"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mon seul recours, mon seul secours. Maîtrisant médiocrement les arts sociaux, voire inapte à la plupart, j'ai toujours perçu la parole comme l'unique alliée dont je pouvais disposer. De sorte qu'une fois compris ces manques et cette chance, je n'ai pas cessé de réfléchir sur elle, sa puissance, la preuve d'existence qu'elle procure, le pouvoir qu'elle donne, ses ambiguïtés aussi. Ce superbe et dangereux outil humain. Je l'ai toujours vécue comme une tension entre le rêve de sa plénitude et la réalité, trop souvent, sinon de son infirmité du moins de ses limites. Ce livre a tenté de la suivre à la trace dans tous les registres où j'en ai usé. À la cour d'assises, dans ma vie professionnelle, dans l'univers extra judiciaire, colloques, interventions, prestations médiatiques, dans ma passion de former les autres à cet outil humain fondamental, à mon perfectionnement. Avec l'émotion de deviner en soi un capital hérité d'un père discuté et trop peu connu. Avec le sentiment que tout mon être est articulé sur ce splendide moyen de communiquer avec autrui et que sans lui on ne serait plus rien ni personne. La parole parce qu'on n'a qu'elle. P. B. Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'assises de Paris. Auteur de nombreux ouvrages, très présent dans le débat public, il tient le blog Justice au singulier.
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