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La vie d'un bistrot à l'ancienne, authentique, lieu de rencontre et de mixité sociale, comme en en fait plus beaucoup...
Au Café du coin, Jeannine fume la pipe en discutant avec ses copains du quartier. Réputée pour son franc-parler, cette arrière-grand-mère de caractère, appelée "la Mère Lapipe', sait aussi écouter.
Les conversations évoquent ce quartier ouvrier qu'elle a vu changer. Les générations s'y retrouvent et on y croise une fabuleuse galerie de personnages. Sur le formica de son comptoir, on tchine au "petpet' entre étudiants, retraités, forains, brocanteurs et policiers, avec un fakir, un ministre et même avec le Père Noël !
La vie d'un bistrot, ce lieu rare de parole et d'écoute qui disparaît aujourd'hui. Un bistrot qui ferme, c'est un théâtre qui brûle.
Après avoir démissionné de la fonction publique et déchargé pendant des années des cageots de fruits et légumes, Jeanine a acquis en 1985 le Café du Coin, un bistrot d'un quartier ouvrier du Mans. Elle doit son surnom, la Mère Lapipe, à l'instrument qu'elle serre entre ses dents et dans lequel brûle du tabac.
À presque 78 ans, elle ouvre encore tous les jours, ou presque, pour accueillir les habitués, et parfois les petits nouveaux. Chez elle on vient boire un verre avec les copains en grillant une cigarette, et pour refaire le monde en paroles, en évitant de parler du travail.
Journaliste et photographe, nostalgique des bars d'antan, Pierrick Bourgault nous fait découvrir le petit monde du Café du Coin, sa patronne et ses clients, réguliers ou de passage. C'est certes un lieu où l'on vient boire et discuter etun lieu de convivialité spontanée, mais c'est surtout un petit coin oublié par la modernité où l'on vient se rencontrer en oubliant un peu le présent (au Café du Coin, Johnny n'est pas mort ; les affiches en témoignent !)
L'auteur en fait un récit attachant et plein d'humanité : il y a le lieu (le dernier bar où l'on peut encore fumer ailleurs qu'en terrasse ?), la truculence de la Mère Lapipe, et tous les clients qui apportent ici un bout d'eux-mêmes en espérant y trouver un répondant, un petit morceau des autres.
N'étant pas moi-même un grand amateur de bars, j'ai moins vibré dans cette lecture qu'à celle de Francis, l'artisan du bois, du même auteur. L'ouvrage reste cependant un bon témoignage sur une réalité et une époque qui sont en train de disparaître...
http://michelgiraud.fr/2020/06/26/la-mere-lapipe-dans-son-bistrot-pierrick-bourgault-ateliers-henry-dougier-retour-au-bistrot-du-coin/
Situé dans un quartier ouvrier du Mans, le Café du coin, l'autocollant « interdit aux cons » donne le ton dès la porte. le visage de Johnny placardé jusqu'au plafond et sous la statuette de la vierge Marie, Jeannine la frêle tenancière fumant la pipe. Elle s'assied volontiers sur les genoux des clients et quand il fait chaud, à 77 ans, il lui arrive encore de ne pas mettre de soutien-gorge. Une ambiance de folie douce et de liberté partagée par toutes les générations, un brassage de vies et d'itinéraires.
Le journaliste Pierrick Bourgault nous entraîne donc à la découverte d'un personnage atypique, Jeannine Brunet, alias la mère Lapipe, la propriétaire du Café du coin. Ses clients c'est elle qui les choisit. Ouvert uniquement en semaine à partir de 16 h 30, ce bar échappe à la notoriété publique, pour le trouver, il faut le mériter.
Pierrick Bourgault nous fait donc partager la vie de ce village gaulois, ses conversations de comptoir avec leur langage fleuri et imagé, la parole est libre, voire un peu leste. C'est plus qu'une clientèle, un groupe d'amis, une famille. À coup de « Pet Pet » un mousseux servi dans des coupes on partage ses inquiétudes face à la ruine industrielle et humaine, les métiers et la façon de travailler qui changent. Les nouvelles normes, la complexité administrative, les petits commerces qui disparaissent, lorsqu'un bistrot ferme, un groupe humain se disloque. La nostalgie de l'enfance, c'était mieux avant !
le Café du coin est un microcosme, où chacun raconte, non ses problèmes, mais ses solutions, un vrai bistrot ne colporte pas les ragots. Chez Lapipe, on sait quand on arrive, mais jamais quand on repart. Aucune soirée ne ressemble à une autre, chaque instant est une surprise, un cadeau de l'existence.
Mémoire vivante du quartier, Jeannine dépense la recette de la veille dans des jeux à gratter. Accro aux machines à sous, quand elle gagne elle rejoue jusqu'à ce qu'elle n'ait plus d'argent.
« Au café du coin, certains thèmes ne doivent pas être abordés. Jeannine apprécie peu que l'on parle du travail. Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? n'est pas une question taboue ni déplacée, mais la patronne rembarre volontiers celui qui étale son statut social. A hauteur de comptoir, tout le monde se retrouve au même niveau et occupe la même place, celle d'un tabouret. »
Un livre authentique, Pierrick Bourgault nous délivre quelques pastilles, quelques moments choisis, comme des photographies, tout sonne vrai et donne envie de pousser la porte du bistrot de la mère Lapipe.
Cette lecture m'a permis de connaître Les ateliers Henry Dougier, une maison d'édition pas comme les autres et leur incroyable collection « Une vie, une voix » des vies ordinaires, des récits réels, des histoires qui sont les nôtres, notre patrimoine. A découvrir d'urgence.
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