"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alors qu'il approche de son 60e anniversaire, Mario Conde broie du noir. Mais le coup de fil d'un ancien camarade de lycée réveille ses vieux instincts.
Au nom de l'amitié (mais aussi contre une somme plus qu'honorable), Bobby le charge de retrouver une mystérieuse statue de la Vierge noire que lui a volée un ex-amant un peu voyou.
Conde s'intéresse alors au milieu des marchands d'art de La Havane, découvre les mensonges et hypocrisies de tous les «gagnants» de l'ouverture cubaine, ainsi que la terrible misère de certains bidonvilles en banlieue, où survit péniblement toute une population de migrants venus de Santiago.
Les cadavres s'accumulent et la Vierge noire s'avère plus puissante que prévu, elle a traversé les siècles et l'Histoire, protégé croisés et corsaires dans les couloirs du temps. Conde, aidé par ses amis, qui lui préparent un festin d'anniversaire somptueux, se retrouve embarqué lui aussi dans un tourbillon historique qui semble répondre à l'autre définition de la révolution : celle qui ramène toujours au même point.
Un voyage éblouissant dans le temps et dans l'histoire porté par un grand roman plein d'humour noir et de mélancolie.
Enquête policière à Cuba sur fond de quête d’une vierge noire. Aller retour entre le moyen âge et aujourd'hui.
Passionnant.
Nous retrouvons Mario Conde à la recherche d'une statue pour rendre service à un ancien camarade de classe et pour l'argent, bien sûr.
L'intrigue se partage entre le Cuba d'aujourd'hui et des incursions du XIIième au XXième siècles dans lesquelles est racontée l'histoire de cette vierge noire.
L'intérêt du roman se trouve essentiellement dans le style de l'auteur, ses réflexions sur Cuba et ses descriptions de l'amitié.
Il y a quelques longueurs dans le récit.
Les personnages ont du caractère et sont attachants.
Il y a du rhum, de la pauvreté, des difficultés à trouver les biens de première nécessités des désillusions et de la corruption.
Toutefois les personnages sont attachés à leur pays.
La plume de Leonardo Padura est toujours aussi élégante et rien que pour ça, ce roman vaut le coup.
Une très belle découverte pour moi de cet auteur. Découverte au travers d'un roman policier et de son personnage principal, Mario Conde, ancien flic aux allures chandleriennes... mais pas seulement.
La ville de La Havane est là, présente, décadente et somptueuse, où se côtoient la misère et le luxe, l'illettrisme et la littérature.
Leonardo Padura, journaliste et historien, tisse grâce à l'intrigue, le lien entre cette réalité et l'époque des Templiers à Saint Jean d'Acre, créant en parallèle une deuxième épopée passionnante.
Et puis ce roman est une ode à l'amitié, aux femmes, à la sensualité et aux plaisirs de la vie tels qu'Hemingway les a décrits.
Le temps a passé trop vite pour Mario Conde, la vieillesse arrive mais l'humour se mêle à la mélancolie pour permettre d'accepter cette vérité.
Très bon livre !
C’est moche de vieillir et ce n’est pas Mario Conde qui dira le contraire. A l’aube de ses soixante ans, l’ancien policier a le moral en berne. Rien n’a changé pour ainsi dire à La Havane et comme beaucoup de ses concitoyens, Conde tire le diable par la queue. Quand un ancien camarade de lycée Bobby le contacte pour une enquête particulière, il ne peut refuser car c'est l'occasion pour lui de mettre un peu de beurre dans les épinards. Bobby, marchand d’art, a été délesté par son amant de presque tous ses biens dont une statue d’une Vierge noire qui selon ses dires possède des pouvoirs.
Même si Bobby n’était pas un ami à proprement parler, la fibre nostalgique de Conde est touchée et l’idée de gagner un peu d’argent n’est pas pour lui déplaire. Bougon et un brin désabusé, il a de quoi être mélancolique car il vieillit et certains de ses amis parlent de quitter désormais le pays. La recherche de la statue l’entraîne non seulement dans des milieux d’arts mais aussi dans des trafics louches loin des beaux quartiers de la ville.
En parallèle avec l'histoire de Vierge noire, Leonardo Padura nous plonge quelque siècle auparavant en Espagne et le contraste avec La Havane est d'autant plus saisissant avec une fracture encore plus prononcée entre les pauvres et les quelques riches. Mais l'on sent que Leonardo Perdura tout comme son personnage est attaché à son pays.
Entre roman social, polar et roman historique, Leonardo Padura joue sur plusieurs tableaux et c'est complètement réussi. Avec des pointes d'humour et beaucoup de réalisme, ce livre distille une ambiance qui colle à la peau du lecteur de la première à la dernière page. On visualise La Havane, on est happé par la recherche de la Vierge noire et on ressent le désenchantement mais aussi la valeur de l'amitié.
A l'approche de ses soixante ans, Mario Conde broie du noir, il sait bien que rien ne pourra arrêter la course du temps qui va faire de lui un vieillard bougon, ressassant ses envies avortées d'écriture. Pourtant, c'est d'un pas encore allègre qu'il se lance dans une nouvelle enquête. Contacté par un ancien camarade de lycée, l'ex-policier, reconverti en vendeurs de livres et détective à ses heures perdues, accepte d'aider ce visage du passé qui a beaucoup changé. Roberto Roque Rosell, adolescent coincé et moqué pour ses manières efféminées, est devenu Bobby, un riche marchand d'art qui affiche fièrement ses préférences sexuelles. Son dernier petit ami vient d'ailleurs de profiter d'un de ses séjours à Miami pour vider sa maison du moindre objet pouvant être revendu. Parmi eux, la Vierge de Regla qu'il tient de son grand-père catalan, une statuette de cette vierge noire vénérée à Cuba et qui selon Bobby posséderait des pouvoirs extraordinaires. Conde n'est pas homme a croire à de telles balivernes mais il est un homme d'amitié. En souvenir du passé, il part sur les traces de cette vierge qui semble semer la mort derrière elle.
Où l'on retrouve Mario Conde à la poursuite d'une vierge venue du fond des âges. C'est l'occasion pour lui de se frotter à la corporation des marchands d'art où certains se font des fortunes en magouilles, trafics et autres usages de faux. Evoluant à mille lieues de ce monde, Conde ne peut que constater le pillage systématique que pratiquent les revendeurs organisant une fuite inéluctable des œuvres cubaines vers l'étranger. Mais ses découvertes ne s'arrêtent pas là. Ses investigations vont le mener vers les quartiers périphériques de La Havane, des bidonvilles sans eau ni électricité où vivent des clandestins venus de l'Est du pays sans autorisation officielle. Un choc pour l'ex-policier qui n'en finit pas de constater la déliquescence d'une société qui se voulait égalitaire et qui n'a su que creuser le fossé social. Mélancolique par nature, Conde ne se remet pas d'avoir surpris une misère plus terrible encore que celle qu'il côtoie tous les jours. Et ce n'est pas le départ programmé d'un de ses plus fidèles amis qui va lui remonter le moral ! Lui qui puise sa force auprès de ses complices de toujours voit d'un mauvais œil la perte d'un autre pilier de sa petite bande. Mais ce qui était avant une entreprise dangereuse et secrète se fait dorénavant au grand jour et les candidats à l'exil, toujours plus nombreux, étalent leurs projets au grand jour. Conde doit accepter que s'il a décidé de ne jamais quitter son île d'autres rêvent d'un avenir moins confiné.
Et aux aventures de Conde s'ajoutent celles de la vierge de Regla qui n'en est pas une. Arrivée à Cuba dans le maigre bagage d'un catalan qui fuyait la guerre d'Espagne, elle n'est pourtant pas espagnole. Padura nous emmène en voyage à travers l'espace et le temps avec cette statuette qui a connu guerres et croisades, vénérée pour ses pouvoirs magiques...
Encore une fois, Padura montre toute l'étendue de son talent et son savoir encyclopédique. Un excellent moment de lecture au côté d'un Conde toujours aussi attachant qui réussit l'exploit d'être drôle et mélancolique à la fois.
Avec Les brumes du passé, j’ai découvert et aimé le personnage de Mario Conde, cet ancien flic « hétérodoxe et fantasque, allergique aux armes et à la violence qui lisait trop, prétendait écrire et disait fonctionner en suivant ses coups de cœur, ses préjugés et ses prémonitions. »
Mario Conde a quitté la police en soutien à un chef écarté. Depuis il vivote en vendant de vieux livres d’art récupérés dans les vieilles demeures désertées et en enquêtant comme privé pour des amis. Car pour Conde, l’amitié est essentielle. Dès qu’il a un peu d’argent, c’est pour partager rhum et petits plats avec sa bande d’amis.
Avec Hérétiques, j’ai aimé l’alliance de l’Histoire et du quotidien de Conde avec ce regard inquiet sur la société cubaine. je retrouve ici avec La transparence du temps exactement la même construction. Évidemment, je perds un peu en découverte mais je ne me lasse pas de l’empathie de Conde ni des prouesses de Leonardo Padura qui sait si bien m’embarquer dans ses histoires et dans l’Histoire.
Conde va bientôt fêter ses soixante ans. » L’évidence d’un nombre couperet, dont même la sonorité était effrayante. »
La Havane commence à entrouvrir ses portes et Conejo, un des meilleurs amis de Conde pense à s’exiler à Miami auprès de sa fille. Deux évènements qui perdurent beaucoup Mario Conde.
heureusement, Bobby, un ancien ami de lycée l’appelle pour enquêter sur la disparition d’une statue en bois, une vierge noire, volée par Raydel, son jeune amant. Une belle occupation et une promesse de dollars pour l’enquêteur vieillissant.
Quelle valeur peut avoir cette statue ramenée d’Espagne par l’homme qui avait épousé la grand-mère de Bobby? A-t-elle des pouvoirs miraculeux? En tout cas, cette vierge noire semble très convoitée par les marchands d’art de Cuba et sa disparition entraîne plusieurs meurtres violents.
Leonardo Padura alterne le récit de l’enquête de Conde avec les péripéties au fil du temps ( de nos jours au XIIe siècle) d’un certain Antoni Barral, un être historique et atemporel qui protège la statue depuis les conquêtes des Templiers en terre sainte jusqu’à la guerre d’Espagne.
Une fois de plus, l’auteur nous entraîne sans relâche sur les traces d’une relique religieuse, nous plonge au cœur d’une enquête complexe dans La Havane coupée en deux entre les quartiers riches et les zones misérables.
Suspense, histoire passionnante au cœur d’un pays fracturé par des années de dictature où l’amitié inébranlable de Conde pour ses proches illumine le récit malgré l’inquiétude de cette génération au pouvoir d’achat de plus en plus incertain.
La transparence du temps est le deuxième roman que je lis de Léonardo Padura. J’avais beaucoup apprécié L’homme qui aimait les chiens, livre qui traitait de la mort de Trotski et j’ai été à nouveau conquise.
Mario Conde, ex-flic, actuellement acheteur de vieux livres pour les revendre ensuite afin de subsister, vit à La Havane et voit avec une grande appréhension approcher la soixantaine. De nombreuses questions le taraudent : « Sur le point d’avoir soixante ans, qu’avait-il ? Que lèguerait-il ? Rien de rien et qu’est-ce qui l’attendait ? »
Il est donc dans un grand désarroi quand un coup de fil interrompt son état de tristesse et de mélancolie. C’est Bobby, de son vrai nom Roberto Roque Rosell, ancien camarade de lycée et d’université qui est au bout du fil et lui demande au nom de leur ancienne amitié de l’aider.
Conde, en ouvrant la porte à son ancien collègue venu lui expliquer de vive voix, est pour le moins surpris par le nouveau look de cet homme perdu de vue depuis de nombreuses années : «… un être androgyne, les cheveux teints en blond cendré, une boucle dans le lobe de l’oreille gauche, les sourcils redessinés… »
Bobby lui avoue qu’il est homo. Il lui explique qu’il est tombé amoureux de Raydel, l’a installé chez lui, a vécu deux ans avec lui. Mais, voilà, pour le commerce d’achat et de vente d’objets précieux, œuvres d’art, bijoux… dont il vit, il a dû s’absenter pour aller à Miami régler une affaire. Lorsqu’il est rentré, son amant avait disparu ainsi que tous ses biens, bijoux, télé, matelas et surtout… une statue de la Vierge noire de Regla qu’il tenait de son arrière-grand-père, statue détentrice de pouvoirs spéciaux.
S’il n’a pas porté plainte et fait confiance à son ancien ami pour retrouver sa vierge, c’est parce qu’il est toujours amoureux, et qu’il compte sur son ami pour la retrouver, moyennant rétribution. Conde, flatté peut-être par la confiance que lui témoigne Bobby et surtout attiré par la somme assez conséquente qu’il lui propose et qui lui permettrait de sortir pour quelque temps de l’indigence, accepte.
Marco Conde, entouré de sa femme Tamara, de ses amis fidèles et de son inséparable chien Bassara II, va, pour retrouver cette statue, devoir faire connaissance avec des négociants d’art et les rencontrer, certains ayant pignon sur rue et d’autres pas du tout déclarés.
Au moyen de cette enquête policière, Leonardo Padura nous fait vivre une vraie saga historique et nous plonge dans cette vie torride de La Havane où se côtoient des habitants survivant dans une extrême pauvreté, dans des quartiers vraiment insalubres et les fameux « gagnants » de l’ouverture cubaine que sont les marchands d’art.
Par la qualité et la richesse de son écriture, l’auteur réussit à nous faire humer les plus belles senteurs, partager les meilleures saveurs et ressentir la puanteur de ces rues de bidonvilles.
Par l’intermédiaire de cette vierge noire qui a traversé l’histoire, il réussit même à nous faire revivre le siège de la ville chrétienne la plus riche et la plus convoitée de la terre qu’était Saint-Jean d’Acre.
J’ai vraiment été subjuguée par la façon dont Leonardo Padura réussit à mener cette enquête de manière aussi brillante avec un suspense maintenu de bout en bout, au cœur de cette Havane si colorée, si odorante, si riche et si pauvre.
Si la mélancolie est omniprésente, elle est tempérée par beaucoup d’humour et l’amour, l’amitié et l’entraide sont rendus avec une grande justesse. La lecture de ce roman m’a remis en mémoire Quand nous étions révolutionnaires de Roberto Ampuero, un auteur qui abordait également le désenchantement politique.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Métailié qui m’ont permis de lire ce roman qui m’a à la fois tenue en haleine et fait découvrir la grande histoire cubaine et l’Histoire en général : une grande fresque littéraire. La très belle couverture contribue, à mon avis, à renforcer l’atmosphère de La transparence du temps.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Quels sont les pouvoirs de cette vierge noire qui a traversé les guerres saintes du Proche Orient, l’inquisition en Roussillon et les guerres civiles en Espagne et qui, depuis l’époque des templiers jusqu’à nos jours, a voyagé de Jérusalem à La Havane ?
Sur les traces de la petite statue, ce roman nous plonge dans le milieu du recel et du trafic d’objets d’art cubain, tout en nous faisant remonter, par petites touches, de l’époque des révolutions libertaires espagnoles aux grandes croisades du christianisme.
Mario Conde, ancien flic reconverti en acheteur de livres rares, passant difficilement le cap de la soixantaine, enquête dans les bas fonds d’une ville où les flics finissent à la rue, les délinquants deviennent prédicateurs et où la vie oscille entre « les mauvais jours et les jours pires ».
Alors que Cuba se relève péniblement du jouc communiste en 2014, la vierge noire vient, émergeant des hauteurs d’un petit village de montagne catalan, lui rappeler les espoirs et les combats qui ont fait couler tant de sang, « au nom de Dieu, d’un prince ou d’une idée ».
Un polar historique et sociétal qui, en suivant le fil d’une enquête riche et passionnante, témoigne des nombreuses illusions et combats vains de l’Histoire.
La très belle écriture de Leonardo Padura, dans un style littéraire, philosophique et drôle à la fois, nous immerge dans la vie de cette île des Antilles où les personnages désabusés mais lumineux, nous émeuvent par leur superbe sens de l’amitié et leur capacité à résister à la fatalité.
Un roman hors du commun, à lire absolument !
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