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«Je ne puis me rappeler exactement le jour où je décidai qu'il fallait que Conrad devînt mon ami, mais je ne doutais pas qu'il le deviendrait. Jusqu'à son arrivée, j'avais été sans ami. Il n'y avait pas, dans ma classe, un seul garçon qui répondît à mon romanesque idéal de l'amitié, pas un seul que j'admirais réellement, pour qui j'aurais volontiers donné ma vie et qui eût compris mon exigence d'une confiance, d'une abnégation et d'un loyalisme absolus.»
A l’occasion du bookclub du @prixbookstagram sur le thème de l’Allemagne au XX° siècle, j’ai eu envie de replonger dans ce livre dont je gardais un très beau souvenir.
Une histoire d’amitié entre deux garçons. L’un est issu d’une grande famille aristocratique allemande, l’autre, le narrateur, est le fils d’un médecin juif. Nous sommes en Allemagne à Stuttgart en 1933.
Deux solitaires que la différence de milieu social ou la situation politique ne perturbe guère, du moins dans un premier temps (finalement très court). C’est une belle amitié qui se lie entre eux autour de la littérature, de la peinture ou encore des pièces anciennes.
Le texte est court (120 pages) mais son intensité à poser la montée de l’antisémitisme, l’incompréhension de ces allemands de confession juive devant la déferlante nazie est incroyablement relatée (les propos du père de Hanz qui qualifie la montée du nazisme d’une « maladie passagère, quelque chose comme la rougeole, qui disparaîtra dès que s’améliorera la situation économique » est assez incroyable mais finalement tellement symptomatique de l’époque.
Ce récit est donc celui d’une amitié qui fut dense, courte mais qui jusqu’au bout nous fait croire en la beauté de la nature humaine, malgré tout.
Une fable moderne, poignante et mémorable traitant de l'amitié profonde en une période dont on ne doit oublier les blessures. Magnifique roman.
Une très belle histoire d'amitié. Emouvant. A lire, pour ne pas oublier.
Court roman qui raconte une belle histoire d'amitié à Stuttgart en 1932 entre deux adolescents issus de milieux très différents.
Hans est juif, fils de médecin, sa famille réside en Allemagne depuis des décennies. Son père se sent résolument Allemand, fier de sa croix de guerre obtenue pendant la Première Guerre mondiale et trouve ridicule l'idée sioniste de revendiquer la Palestine.
Conrad, fils du Comte von Hohenfels, fait partie d'une famille de la noblesse allemande dont les origines remontent à la nuit des temps, avec des ancêtres qui se sont illustrés à de nombreuses époques .
Les deux garçons de nature solitaire vont se rapprocher et lier une amitié qui semble indéfectible. Seule ombre au tableau, le rejet de la mère du jeune noble envers Hans et les Juifs en général.
Leurs rencontres donnent lieu à des échanges philosophiques dignes de garçons d'un haut niveau intellectuel, sur Dieu et la religion, sur l'avenir de l'Allemagne en train de se jouer sous la coupe d'Hitler.
Leurs avis souvent opposés, signes d'une vivacité d'esprit bénéfique en temps normal, préfigurent en cette période trouble ce que malheureusement la radicale montée en puissance du nazisme va concrétiser : la fin de cette belle amitié.
Une lecture très agréable, un style lyrique qui nous prend par la main et le coeur pour nous emmener doucement vers une fin magistrale, en quelques mots chargés d'émotions.
Allemagne - 1932.
Deux adolescents de 16 ans se rencontrent et deviennent inséparables. Mais l’un est issu d’une illustre famille à laquelle l’Histoire du pays est liée, l’autre est le fils d’un simple médecin. Juif.
Les événements impacteront inévitablement leur lien..
Court, mais puissant. Le titre prend toute sa signification à la dernière ligne.
Une centaine de pages pour un récit poignant... malheureusement presque "banal" mais terriblement attristant. J'ai aimé les belles descriptions de l'Allemagne avant Hitler, de la communion harmonieuse existante alors entre les individus, de la liberté et de la beauté qui régnaient, l'incrédulité quant à la montée du nationalisme. Et ce lent poison qui se glisse au fil des pages. La fin est aussi rapide que ne l'a été la prise de pouvoir d'Hitler.
Je l'avais lu en troisième mais j'ai été très touché de le relire aujourd'hui. Je le recommande aux adultes. Je vais aussi revoir le film qui je crois est beau.
J’ai eu beaucoup de chance durant ma scolarité, car j’ai particulièrement apprécié la majeure partie des ouvrages étudiés en cours (exception faite du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, lu en première année de licence, pour lequel j’ai dû me forcer pour arriver à la fin et que j’espère ne plus jamais avoir à relire). Mon petit frère semble avoir hérité de cette chance : même lui qui n’aime pas lire n’a jamais eu à se plaindre du contenu de ces lectures obligatoires ! Il m’arrive ainsi régulièrement de lui emprunter ces romans - souvent assez courts - afin de profiter des dossiers documentaires qui accompagnent le texte dans les éditions scolaires. Aussi, lorsque j’ai eu besoin d’un « livre dont le thème principal est une guerre ayant réellement eu lieu » pour valider un item éphémère de la Coupe des 4 maisons, j’ai rapidement su vers quel roman me tourner : celui qu’est en train d’étudier le petit frère !
Nous sommes en février 1932 à Stuttgart, ville du sud-ouest de l’Allemagne. Hans est le fils unique d’un médecin juif, et s’il s’entend globalement bien avec l’ensemble de ses camarades, il n’a aucun véritable ami. Tout change le jour où Conrad, héritier d’une illustre famille allemande dont le nom inspire respect et vénération, arrive dans sa classe. Hans le sent au plus profond de son être : Conrad est le seul individu au monde à pouvoir réaliser l’idéal qu’il se fait de l’amitié. Il va alors faire tout son possible pour attirer l’attention de ce jeune homme intimidant qui semble se satisfaire de sa propre solitude. A sa grande surprise, son plan rocambolesque aboutit, et commence alors entre ces deux garçons que tout oppose une fantastique amitié … une amitié que la montée du nazisme va venir ébranler.
Ce récit est la preuve que les plus belles histoires sont parfois les plus courtes et les plus simples : si l’histoire ne fait qu’une petite centaine de pages et n’a rien d’une intrigue complexe et compliquée, elle n’en reste pas moins étonnement puissante et émouvante. Il s’agit, tout simplement, de l’histoire banale d’une amitié qui aurait pu l’être également : deux jeunes hommes timides qui s’apprivoisent mutuellement malgré leur différence de classes sociales. Comme il y a des coups de foudre en amour, il y a également des coups de foudre en amitié, et c’est le cas ici : pour l’un comme pour l’autre, c’est une évidence, ils doivent devenir amis, mais ne savent pas comment s’y prendre pour faire le premier pas. J’ai tellement apprécié la genèse de cette amitié, c’était à la fois touchant et amusant, de voir comment ces deux grands gaillards se comportaient comme deux jeunes filles effarouchées en présence de leur prince charmant ! Leur amitié était solide, faite de grandes conversations sur le sens de la vie, de comparaisons de leurs collections respectives, de longues promenades et de sorties culturelles. Une amitié qui aurait pu, aurait dû, durer des années sans que rien ne vienne la troubler.
Mais, et on arrive ici à ce qui fait toute la particularité et la force de ce roman, nos deux jeunes héros se sont rencontrés dans un contexte géographique et historique particulier : ils vivent en Allemagne dans les années 1930, tandis qu’Hitler arrive au pouvoir et que le nazisme et l’antisémitisme gagnent en puissance. On s’en doute, ces bouleversements politiques vont venir chambouler cette amitié qui semblait inébranlable : les camarades de classe d’Hans et Conrad vont progressivement rejeter Hans, soutenus par les nouveaux professeurs partisans du nazisme qui font également tout leur possible pour montrer au jeune juif qu’il n’est pas à sa place dans ce pays qui l’a vu naitre, dans ce pays pour lequel son père s’est battu et a été blessé, dans ce pays qu’il aime. Ce pays qu’il doit quitter, envoyé par ses parents aux Etats-Unis chez un oncle jusqu’à ce que leurs « compatriotes reviennent à la raison » selon les dires de son père. Et bien plus que la séparation, c’est le choix de Conrad, énoncé dans une lettre, qui vient mettre définitivement fin à cette belle amitié qui n’aura duré que quelques mois avant d’être brisée par l’Histoire … Du moins, c’est que ce tente de se persuader le narrateur. Car peut-on véritablement oublier une amitié si puissante, si pure, si fusionnelle ?
On ne se rend compte que l’on a dévoré ce roman qu’une fois la dernière page tournée. Les chapitres s’enchainent à une vitesse folle, les jours, les semaines puis les années passent sans que l’on ne les voit défiler, jusqu’à ce que survienne cette terrible phrase finale qui vous fait sursauter, hoqueter, éclater en sanglots. Cette histoire est courte, terriblement courte, mais tellement percutante, horriblement frappante. Sans s’en rendre compte, le lecteur s’attache à Hans et Conrad, et peut-être surtout, finalement, au beau duo qu’ils forment. J’ai eu le cœur déchiré lorsqu’ils ont été contraints de se séparer, et encore plus lorsque j’ai lu la lettre de Conrad. L’Histoire, la cruelle Histoire, s’était immiscée entre ces deux destins entremêlés, et c’est terriblement révoltant de voir à quel point les « histoires d’adultes », politique et idéologies, influent sur les relations innocentes et insouciances des enfants et adolescents qui ne demandent rien d’autres que de vivre en paix en dépit des différences. Ce que j’ai trouvé assez impressionnant dans ce récit, c’est que ces terribles événements ne sont évoqués qu’à demi-mot mais que le lecteur comprend pourtant très facilement ce dont il est question. Ce récit n’est pas un roman-documentaire ni un témoignage sur les horreurs de la guerre, mais bien l’histoire d’une amitié ayant lieu dans ce contexte particulier, qu’il faut donc situer pour permettre au lecteur de comprendre le drame qui se joue à travers les mots, mais sur lequel il n’est pas nécessaire de s’attarder plus longuement.
En bref, un petit roman particulièrement bouleversant qui me donne terriblement envie de me procurer sa « suite », La lettre de Conrad, afin de savoir comment celui-ci interprétait cette même-amitié et de mieux comprendre certains de ces choix … et aussi de mieux saisir comment on en est arrivé à la dernière phrase de L’ami retrouvé, cette terrible dernière phrase qui m’a chamboulée. C’est un ouvrage qui se lit vraiment facilement, que je conseille donc volontiers aux collégiens mais aussi à tous les lecteurs qui s’intéressent à ce pan de l’histoire ou qui désirent lire une belle histoire d’amitié. De plus, et cela ne gâche rien, la plume est très belle et la traduction lui fait bien honneur. J’ai trouvé certaines phrases magnifiques, vibrantes de poésie et de force.
Il est rare que de petits livres comme celui-ci marquent le lecteur après une seule heure de lecture - je pense à la Métamorphose de Khafka, à le Joueur d'échec de Zweig ou encore Effroyables Jardins de Quint , et bien d'autres ...
Eh oui, L'ami retrouvé peut supporter ces comparaisons car sur la base d'une amitié entre deux allemands va se jouer beaucoup d'enjeux personnels, contrariés par les influences familiales et politiques.
Nous sommes en 1932, début de la montée au pouvoir d'Hitler et du nazisme et les idees phares du mouvement commencent à se rependre comme une "odeur de crottin" - acide et persistante. Mais nos deux héros, en plein adolescence, sont loin de se préoccuper de cet impact politique. Non, eux se délectent de la culture, la vraie, celle qui n'a pas de nationalités, ni de religion, en passant de Goethe à Baudelaire en passant par Tolstoï, en admirant ces grands auteurs comme les plus grands peintres ou encore les antiquités grecques ou latines.
L'adolescence a une fin qui se détermine par un retour à la réalité et là, dans notre contexte la réalité est absurde, injuste et incompréhensible mais elle aura raison de cette amitié infaillible que tout deux recherchait, adulait, exultait. Quoique ...
Ce livre est très intense dans sa lecture parce que dès le début on sait que notre narrateur a été profondément marqué, blessé par une amitié déçue. Cette intensité vient également du fait que les sentiments de Hans et Conrad vont parfois au delà de l'amitié, ils sont pris par une réelle passion quasi-amoureuse.
Ce livre fleure la nostalgie, la mélancolie, tant dans cette amitié perdue que dans ce pays qu'il a abandonné et même renié. Au gré des descriptions on ressent ce mal du pays qui bouleverse le narrateur et par son biais l'auteur.
Ce livre ravira les collégiens,lycéens et adultes dans l'approche de la 2nde guerre mondiale et les bouleversements humains au quotidien.
Lien : http://chezsabisab.blogspot.fr/2016/06/lami-retrouve-fred-uhlman.html
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