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La lumière est plus ancienne que l'amour

Couverture du livre « La lumière est plus ancienne que l'amour » de Ricardo Menendez Salmon aux éditions Jacqueline Chambon
Résumé:

Un lundi de 1348, alors que l'Europe sort de la peste noire, le futur pape Grégoire XI vient exiger du peintre toscan Adriano de Robertis qu'il détruise sa dernière oeuvre, la blasphématoire Vierge barbue. Le 25 février 1970, le peintre américain Mark Rothko se tranche les veines dans son... Voir plus

Un lundi de 1348, alors que l'Europe sort de la peste noire, le futur pape Grégoire XI vient exiger du peintre toscan Adriano de Robertis qu'il détruise sa dernière oeuvre, la blasphématoire Vierge barbue. Le 25 février 1970, le peintre américain Mark Rothko se tranche les veines dans son atelier de New York. Et le 11 septembre 2001, alors que se profile une crise mondiale, le peintre russe Vsévolod Semiasin écrit une lettre dans laquelle il révèle les raisons de son geste fou : manger la toile qu'il vient d'achever.
L'histoire de ces trois maîtres, dont la base est l'énigme de cette Vierge barbue, pose une question essentielle : celle du pouvoir de l'art. Chacun de ces récits consacrés à un peintre résonne avec trois moments cruciaux de la vie du narrateur, Bocanegra. Ainsi, l'impossibilité devant laquelle se trouve Adriano de Robertis de décrire l'horreur de la peste n'est pas sans lien avec le renoncement du jeune Bocanegra à décrire la réalité. De même, le suicide de Rothko qui se heurte à l'impuissance de l'art renvoie à Bocanegra, incapable d'écrire pendant l'agonie de sa femme. Il existe enfin un vrai parallélisme entre le discours de l'écrivain recevant le prix Nobel et la lettre testamentaire du peintre Semiasin, devenu fou.
Dans la lignée des Onze de Michon et d'auteurs comme Félix de Azua ou Vila-Matas, proche par sa thématique du Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac, La Lumière est plus vieille que l'amour - traduction de la formule latine (Lux antiquior amore) que le peintre Adriano de Robertis inscrit dans l'angle de La Vierge barbue - dépasse le roman et fonctionne comme une oeuvre d'art toujours plus riche que les interprétations qu'on peut en faire. Ses fulgurances intellectuelles, romanesques ou confidentielles en font un bonheur de lecture.
Grâce à la subtilité de la construction des récits, les questionnements et les moments d'intimité s'emboîtent, fonctionnent ensemble pour former ce moderne avatar du roman, sorte de méta-roman qui représente ce qui se fait de plus novateur en ce moment en littérature.

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