"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris, 1947. Espérant guérir sa fille amourachée de son prince charmant, Hilma a envoyé Signe à Paris pour trois mois. Le résultat de ce séjour est exactement l'inverse des espoirs de la mère : il donne le coup d'envoi à la carrière de dessinatrice de mode de Signe en faisant d'elle l'ambassadrice du new look en Suède, et aboutit à un tempétueux mariage d'amour avec Lars-Ivar, l'homme de sa vie. Signe a gagné, elle s'est affranchie du joug maternel. Mais voilà qu'aussitôt les problèmes commencent. La vie conjugale devient vite un enfer : insomnies, crises d'angoisse qui s'amplifient avec la première maternité. Dysfonctionnement hormonal ? On l'opère de la thyroïde. Durant la longue convalescence, Lars-Ivar, père admirable, assure l'intérim. Mais les angoisses continuent, se précisent : des angoisses de mort. Hystérie que tout cela ! Non, infection gynécologique grave, longue convalescence à nouveau. Cependant le refuge dans la maladie n'a qu'un temps. Signe rentre au foyer. La vie continue avec une seconde grossesse. Signe étouffe dans le moule familial. Elle a des insomnies, des crises de larmes, fait des scènes, fugue pour s'isoler. Pourtant, sa vie professionnelle est aussi florissante que sa vie intime est chaotique. Dessiner est pour elle un havre de bonheur et un antidote à l'angoisse. Son talent et ses idées novatrices lui assurent des commandes régulières des plus grands magazines de mode suédois, qui l'envoient chaque hiver à Paris dessiner les collections des grands couturiers français. C'est elle qui fait bouillir la marmite, Lars-Ivar, artiste encore en attente de reconnaissance, qui s'occupe des enfants. Même au sein du petit clan d'artistes où ils vivent à présent, cela n'est pas bien vu. La remuante, l'impossible Signe n'a-t-elle pas tout pour être heureuse ? Réussite professionnelle, mari modèle, beaux enfants, vie sexuelle épanouie ; personne ne prend au sérieux son profond mal-être, n'en comprend les racines. Mais il est devenu intolérable. Alors elle prend sa décision : il faut conjurer le mal par le mal. Elle va transgresser le tabou des tabous, commettre un « geste vaudou », elle va tromper Lars-Ivar. Tout irait très bien si elle pouvait tenir sa langue ; mais quand Lars-Ivar la trompe une nuit d'été et le lui avoue, elle se croit la même sincérité permise. Erreur fatale ! Un homme commet une incartade sans conséquence ; une femme, elle, dans la même situation, est « une putain ».
Toujours rongée par l'angoisse malgré un début de cure psychanalytique, acculée par la solitude de la culpabilisation, Signe commet à Paris un véritable adultère, par amour cette fois. Il est sans lendemain, mais l'enfant qu'elle attend n'est peut-être plus du même père. Elle est persuadée que cette fois le châtiment ultime s'apprête à la frapper, irrémédiablement, elle, la pécheresse : la mort. Elle va mourir en couches. Mais non ! C'est tout le contraire, comme si, en mettant au monde cet enfant-là, elle était née à elle-même. Depuis longtemps elle tournait autour de l'écriture, dont l'avaient dissuadée les bonnes âmes complices du statu quo conjugal. Au lendemain de l'accouchement, elle écrit son « journal de maternité » ; il est publié avec grand succès dans la presse féminine. Désormais elle se met à écrire tout court. Pour Lars-Ivar, c'est la dernière des trahisons. C'en est fini de ce qu'ils avaient encore en commun, le dessin, elle n'a plus besoin de lui. Et c'est pour la prétendue meilleure amie et confidente de Signe que Lars-Ivar la quittera sans retour.
Dans ce troisième tome de l'histoire de Signe, à travers des angoisses mortelles, dans la rébellion mais avec une détermination irréductible, c'est l'écrivain qui sort de sa chrysalide, une femme qui accède enfin à l'expression entière d'elle-même. Un récit dramatique mais jamais sans humour, à la narration sans cesse variée par une écriture riche, un monologue fantasque, des situations (à Paris, en Suède) parfois cocasses, toujours pleines de vie.
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