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La guerre n'a pas un visage de femme ?
Cela n'a pas empêché des femmes soviétiques, des gamines pour beaucoup, de s'enrôler dans l'armée pour combattre les nazis.
Infirmière, brancardière, résistante, soldate...Svetlana Alexievitch les écoute, des années après, raconter leur guerre.
Leur guerre en tant que combattante, mais aussi en tant que femme ou en tant que mère.
Pour beaucoup de ces femmes, combattre c'était défendre sa Patrie, Staline et ses proches. Une évidence et une nécessité. Peu importe les crimes commis par le régime soviétique.
La haine de l'envahisseur nazi domine. Puis vient le baptême du feu, celui qui vous transforme irrémédiablement, vous cheville l'horreur à l'âme. Qui parfois, révèle aussi un geste de compassion face à l'ennemi.
Les morts, les blessés et les blessures. La fatigue telle qu'on ne peut l'imaginer, le corps qui réussit à faire ce que jamais l'on n'aurait pu soupçonner de lui.
L'amour malgré tout, et l'espoir de vivre jusqu'à la victoire.
Et lorsque celle-ci vient la désillusion : les hommes sont célébrés, les femmes traitées de garces.
Et la guerre n'en finit jamais. Elle hante les nuits et bouleversent les vies des femmes qui ont voulu défendre un idéal et y ont perdu leur jeunesse.
Ce livre est comme tous ceux que j'ai pu lire de la Prix Nobel, absolument magnifique et poignant. En regroupant des témoignages, autant de facettes d'une réalité insaisissable, elle nous aide à comprendre, à entrapercevoir ce qu'a été cette guerre d'un point de vue si peu exploité.
"J'ai essayé de comprendre en quoi mourir est différent d'être tué, et où se trouve la frontière entre humain et non humain. J'ai découvert que la guerre ne se réduisait pas à la mort, qu'elle était constituée d'une multitude d'éléments, qu'on y trouvait tout ce qui compose l'ordinaire de la vie"... J'avais beaucoup aimé "la fin de l'homme rouge" de la même auteure. On retrouve ici le même principe, laisser la part belle aux interviewées, s'effacer devant la parole de ces infirmières, cantinières, pilotes, tireuses d'élite enrôlées à la fin de l'enfance dans la guerre la plus meurtrière du vingtième siècle. La guerre est souvent racontée par (et pour) les hommes, pour forger des héros et des légendes. "La guerre des femmes possède son propre langage" nous révèle Svetlana Alexeïevitch.
On lit beaucoup d'ouvrages sur le thème de la guerre, surtout la première ...
Ici, on nous raconte une guerre vécue par les femmes.
Leur rapport à la vie, leur rapport à la féminité, leur sensation de ne plus l'être, femme.
Dans les films, on nous peint de jolies infirmières toujours apprêtées et au brushing bien fait. Ici, on nous livre le discours de femmes devant se raser les cheveux, n'ayant pas de temps à perdre avec les soucis de choix vestimentaires et oubliant souvent, que chaque mois, elles sont confrontées à un phénomène naturel, qui n'est pas le bienvenu en temps de guerre.
Ce genre de témoignages laisse des traces.
Svetlana Alexievitch nous raconte avec vérité, horreur et tendresse, le portrait de femmes qui ont été obligé de vivre, et souvent très jeunes, l'une des pires expériences qu'aucune autre ne peut leur envier.
Le ton n'est jamais pathétique, mais les événements décrits restent pourtant tragiques.
Ce livre m'a informée sur un pan de la seconde guerre mondiale que je ne connaissais pas,à savoir le rôle très important des femmes Russes dans ce conflit.Les témoignages ,recueillis très longtemps après,ont permis à ces héroïnes méconnues de retrouver une place légitime dans l'Histoire.Un vrai choc!
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