Une sélection de vos lectures préférées de la rentrée !
Jeanne, Je pars demain pour Damas. Voilà tant d'années que je ne suis pas allé voir la guerre pour montrer son visage. Et j'ai peur, de nouveau, depuis ce que j'ai vu au Rwanda, peur de ne pas réussir à capter son regard, peur de ne faire que des instantanés qui ne montrent pas la guerre et ne représentent que ses fruits. Alors, tout en livrant aux agences ces clichés mineurs qui feraient les unes de la presse, j'ai prolongé une oeuvre, restée secrète, constituée de quatre négatifs. Ce que cette oeuvre donne à voir et que tu seras la première à découvrir ne se réduit à rien. Elle ouvre une dimension vertigineuse sur notre nature humaine.
Je te confie ce travail et te demande de le présenter à Gilles Lespale. Il tient une galerie sur les quais de Seine. Va le voir. Dans chacune des enveloppes, tu trouveras un négatif, le journal que j'ai tenu durant cette période, ainsi que des notes. Je n'ai réalisé aucun tirage papier de ces négatifs. Tu es seule détentrice des images. Mais s'agit-il encore d'images ?
Pardon d'ajouter du mystère à ta peine.
Et lorsque tu liras cela, sache que je serai à tes côtés.
Enguerrand.
Rwanda, Bosnie, Afghanistan, Irak.
Une quête, une enquête.
Quatre carnets de guerre, quatre négatifs.
Quatre jours, un huis clos.
Une oeuvre hors du commun, à la frontière de l'horreur et de la beauté.
Une sélection de vos lectures préférées de la rentrée !
Ce n’est pas une lecture simple, ni simpliste, le sujet est grave mais abordé d’une manière que j’ai particulièrement apprécié.
À travers quatre clichés, nous découvrons l’histoire d’un photographe de guerre et de son travail. Le prisme de la guerre saisit sur un instant présent, avec les interprétations que cela engendre, donne à ce livre, une saveur particulière, malgré un sujet dont l’horreur nous touche.
Quatre photos, quatre conflits contemporains : Rwanda, Bosnie, Afghanistan, et Irak. Un déroulé qui colle à la chronologie et qui nous remet en mémoire les sensations à l’instant T.
Je n’étais pas insensible à ces conflits, cette lecture a tout fait remonté à la surface et je dois dire que cela m’a chamboulé.
Je me suis remémoré ces sentiments d’horreur qui m’avaient saisis au moment où les informations nous « balançaient » les images… Nous sommes toujours dans le visuel, mais sous un angle bien différent. Ici, les photos d’un journaliste de guerre sont décortiquées et prennent tout leur sens.
Jeanne, l’ex-compagne d’Enguerrand, photographe de guerre récemment tué à Alep, transmet à Gilles, un galeriste sur Paris, le testament d’Enguerrand, sous forme de quatre enveloppes et autant de négatifs photos pour raconter les conflits et cette violence. Enguerrand, connaissait les limites de son métier de photographe et doutait de l’impact qu’elles pouvaient avoir. À travers ces clichés pris sur le vif, il voulait « montrer les yeux de la guerre dans le regard de Dieu ».
Quatre parties, quatre journées, chacune centrée sur la découverte d’un cliché. Celle du Rwanda rappelle l’ « Annonciation », où la Vierge n’a pas de tête. Celle de Bosnie, un ex-voto, emprunte aux « Ménines » de Vélasquez. Celle d’Afghanistan est un sténopé, une « camera obscura ». Et la dernière, celle d’Irak, rappelle le « Guernica » de Picasso, où un cheval agonit et une mère à l’enfant mort apostrophe le ciel assassin.
Chaque développement, donne lieu à une description détaillée, agissant comme un révélateur posthume.
Le procédé narratif peut sembler lourd, puisque chaque personnage apporte ses impressions, c’est comme une balle que chacun renvoi à l’autre, mais il serait dommage de passer à côté de cette lecture, où le sacré et l’art s’imbriquent d’une manière assez poétique, malgré la gravité du sujet.
J’ai aimé les phrases, la construction, mais il m’a manqué un peu d’émotion pour que cette lecture puisse me bouleverser.
L’auteur s’est attaché à la perception, au ressenti, face aux images chocs et le pouvoir qu’elles ont sur l’être humain tout en mettant en exergue le négatif et le positif… À l’image de ces photos…
C’est un très beau livre, ambitieux et courageux parce qu’il tente de capter et de dire avec émotion, style et érudition l’indicible de l’essentiel de quatre guerres contemporaines ( Rwanda, Bosnie Afghanistan et Iraq) et au delà de l’essence même de la guerre.
Denis Drummond nous propose de nous immerger dans une histoire portée par trois personnages centraux dont les vies se croisent et fusionnent et qui acceptent de partager la quête de la vérité de la guerre de l’un d’entre eux. Le dévoilement progressif (ainsi que les péripéties autour...) de cette quête attisent la curiosité du lecteur. J’ai lu ce livre d’une seule traite!
Et voilà un livre fort.
Fort par le thème, la guerre.
Fort par la construction, 4 photographies.
Fort par la langue riche, poétique.
‘’Fiat bellum, et ce fut la guerre.’’
Denis Drummond nous emmène voir la guerre dans les yeux.
Non par la description des horreurs de la guerre, les « photos mineures » telles que les définit Enguerrand, reporter de guerre.
Comme le photographe qui développe ses clichés dans la chambre noire voit petit à petit apparaitre l’image dont il fera le tirage, Denis Drummond par la seule force des mots nous amène à voir chacune des quatre photos comme si nous les avions sous les yeux.
Chacune d’entre-elles nous fait regarder la guerre dans les yeux.
Dans chacune d’entre elles la guerre nous regarde dans les yeux.
Cette guerre dont la ''place est désormais dans l’homme, sur terre, jusqu’à la nuit des temps.’’
Cette guerre qui nous fait trouver ''beau ce qui ne peut pas l'être."
Un peu d’humanité néanmoins.
A la violence de la guerre s’oppose l’amour source d’espérance.
Demain existe.
Un livre fort, très fort.
A lire.
Un livre magnifique. Un voyage bouleversant, une réflexion intelligente et dérangeante sur l'art et la représentation de la guerre, de très belles pages sur la rencontre, le désir, la perte. Bravo.
Denis Drummond, poète et orfèvre des mots
Roman bouleversant, lu dans une telle urgence comme si le fracas de ces guerres y résonnait à chaque mot. La structure narrative est conçue de telle façon que la guerre pourtant si loin de nous s'immisce dans notre vie de tous les jours a travers le quotidien des deux personnages centraux, Jeanne et Gilles. La poésie habite chaque phrase. Tout simplement stupéfiant. Merci Monsieur Drummond
Avec son style à la fois précis et foisonnant et un sens aigu de la narration, Denis Drummond nous emmène dans un voyage que l'on souhaite voir durer éternellement. A lire de toute urgence!
EdM
Denis Drummond par l’entremise d’Enguerrand - Reporter Photographe - héros du livre, nous plonge dans quatre conflits : le Rwanda, la Bosnie, l’Afghanistan, l’Irak. Ce testament nous emmène vers l’horreur de la guerre qui devient moteur de sa création. Enguerrand par son chant du cygne, - 4 photos mises en scènes - nous invite à regarder l’essentiel de la nature humaine. « les Chants désespérés sont les chants les plus beaux et J’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots ». Nul doute que l’auteur est un poète romantique dont l’expression narrative correspond à ces vers de Musset.
Dans le fracas du monde d’aujourd’hui, en citant le poète Afghan Rumi, Denis Drummond souligne qu’ « Il y a une voix qui ne comporte pas de mot ...! » C’est le silence assourdissant de la guerre qui hurle ! Un livre bouleversant dont on sort abasourdi et qui, pour moi est sans aucun doute, un des meilleurs romans de cette rentrée littéraire.
Jérôme Garcin nous dis que c’est « un des romans les plus ambitieux, amples et déflagrants de la rentrée littéraire ». Oui, c’est un immense roman. De ceux que l’on ne lâche pas et qui nous marque pour la vie. Rare, trop rare.
Denis Drummond par la subtilité incandescente de sa prose, la virtuosité de son texte, l’intelligence et la sensibilité de ses mots nous plonge dans le Silence assourdissant de la guerre. Rien n’est bruit, tout est questionnement, nos sens toujours en éveil.
Nous avançons à pas feutrés dans la moiteur des marées du Rwanda, encordée dans les montagnes abruptes de la Bosnie, pris dans les volutes étourdissantes de la ronde des Soufi invoquant les 99 noms d’Allah en Afghanistan, avançant à pas compté dans les caravanes du désert d’Irak.
Nous faisons la ronde avec Jean de Dieu et Jean d’amour, Enguerrand, Claire, Léa, Gilles et Jeanne et bien d’autres encore. C’est étourdissant de beauté.
Passant de la grande histoire à la petite histoire, de la quête à l’enquête, des carnets de guerre à la découverte des clichés majeurs, l’auteur construit tel un orfèvre un texte prodigieux de virtuosité qui nous permet de reprendre notre respiration, qui est le mur contre lequel s’adosser face à la guerre mise à nu.
Drummond, avec une puissance et une subtilité infinies, nous dit l’horreur de la guerre et interroge avec force l’Humanité, la face double de notre humanité.
Si on en sort KO debout, on n’en sort également grandi.
Merci Monsieur Drummond
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