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« Le sang, c'est la dernière citadelle des femmes : celle qui témoigne encore de leur grand pouvoir sur la vie. L'homme s'est depuis si longtemps absenté de son propre corps qu'il ne sait plus compter le temps qu'en regardant une horloge pointeuse. Si la femme a pu résister, c'est qu'elle reste par son corps actrice des rythmes humains : les règles, la fertilité, la maternité. Son fameux « mystère » passe par le sang. Le sang. Témoin gênant qu'on occulte et dont on parle sans le nommer. Il n'est pas fortuit que, parmi les toutes dernières recherches sur la contraception hormonale, certaines se soient orientées vers la suppression pure et simple des règles : ainsi disparaîtrait cette ultime preuve de notre humanité. Les machines s'incarneraient enfin. Que pensent les femmes et les hommes de cette ascension de l'effacement du sang ? Avons-nous repoussé des choix fondamentaux ? La contraception par pilule et stérilet est-elle un affranchissement pour le corps, ou, au contraire, une domestication ? Le désir de la femme, « libéré », n'est-il pas de plus en plus dépendant de critères masculins ? La reproduction humaine, plus que jamais, une affaire de productivité et de programmation ? Ces questions peuvent heurter. Mais quelle femme, quel homme, peuvent encore faire semblant de les ignorer ? »
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