"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Et brusquement, le monde rassurant s'écroule. Le père de Nina part, son frère s'endurcit, sa mère se met au lit. Elles vont désormais rester toutes les deux. Nina guette les infimes variations de la présence de sa mère, dans le souffle de sa respiration ensommeillée, dans les silences de sa mélancolie. L'étau se resserre, les instants de joie hors de la maison sont des moments volés. L'enfant le sait, sa mère est devenue incapable de survivre sans elle. Personne ne doit deviner ce qui leur manque. Parfois, lorsque Nina est seule, l'odeur de la forêt revient. Celle de bois pourri, de fougère et de mousse trempée. « Elle m'exaspère d'autant plus que je hais cette étreinte intérieure me saisissant dans le même temps, cette impression d'être injuste, mauvaise, dure face à son visage peiné, à la toute petite fille qu'elle paraît être à cet instant. - Maman, te couche pas trop tard... - T'inquiète pas, répond-elle avec son sourire à fendre mon coeur, cette tristesse qui reprend le pouvoir et se mêle à la tendresse furieuse que j'éprouve pour elle. Je la laisse seule et ferme la porte de ma chambre, m'allonge sur ma couette, coupable et courroucée de l'être. »
Ce livre reste en mémoire. L'auteur très subtilement y tisse une toile familiale et peut-être familière d'un couple qui se délite au cœur duquel une petite fille ne veut rien oublier. C'est elle qui raconte, qui sent les choses, ses parents se disputent, son frère vit sa vie de son côté, il déraille un peu, change et cela induira des changements scolaires. Les détails de l'enfance et de ses odeurs, de celles qui provoquent les souvenirs et aident à y revenir comme pour surmonter les non-dits et l'incommunicabilité dans cette famille sont récurrents et sont un éloge de l'enfance. La mère a moins bien réussi que ses parents, il manque des cadres aux adultes comme aux enfants et il le leur est donné grâce à la narratrice, avec qui on se perd et on espère.
Comment ne pas être touché-e par cette histoire?
Nina et son grand-frère Etienne vivent avec leur mère depuis que leur père les a abandonné du jour au lendemain. Oui mais voilà, celle qui devrait maintenir la famille à flots sombre dans une profonde dépression et n'assume plus ses responsabilités... Les 2 jeunes enfants se retrouvent donc à devoir s'auto-gérer et à cacher aux yeux de tous cette situation familiale difficile.
C'est très dur car c'est à travers le récit de la petite Nina que nous découvrons cette histoire, cette situation inversée ou ce sont les enfants qui doivent s'occuper des adultes. Tout au long de ma lecture je me disais "mais comment est-ce possible que personne ne se rende compte de la situation?". J'avais tellement envie de les aider!
C'est donc l'histoire d'un drame familial comme il y en a tant d'autres, l'histoire d'un drame qui se cache au sein d'un foyer et dont rien de filtre à l'extérieur. L'histoire de vies que l'on dissimule au regard des autres.
C'est donc une lecture très forte en émotions, mais un poil trop triste pour moi, j'aurais aimé pouvoir "respirer" à certains moments de ma lecture : la boule qui s'est installée dans mon ventre des les premières pages ne m'a pas quittée une seconde.
Nina, treize ans, vit avec sa mère divorcée (et dépressive) et son frère ainé, Etienne. Ce dernier, trop en colère contre leur père, depuis sa trahison six ans plus tôt, refuse catégoriquement de passer ses vacances auprès de lui et de sa nouvelle compagne, en compagnie de sa soeur. Pendant l’hospitalisation inévitable de sa mère psychologiquement malade, Nina va séjourner chez ce père qu’elle n’a pas vu depuis bien longtemps, découvrir Thérèse sa belle-mère et Léa, la plus jeune fille (dix-huit ans) de celle-ci …
Entre un géniteur laxiste qui a perdu son droit de visite peu après la séparation et une mère fragilisée (qui ne met plus les pieds dehors) il est bien difficile de grandir à l’aise dans ses baskets et de développer des relations affectives dignes de ce nom ! Etienne le révolté (seize ans) se dirige allègrement vers la mauvaise pente …
Un roman très douloureux qui décortique à merveille une souffrance profonde, où se mêlent ressentiment et honte. Et surtout, omniprésent dans le récit, ce mépris (voire dégoût) à peine voilé par notre jeune héroïne pour ce père inconsistant … Cette pitié agacée pour cette mère par trop vulnérable, autant de sentiments qu’on ne devrait raisonnablement pas avoir à éprouver à l’adolescence pour ses propres parents …
Je tiens à remercier vivement Babelio et les Éditions Eyrolles pour l’envoi de son ouvrage, en avant-première et la très sympathique rencontre avec l’auteure !
Dans la vie dissimulée, on plonge dans la tête de Nina, petite fille puis adolescente. On voit tout à travers son regard, la mélancolie de sa mère, le départ du père, la violence de son frère. Sa vie quotidienne, ses peurs, ses espoirs sont disséqués au fil des pages.
L’auteure réussit bien à retranscrire les joies et les peines d’une enfant puis d’une adolescente. Sa difficulté à tenter malgré tout de sauvegarder sa part d’enfance, son innocence face à la réalité de sa vie, à son quotidien avec sa mère. Il n’y a pas de pathos dans les lignes, des descriptions précises, un quotidien familial disséqué. Le personnage principal est touchant de petite fille à ado qui a envie de vivre, on la suit avec plaisir.
La relation avec le père est très émouvante, comme l’inversion des rôles entre Nina et sa mère. J’ai apprécié d’être dans un récit à hauteur d’enfant, avec cette focalisation unique, de voir se déployer la vie de cette jeune fille au fil des pages. De même, l’histoire alterne des moments doux et plus dramatiques, des petites et grandes épreuves pour l’héroïne, ce qui maintient l’intérêt du récit et sa progression. L’intériorité du personnage, les failles des adultes sont bien décrites, précises, réalistes. L’auteur a une facilité indéniable pour faire ressortir les sentiments, aussi bien la mélancolie, le non-dit que la force de vie de Nina. J’ai eu parfois l’impression d’assister à un drame en plusieurs actes autour de cette famille morcelée. Le récit interroge sur les répercussions qu’une séparation peut avoir dans le microcosme familial.
Un récit qui se lit sans déplaisir et qui donne envie de prendre dans ses bras Nina pour lui dire que ça ira. On a envie parfois de secouer ses parents pour qu’ils prennent conscience du besoin d’amour de leur fille. Je me suis laissée porter par ce récit intimiste, cette virée dans la tête de Nina, donc découvrez sa vie dissimulée et les trésors que déploie cette jeune fille, vous passerez un joli moment de lecture
Avis de la page 100 des explorateurs de la rentrée
Nina est une jeune fille qui part retrouver son père, on remonte avec elle ses souvenirs à travers les différentes parties du roman. J’ai apprécié le personnage touchant de Nina qui essaye de bien faire et qui est écartelée entre ses parents, son grand frère pas toujours sympathique. De la petite Nina qui espère que tout va s’arranger à l’ado qui ne sait plus comment se comporter face à cet inconnu: son père. Pour quelles raisons ses parents en sont arrivés là ? Nina va-t-elle réussir à dire ce qui lui pèse ? À lever le mystère? Un début de roman prometteur, touchant, qui retranscrit bien les pensées de la petite fille, de l’adolescente. Curieuse de connaître la suite.
Les parents se séparent, Nina raconte. Le naufrage vécu par elle-même et son frère Etienne, les amis, les grands parents qui tentent de sauver quelque chose pour rétablir une vie à peu près normale, les repas, l’école, les loisirs. Mais, Nina est seule et ne comprend pas tout, elle est si petite, 6 ans au moment des faits, tant de contraintes et de responsabilités, et que d’interrogations. Le père est parti, la mère mélancolique ne se lève plus, le monde s’est écroulé. L’enfance est blessée.
Mais Nina se bat et des années plus tard, rencontre ce père absent qui a refait sa vie. Comment peut-elle renouer les liens de ce que les adultes ont détruit ?
Tout au long de ce texte, parfois émouvant, on suit une petite fille dans ses errances, on aimerait pouvoir l’aider à comprendre et à survivre dans ce chaos. Mais le lecteur n’a pas la clé. Pourquoi le couple parental se sépare-t-il ? Quelle est l’histoire de cette famille bancale ? La mère simule ou est-elle vraiment malade ? Je n’ai pas de réponses et je me sens frustrée d’avoir subi tant de violences dans cette lecture inachevée.
Il y a en toile de fond la question du divorce, de la garde, du droit de visite, celui qui gagne, celui qui perd. La souffrance de la séparation pour les enfants qui se retrouvent démunis face à des parents pas forcément plus solides qu’eux. Marinca VILLANOVA est psychologue clinicienne, elle sait de quoi elle parle. Les sentiments des personnages sont analysés et détaillés avec soin, sensibilité et empathie. Je n’ai pourtant pas réussi à m’attacher aux personnages, pas même à Nina avec qui j’ai fait un bout du chemin pour ensuite lui lâcher la main.
Explorateurs 2021 :
Marinca Villanova dérange avec un roman centré sur les impacts d’un divorce. Elle met au service de ce livre son parcours de psychologue clinicienne, pour une intrusion dans la tête d’une enfant de treize ans, brisée par le divorce de ses parents. Le récit se situe entre son enfance à partir du divorce, et son adolescence en cours.
Sur quelques deux cents pages, ce livre raconte l’histoire de Nina, adolescente meurtrie par la tension familiale. Alors que leurs parents se sont déchirés, le frère de Nina pousse sa petite sœur à agir malgré elle. Les deux enfants retrouvent leur père le week-end. Mais, manipulateur, le grand frère entraîne la fillette dans une fugue qui aura de lourdes conséquences : le père perd la garde de ses enfants. Le père est chassé de la maison et les enfants apprennent à vivre avec l’unique repère maternel, pourtant défaillant. La mère ne remplit plus son rôle : elle passe ses journées au lit.
Ce divorce difficile a laissé des blessures profondes. Nina se construit malgré elle, dans une douleur vive alors que sa mère est internée pour dépression majeure. Elle raconte cette enfance tumultueuse et rude. Un père absent, une mère dépressive, un frère interne dans son lycée : Nina est livrée à elle-même. Les repères de l’enfance sont inexistants à cause de cette situation familiale exécrable.
La construction de ce roman est constituée de cinq parties distinctes, aux titres sans équivoque. Les retrouvailles ouvre le roman. Le père et sa fille se retrouvent sur le quai d’une gare. Cette rencontre est le point d’ancrage du roman. Il engendre le récit de la narratrice qui se perd dans les souvenirs de sa petite enfance, avec sa conscience actuelle d’adolescente. Dans les deux dernières parties du roman, Pouvoir et Partir, Nina a pris confiance en elle. L’utilisation de verbe révèle une négation de la vie qu'elle subit, exprimée dans les parties précédentes. C’est donc une introspection du personnage principal qui s’opère. A travers ses souvenirs, elle peut se reconstruire.
Après lecture de ce roman, n'ayant pas vécu le divorce personnellement, je trouve que La vie dissimulée est un viol de pensée de cette enfant, rendu impudique par des descriptions de mal-être. On supporte difficilement l’intrusion permanente dans la tête de la fillette à cause du regard d’adulte que nous posons sur ses questionnements d’enfant. Toutefois, le cheminement opéré tout au long de l'introspection abouti à une renaissance et un épanouissement.
Avis de la page 100 :
Cette histoire de vie est racontée avec une certaine profondeur des sentiments. Toutefois, je suis plutôt mal à l'aise à la lecture de cette déchirure de famille. J'ai l'impression de prendre une place qui ne m'est pas destinée. On assiste à une situation conjugale avec les yeux de Nina, encore enfant, mais avec notre conscience d'adulte. Peut-être que ce ressenti est du au fait, justement, de la mise en exergue du regard naïf et innocent de Nina...
AVIS A LA PAGE 100
Avant même d’ouvrir le livre, je déplie la première de couverture au toucher imperméable. Une femme endormie sur un lit. Allongée sur elle, une petite fille au regard interrogateur… Marinca Villanova est psychologue clinicienne.
Le roman s’ouvre sur l’atmosphère tendue d’une famille éclatée. Nina, la jeune narratrice , va rompre le rythme quotidien dans lequel elle évolue avec Etienne son frère « l’homme de la maison » au chevet de leur mère dépressive. Après six années, Nina va rencontrer son père.
A la page 100, j’ai dépassé le jugement subjectif que j’avais pressenti, celui d’une lecture « légère ». D’une situation classique, l’effondrement d’une famille, la psychologie des personnages devient le moteur d’une histoire qu’il me tarde de poursuivre.
AVIS
Ce soir-là, sans explication, sans prémices annonciateurs à hauteur d’enfants, Nina et Etienne sont surpris par un cri. D’abord pris en charge au domicile familial par une grand-mère, ils retrouvent leur mère censée s’être ressourcée chez une amie. Mais cette femme a sombré dans une pathologie de repli sur soi et d’isolement signant une incapacité à s’occuper de ses enfants.
Aux côtés d’une mère qui ne quitte guère son lit la semaine, ils passent les week-end chez leur père installé dans une caravane jusqu’à ce jour où l’arrivée d’une personne les invite à aller jouer plus loin..
Ayant endossé le statut « d’homme de la maison », titre dévolu à son frère aîné juste après la séparation, Nina affiche une vie normale. Adulte au foyer, enfant puis adolescente à l’extérieure, elle est sans cesse tourmentée par les souvenirs des jours heureux, confrontée aux ambiguïtés des situations, d’un côté l’envie de ressembler à ses camarades, de participer au voyage scolaire alors que sa mère ne peut même pas payer le loyer ou acheter la nourriture. Elle n’abandonnera jamais l’espoir de recevoir un jour une réponse à ses lettres, appels à l’amour lancés régulièrement à son père.
A partir d’une problématique sociale qui trouverait un apaisement par une bonne communication, Marinca Villanova exprime le gémissement des voix intérieures.
Ce roman psychologique dépeint en profondeur la solitude, le manque, l’absence, la détresse sentimentale des personnages à travers des situations réalistes, sans jugement. L’écriture sans emphase, concise est particulièrement adaptée à l’ambiance sournoise et secrète. Adroitement ponctuée de quelques flashs lumineux, cette histoire chargée d’émotions laisse cependant toujours place à l’espoir. Mon empathie totale avec Nina ne m’a toutefois pas permis de juger ou de rejeter les autres personnages, tous attachants dans leur singularité.
Le livre refermé, j’aime revenir sur l’image de couverture et le regard inquiet de la petite fille posé sur le visage de sa mère.
Bravo pour cet avis de la page 100. Heureuse de partager cette aventure avec vous.
Merci Mireille pour cette belle présentation. Belles lectures. Prenez soin de vous
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Merci Parisienne pour ce commentaire . J'aime ces histoires où l'on a l'impression d'être projetée dans des moments de notre propre histoire , où notre cerveau peut imaginer les odeurs jusqu'à les reproduire , et nous retrouver soudain dans l'intimité du roman . Ce roman sera bientôt dans ma PAL Belles lectures . Prenez soin de vous