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Dans le premier tome de La Grande Peste, Baldus et Alixe ont sillonné l'Italie du nord au sud pour échapper, l'un à la folie des hommes, l'autre à sa propre folie. Enfin réunis, leur périple va maintenant les mener à travers une France ravagée par la maladie et la guerre de Cent Ans.
La course folle de Baldus et Alixe pour briser la malédiction dont ils se croient affligés les mènera tour à tour dans les souterrains du palais des papes en Avignon, dans les quartiers populeux et prospères de Strasbourg, jusqu'à la ville d'Ardres, proche de Calais, où ils seront les spectateurs d'une bataille épique opposant l'armée du roi de France, Philippe de Valois, aux troupes du roi Édouard III d'Angleterre.
La Peste Noire, célèbre pandémie aux 25 millions de morts entre 1347 et 1352 n’a cessé d’être racontée dans de nombreux textes, œuvres d’art et ne termine jamais d’inspirer. En septembre 2021, Eric Stalner et Cédric Simon se sont eux aussi lancés dans le récit de l’épidémie à travers La grande Peste publiée aux éditions Les Arènes BD. Une cinquième bande dessinée issue de leur collaboration dans laquelle deux destins bien différents font fi des fatalités.
Italie, 1347. La Peste frappe le pays et le reste de l’Europe. Ses conséquences sont désastreuses et même les plus lettrés ne sont pas capables d’en définir la cause. Est-ce une punition de Dieu ? Le Jugement dernier ? La faute aux païens ? Baldus, membre de l’ordre des chevaliers Hospitaliers et Alixe, guérisseuse hors pair vont chacun quitter leur quotidien pour un voyage aux confins du mal et de la folie à la recherche d’un eldorado de paix.
Difficile de ne pas trouver un écho à notre monde moderne dans la dernière bande dessinée d’Eric Stalner et Cédric Simon. Toutes proportions gardées, elle rappelle la complexité de ces situations sanitaires, l’inquiétude face aux lendemains incertains, le besoin d’accuser, de juger et parfois de douter. Bien que l’obscurantisme catholique soit un apport historique que nous connaissons et vivons beaucoup moins aujourd’hui, il a toute sa place au cœur du XIVe siècle.
Alixe et Baldus, les deux personnages principaux, font revivre avec beaucoup de charme les heures sombres du Moyen-Age à travers leur périple et leur catégorie sociale qui fait d’eux des parias de la société, des symboles de l’oppression pour ce qu’ils sont. Puis il y a cette façon, assez politisée, de dénoncer la dangerosité des sectes –les flagellants– et l’ésotérisme poussé à ses extrêmes, ces victimes que la Peste épargne pour mieux mourir sous les coups des hommes.
D’un trait réaliste et précis, Eric Stalner et Cédric Simon illustrent la gravité de l’instant, l’effroi et la haine du peuple mais aussi cette course-poursuite vers l’inconnu tout en narrant la folie du monde et la force des croyances. Son intemporalité est omniprésente et il y a, dans l’association de ces deux personnages devenus nomades, un lien qui éclaire ce paysage ravagé par la mort. Après La Curée, Pot-Bouille (Les Arènes) ou L’oiseau rare (Bamboo), les deux compères signent une nouvelle fiction historique qui ne se lâche pas.
Je replonge avec délice dans l’incroyable saga historique entre guerre de cent ans et épidémie de peste, que nous proposent Eric Stalnet et Cédric Simon. Une bande dessinée superbe, esthétique et bouillonnante. Nous retrouvons le couple que forment Alixe et Baldus dans de nouvelles aventures mais avec le même objectif, la quête du Labyrinthe comme une fin en soi, d’ailleurs ce tome deux est une suite et fin. Persuadés de porter sur eux une malédiction, ils sont plus que jamais déterminés à la briser. Nous irons dans les souterrains du Palais des papes en Avignon, dans une abbaye glaciale et un brin fantastique. Ils seront pourchassés par l’infâme Roland de Nerville mais rien ne viendra à bout de la folie qui s’est emparée de Baldus.
Encore une fois, je suis restée en admiration devant les superbes planches, le graphisme, les couleurs, le mouvement qui s’en dégage, tout m’a impressionnée. J’ai beaucoup aimé le découpage des pages. Le choix des différents angles de vue, tantôt plongeants, ou encore avec des gros plans donnent un aperçu de la situation comme jamais. Toutes les scènes représentant les vielles pierres de l’abbaye sous la neige sont minutieuses et font apparaître les détails de l’architecture mais aussi l’isolement, le froid et les rudes conditions de vie des moines. La couleur « bleu glacier » donne tout son charme à l’hiver.
On retrouve les coupures faites de cartes géographiques qui font le point sur la situation de l’époque dans toute la France, l’Europe ou le monde. C’est bien documenté et on apprend plein de chose. Un duo de BD d’une belle facture qui m’a captivée pour passer un excellent moment de lecture. La peste a été une pandémie infernale et on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec ce que nous vivons avec la Covid dans une moindre mesure. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/09/30/39128975.html
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