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Essai sur une fiction que la littérature, le cinéma, les arts plastiques ont donnée du temps, La Montre cassée se propose d'analyser une scène-clef peu remarquée jusqu'alors. Dans les arts qui en procèdent, en effet, le cours du temps souvent s'arrête, l'objet qui l'indique se dérègle. La scène de la montre cassée incarnerait ce paradoxe. Partant de cette intuition, l'auteur parcourt les époques et les lieux pour en observer la récurrence. Comme ces fleurs japonaises qui, plongées dans l'eau, ouvrent tout un monde, le déploiement du motif, des poètes baroques à Kôbô Abé, en passant par Orson Welles ou les manuels savants d'horlogerie, révèle alors beaucoup plus qu'un simple dysfonctionnement : tache aveugle, la scène de la montre cassée autorise la formulation de propositions neuves sur notre rapport à la temporalité. Tout en créant la surprise de ces récits multiples pour la première fois rapprochés et du croisement des arts autour d'un même objet, La Montre cassée raconte aussi l'histoire récente, aux résonances intimes et collectives, des dérèglements du temps. En quatre parties et soixante séquences qui rejouent le tour du cadran, le dispositif du livre rejoint son sujet pour nous conduire du temps des histoires au temps des horloges, du temps subjectif à l'arrêt de tout temps.
Réflexion théorique et esthétique, cet essai emprunte aussi aux principes de l'anthologie, de l'archive, de la collection, à ces figures de la multiplicité et de la totalisation qui traversent la modernité littéraire.
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