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Ni libertin, ni censeur, Crébillon fils est d'abord un ironiste : il raille la bonne société du règne de Louis XV comme il se joue des formes littéraires, et les pastiche. Il expérimente les genres romanesques comme essaie les discours galants et amoureux, comme il hésite entre l'amour-goût et l'amour-passion. Alors même qu'il fait chatoyer l'esprit mondain tel qu'il règne dans la " vraiment bonne compagnie " des salons aristocratiques, Crébillon n'est pas à lire au pied de la lettre, encore moins lorsqu'il moralise ou au contraire quand il affirme hautement un hédonisme teinté de cynisme. Pour comprendre ses paradoxes et ses ambiguïtés, sans doute faut-il y voir la preuve d'un désengagement, d'une prise de distance renouvelée, et d'une constante et exigente heuristique. Ce recul procède de l'ironie. Or, dans l'énoncé ironique, deux voix se mêlent et pourtant se contredisent, produisant une polyphonie. A cette polyphonie ironique s'apparente structurellement le dialogue qui envahit tout récit crébillonien et toujours le domine. Ainsi, dans l'oeuvre comme dans la phrase crébilloniennes, les vérités se confrontent-elles pour ne pas se fixer. Si l'art triomphe pourtant, c'est en échappant à ses propres règles, prolongeant par son essor l'émancipation de la pensée.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 1 jour
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 4 jours
Dernière réaction par RC de la Cluzze il y a 6 jours
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