"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Silvère, 10 ans, vit une enfance simple et heureuse au coeur de la forêt épaisse dans la propriété solognote de la Rougellerie à Chaumont-sur-Tharonne, entre sa chère mère Lucienne, sa soeur Micheline qu'il adore et leur père Edgar, garde-chasse épris de ses bois. L'arrivée d'un nouvel ouvrier forestier, Tino, va bouleverser la petite vie de la communauté. Très vite, Silvère et Tino vont se lier d'une amitié profonde, due à la découverte de quelqu'un de différent pour le jeune garçon, et à la solitude pesante du jeune homme. Mais lorsqu'un jour, par hasard, Silvère s'aperçoit que Tino et Micheline sont amants, la belle amitié se mue en haine farouche. S'ensuivent alors une jalousie féroce et un désir de vengeance irrépressible, d'autant plus que Tino cache un secret. Qui est la superbe femme en noir qui rode la nuit à la Rougellerie ? Qu'est écrit dans le journal italien que Tino lit et relit sans relâche ? Comment se débarrasser de la jolie et provocante Lisette quand la raison commande de faire machine arrière ? Comment tout cela va-t-il se terminer ? Mal, bien sûr. Mais pour qui ? Et par qui ? Roman du terroir, histoire d'amour et d'amitié, suspens, comédie dramatique, cette histoire ordinaire et extraordinaire est illustrée de photos de la Rougellerie et des personnages pris dans les mailles du filet de la vie, tout simplement.
La table d’ardoise, d’Yves Portier-Réthoré, est un roman initiatique et de terroir.
Silvère porte bien son prénom, puisque natif de la Sologne, région boisée qui berce douillettement son enfance. En cette année 1959, il a dix ans d’existence heureuse au milieu du domaine de la Rougellerie à Chaumont-sur-Tharonne. Existence baignée par la nature et ponctuée par le rythme des saisons. Le domaine du château, vaste cour de récréation, représente une aire magnifique de liberté, mais parfois également, une prison dorée car coupé du monde. Il habite les communs, papa Edgar est régisseur du domaine, maman Lucienne gère le foyer, et Micheline, sa bien-aimée sœur, travaille comme domestique au château pour Madame et Monsieur, avec une camarade, une autre Micheline.
Ce sont les premiers jours d’été, comme tout enfant de son âge, Silvère joue aux petites voitures ou dessine, installé à la table d’ardoise devant la demeure. En grandissant, il devient plus audacieux et curieux. Il aime, lorsque les parents sont endormis, sortir par la fenêtre pour des balades nocturnes teintées d’onirisme : « L’écureuil lui montre le chemin, de branche en branche, et il monte aussi agile que la petite boule rousse devant lui …. », « Si haut ! La bestiole s’arrête, s’assoit et sourit à Silvère. Mais oui, elle lui sourit tout naturellement, Silvère n’en est même pas étonné… », « Une cohorte de bêtes se pressent sur les branches alentour. Des lapins et lapines, des faisans avec leurs petits, des merles bavards, des geais superbes, et même un chevreuil au pelage blond et soyeux font la causette sous une lune complice et bienveillante. Des bruits de pas se font entendre au pied de l’arbre. Ce sont ses copains d’école, suivi du maître, de ses parents, de sa sœur, qui lui font un signe d’amitié et continuent leur chemin. Une chouette vient lui raconter les potins de son petit monde, tandis qu’une pipistrelle vient frôler son oreille et va se suspendre en face de lui. »
Ce petit monde merveilleux s’anime autour de lui, mais malgré tout a la couleur de la monotonie, à force de les voir tous les jours choses et gens deviennent des objets communs. Or, en ce mois de juin, son père lui apprend la venue de Tino pour aider l’équipe d’entretien du domaine. Un jeune homme, venu d’Italie, qui bien vite fait l’unanimité et Silvère ne tarde pas à se prendre d’amitié et le suit dans ses travaux. On lui a aménagé un local d’habitation vétuste dans une dépendance. Pour briser sa solitude, les parents de Silvère invitent Tino à venir voir la télévision, le soir après la journée de labeur, avec les deux Micheline. Cela permet aux deux jeunes femmes, pas trop téméraires, d’être raccompagnées par le jeune italien puisqu’elles dorment sur leur lieu de travail au château. Et ce qui devait arriver arriva, la Micheline sœur tombe amoureuse du beau Tino et la réciproque est vraie, le jeune homme s’amourache, également, de la sémillante sœur. Cela déplait fortement à Silvère, qui ébauche un plan pour faire capoter cette idylle. Il se sent floué et dans son esprit d’enfant ne discerne pas trop les limites entre amitié et amour, mais il n’est pas au courant des conséquences que son plan pourra entrainer.
Bien que Silvère dans ce récit ait dix ans de plus que moi, j’ai retrouvé dans ce livre une part de mon enfance. Une sœur ainée aimée, comme un modèle, qui aiguise votre imagination et vous pousse à l’épier (ils ont dix ans de différence), l’arrivée de la télévision qui bouleverse le rythme de la soirée (je me rappelle les soirs ou mes parents invitaient les voisins pour regarder la pièce de théâtre ou La Piste aux Etoiles). « La table d’ardoise » est un ouvrage rafraichissant, le petit Silvère nous touche par ses questionnements, son besoin d’empathie et ses efforts qui seront bien mal récompensés. Une belle plume, également, au service d’élégantes descriptions de la nature. L’iconographie qui jalonne ce récit provenant de divers fonds présente les différents personnages et lui confère plus de force.
Belle lecture, merci à Corsaire Editions et à sa collection Regain de Lecture.
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