiers des mots". Eh bien Jack Boland en est un qui vous laissera ko par uppercut de sa langue brute, forte et ciselée et l'incroyable intensité de ce texte.
Serré comme un café fort, mené d’une main de maître, « L’Amort Fraternel » est un texte de 69 pages crissant comme la glace. Un retournement de situation (dont je ne dirai rien). Jack Boland pousse le lecteur dans le dos, force le huis-clos. L’ambiance est hivernale. « Qu’est devenu ce vieux parricide naïf qui, doutant de ma fragile mémoire ou la supposant clémente, ose reparaître devant moi ? » « Bien sûr que le père n’aurait pas vécu beaucoup plus longtemps, mais nous assurait le toubib : Il en a encore pour plusieurs mois… plus, s’il ne fait pas d’imprudences. » Le narrateur doute. Les soupçons sont vifs, lames de fond. Il pressent son frère Paul coupable : flacon vide, 10 gouttes pas plus quotidiennement. Seul dans la maison paternelle, les rancoeurs enflent, crescendo, tsunami, elles happent le narrateur. La teneur de « L’Amort Fraternel » est hors norme, une mise en abîme captivante. Une fratrie écartelée par les méprises, les cartes qui vont se retourner, vite, trop vite. Qui est Paul, ce frère revenant ? « Celui qui arrive est un homme épuisé. Qu’il le soit brusquement me désarme…. Non. Il n’est que vieux. Il a tué le père. Il est en marche. Il me revient. » Jack Boland délivre un récit claquant, intuitif, habile. Il ouvre les tiroirs, un à un, incite le grave, la violence des aprioris, filigrane qui va piéger l’idiosyncrasie. Les fissures générationnelles, les jalousies intestines, les doutes, les psychoses. Profond, « L’Amort Fraternel » est un récit noir, psychologique, superbe. Il prouve un Jack Boland accroché aux branches d’une histoire plausible. Il arrime les mauvaises pensées, les métaux, le contraire d’une exactitude des faits. Et c’est là que le chant est beau, insistant et enclenche une vengeance, une destinée contrée par la marche des mauvaises directions, compagnons en déroute des existences floutées, les méprises implacables. Jack Boland est un nouvelliste de renom. Acide, caustique, brillant, la chute est une prouesse, la preuve, le non-retour. Lisez « L’Amort Fraternel ». Prenez garde à l’envers du décor, à la traversée du miroir. Publié par les majeures Éditions La Trace.
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