Découvrez les 15 albums retenus par le jury présidé par Cy !
Jolie chronique ! Que vais-je pouvoir ajouter, alors que je viens de le terminer et de le savourer ? :- )
Isaïe et Marcellin, deux frères, vivent depuis toujours dans leur bergerie familiale au sein de la montagne. Tout semble pourtant les opposer. Isaïe, marqué par un grave accident d'alpinisme lui ayant laissé des séquelles, vit pour s'occuper de ses moutons. À l'opposé, Marcellin rêve de quitter la monotonie de ce quotidien pour rejoindre la ville et ouvrir son magasin. Un jour, un avion s'écrase au sommet de la montagne. On raconte qu'il abrite de l'or. Prêt à tout pour arriver à ses fins, Marcellin propose à Isaïe une dangereuse expédition à la recherche de l'épave, quitte à mettre en péril leur relation fraternelle.
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A partir d’un drame bien réel, celui du "Malabar Princess" de la compagnie Air India en 1950, qui s'est écrasé sur le Mont-Blanc en faisant 48 morts. L’avion aurait contenu des lingots d’or...
L’histoire :
Dans un hameau de montagne, deux frères que tout oppose.
Isaïe, l’ainé est gentil, sincère. Un amoureux de la montagne, des animaux, de la vie simple qu’il mène avec ses brebis.
Marcellin est vénal, égoïste et ne souhaite que regagner la ville, où il pourrait tenir un commerce à condition de vendre leur maison…
Isaïe a quasiment élevé Marcellin à la mort de leurs parents et l’aime profondément. C’est son petit frère mais c’est aussi son fils...
On comprend vite aussi qu’Isaïe, ancien guide, se débat contre de mauvais souvenirs, un accident d’alpinisme, qui lui a laissé quelques séquelles…
Marcellin va se livrer à un chantage pour persuader Isaïe d’entreprendre l’ascension, rejoindre l’avion et trouver ses trésors.
Isaïe n’est jamais remonté depuis son accident, il a peur mais cède à son frère.
Les conditions sont épouvantables, c’est éprouvant, intense, la montagne ne fait pas de cadeaux.
Pourtant au fur et à mesure qu’ils montent, Isaïe retrouve son expérience, sa solidité, son esprit solide.
Même Marcellin le remarque : « Qu’est-ce qui t’arrive, Isaïe ? Je ne te reconnais plus depuis le début de l’ascension.
C’est comme si le souffle de l’air pur avait lavé l’intérieur de ta tête. »
Sauf, qu’arrivés près de l’avion, rien ne va se dérouler comme prévu.
Les happy end, ce n’est pas le genre d’Henri Troyat…
Sublime graphisme : classique, très travaillé sur les visages, les expressions, les couleurs et les paysages. Chaque planche est un petit bijou.
Le dessin apporte une densité supplémentaire au récit d’Henri Troyat qui était déjà bien prenant.
Un huit clos tragique en pleine nature dont la conclusion sera à l’image de la montagne : sauvage, puissante, glaciale et terrible.
Merci à Lecteurs.com et aux éditions Rue de Sèvres pour cette découverte passionnante.
https://commelaplume.blogspot.com/
Un album noir : la démence face à la cupidité
Ce récit fort est l’adaptation d’un roman d’Henri Troyat. Une histoire vraie, l’accident d’un avion indien en 1950 dans le massif du Mont Blanc, sert de toile de fond pour aborder les relations de deux frères. Dettes symboliques et poids de l’heritage les traversent. Deux frères, deux generations differentes, deux visions de la vie differentes. Les tensions sont là, prisent en étau dans ces montagnes si majestueuses et dangereuses.
Dominique Monfery nous livre donc sa propre version du roman et permet aux lecteurs d’entrer facilement dans cette histoire fraternelle. Il deploit tout du long de l’album de très belles planches du milieu montagnard et une belle maitrise des couleurs. On regrettera que parfois les expressions de visages paraissent moins abouties.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Merci à Lecteurs.com et aux Editions Rue de Sèvres pour l’envoi.
Une bonne surprise. Sans la sélection pour le prix Orange de la bd je n'aurais clairement pas lu cette bd qui me semblait trop classique à mon goût. Le visuel de la couverture, associé au nom de Troyat : cela ne m'attirait pas du tout. J'ai finalement passé un très bon moment de lecture. Isaïe et Marcellin vivent à l'écart d'un village dans les Alpes. L'aîné a élevé le plus jeune, après la mort des deux parents. Isaïe a été un grand grimpeur de la montagne, mais depuis un accident il perd la tête et passe pour le simplet du village. Sa vie dans la ferme familiale, à s'occuper des chèvres lui va bien. Ce n'est pas le cas de Marcellin qui ne rêve que de fortune et d'ailleurs. En tentant de retrouver une carcasse d'avion dans la montagne ils vont faire face à leurs vices et défauts.
Une fable cruelle mise en images de manière classique, qui brille surtout par l'écriture du récit.
Depuis toujours, Isaïe vit avec son frère Marcellin dans la maison de famille. Marcellin n’en peut plus de cette existence rustique et montagnarde. “À l’écart de tous, enlisés dans notre boue, avec notre lampe à pétrole et nos moutons.”
Surtout que depuis son accident, Isaïe n’a plus toute sa tête. En témoignent ses pensées, fragiles et inquiètes, dans des bulles bleutées aux contours flous.
Pour se rassurer, il relit son journal. “Ça m’évite de perdre le passé.” Inlassablement, il retrace son parcours : la mort de son père, la mort de sa mère, les souvenirs d’enfance de Marcellin, sa carrière de guide de montagne, sa chute.
Lorsqu’un avion de ligne s’écrase sur un sommet non loin du village, les deux frères envisagent l’ascension, pour des raisons bien différentes et malgré les tensions de leur relation et les égarements de l’aîné, dont les trous de mémoire sont pires que des crevasses.
Là-haut, les couleurs s’effacent aussi vite que les souvenirs, pour laisser place à la montagne, éclatante et impitoyable, et à ses drames.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Pour son premier album, Dominique Monféry, plus connu pour sa carrière dans l'animation, réalise un album très maîtrisé. Son dessin et ses mises en pages sont impeccables, avec notamment de superbes planches mettant en valeur la montagne qui est au centre de ce récit. La mise en couleur est également très réussie, mais le choix d'une dominante sépia donne un aspect un peu "vieillot" à l'ensemble… et si l'histoire contée par Henri Troyat fonctionne encore très bien, elle a malgré tout un côté un peu daté, renforcé par ces ambiances. Sans avoir de réel reproche à faire à l'album que ce soit sur le fond ou sur la forme, j'avoue ne pas avoir été totalement emballé, tout ça restant un peu trop classique à mon goût.
https://www.instagram.com/p/C5WHGTnts9d/
J'aime bien les histoires qui se passent en montagne, il y a toujours un côté oppressant. Ici la relation entre les deux frères est assez fascinante, et sans spoiler, la fin est saisissante. Je ne suis personnellement pas fan du style graphique, mais je dois admettre que certains paysages sont impressionnants.
« titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024 »
Je n'ai pas eu l'occasion de lire le roman éponyme d'Henri Troyat. Aussi, j'ai découvert son adaptation en bande dessinée. C'est L'histoire de deux frères dont le lien s'apparente à celui qui unit un père à son fils. Un fossé générationnel en apparence. Isaie porte sur le bois de ses épaules le poids du deuil, la charge de son frère, sous le regard inquisiteur de la montagne. Lorsqu'un avion vient s'écraser, toute une mécanique se met en branle et oppose aux deux frères un défi, aux motivations antagonistes. Une réconciliation avec l'abime qui l'a tant fait souffrir pour l'un et pour l'autre une leçon fatale. Les désirs d'évasion se confrontent durement.
Ce récit est plus que prenant, et m'a particulièrement touché. ll y a une dimension personnelle avec Isaie, en osmose avec son milieu et ses démons, qui tranche avec Marcellin, individu terne, égotiste mais marqué par un désir de changement. Les deux frères se cherchent mais un seul parvient à se trouver réellement au travers des épreuves et de l'altruisme. Le dessin est sublime et restitue son éclat glacé à la montagne : sa beauté mortelle, cette relation si particulière qu'elle entretient avec les passionnés et ce respect mutuel.
"La neige en deuil" est une quête initiatique, magnifiquement mise en scène par Dominique Monfery.
Le parallèle est un peu audacieux et éloigné, mais ce récit me fait un peu penser à une forme de réécriture moderne de l'histoire de Abel et Caïn, à ceci près que le plus jeune des frères est celui qui agit par inconséquence, et refoule une jalousie contre son frère aîné, qui s'est sacrifié. Le juge de paix est la montagne car elle punit la cupidité. La nature a le dernier mot comme un retour aux sources.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Rue de Sèvres pour cet envoi. »
Jolie chronique ! Que vais-je pouvoir ajouter, alors que je viens de le terminer et de le savourer ? :- )
Cet album est une adaptation du roman éponyme qu’Henri Troyat écrivit en 1952, s’inspirant de l’authentique accident d’un avion de ligne indien le «Malabar Princess » qui se crasha dans les Alpes en 1950.
Dans sa version, Dominique Monféry magnifie la puissance de la montagne et lui oppose la cupidité et la folie des hommes.
Isaïe et Marcellin sont deux frères qui vivent isolés dans la vieille ferme de leurs ancêtres. Marcellin de vingt ans le cadet a des envies d’ailleurs, il veut aller vivre à la ville, acheter un magasin et s’enrichir, comme il voit tant d’autres le faire. La vie avec les brebis qui suffit à Isaïe ne lui convient pas. Il veut entreprendre alors qu’Isaïe, après un grave accident d’alpinisme qui lui a laissé des séquelles, se replie sur lui-même et est considéré comme l’idiot du village. Quand la nouvelle qu’un avion indien, avec un supposé trésor en or à bord, s’est écrasé en pleine montagne et que l’équipe de sauveteurs rebrousse chemin suite à la mort de son guide, Marcellin voit là l’opportunité de réaliser tous ces rêves. A force d’insistance, il convainc Isaïe de le guider jusqu’à l’avion et sa précieuse cargaison. Après une course difficile dans la montagne hostile, une surprise ,qui va violemment les opposer, les attend dans la carcasse de l’avion.
Ce récit met en scène, entre autre, le conflit de génération qui oppose les deux frères. Le jeune, cupide et fougueux, résolument tourné vers l’avenir et le plus âgé qui vit tourné vers le passé. C’est aussi l’histoire d’un impossible sauvetage qui bascule dans une démence meurtrière.
Les dessins de Dominique Monféry, aux traits extrêmement fins, sont magnifiques et traduisent parfaitement bien tous les sentiments qui animent les deux frères. Les paysages de montagne sont exceptionnels et appuient à merveille le récit d’Henri Troyat.
On quitte cet album bouleversé par la noirceur des évènements que rien ne laissait prévoir au départ mais qui se précipitent pour nous mener irrémédiablement vers le drame.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Rue de Sèvres pour cet envoi. »
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