Laurence Cossé, auteur, jurée du Prix Orange du Livre 2017
Il existe à travers le monde une légende presque universelle, selon laquelle on ne peut pas construire un monument si un être humain n'est pas sacrifié. Sinon, le bâtiment s'écroule, et s'écroule toutes les fois qu'on essaye de le remonter. Pour conjurer cette malédiction, il faut emmurer quelqu'un de vivant dans les fondations. On recense plus de sept cents versions de cette histoire. Celle de la Grande Arche de la Défense est la plus récente. Ce récit brosse l'épopée de la construction d'un des monuments les plus connus de Paris, dont on ignore qu'il fut l'enjeu de luttes politiques au couteau sous le règne de François Mitterrand. C'est surtout le portrait et l'histoire de son créateur, Johan Otto von Spreckelsen, un architecte danois très secret, professeur aux Beaux-Arts de Copenhague. Lauréat d'un prestigieux concours international en 1983, fêté pour son projet à son arrivée à Paris, cet homme du Nord découvre avec stupéfaction la désinvolture et les revirements à la française. L'affaire finit tragiquement pour lui, alors que se construit ce portique de marbre qui paraît la sérénité même. Dans ce roman puissant, Laurence Cossé conjugue l'art de la narration romanesque et la précision d'une longue enquête pour évoquer un destin d'architecte parmi les plus beaux et les plus paradoxaux, les plus absolus et les plus violents du XX? siècle.
Laurence Cossé, auteur, jurée du Prix Orange du Livre 2017
Vous aviez envie de les lire, pas encore eu le temps ? Allez, c'est le moment...
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Dans les coulisses du jury
La grande arche est un livre à lire absolument pour toute personne travaillant à la Défense. Il est si étonnant de découvrir l'histoire de ce monument moderne.
Le livre de Laurence Cossé est très bien écrit, clair et passionnant. L'écriture journalistico-romanesque de Laurence Cossé magnifie l'histoire folle de la construction de ce symbolique bâtiment, et de son architecte (oublié) Johann Otto von Spreckelsen (dit Spreck).
Il s'agit d'une histoire politique (et idéologique) : celle de la démnstration du pouvoir par le bâti ; d'une histoire artistique : la volonté de l'architecte, la réalité du solide et les liens au pratique ; et enfin d'une histoire humaine aux conséquences dramatiques : incompréhensions culturelles, passage d'idée à réalité, conflits du quotidien...
Une enquête digne d'un thriller est offerte au lecteur : il ne peut arrêter sa lecture sans connaître tous les tenants et aboutissants de cette aventure surhumaine.
Vous n'aurez qu'une envie en fermant ce livre : se rendre aux pieds de l'arche, et prendre le temps de la voir.
Mi-roman, mi reportage documentaire sur la construction de l'Arche de la Défense ...
Un lancement du concours d'architectes, concours d'idées d'où un inconnu, danois, Johan Otto von Spreckelsen, est ressorti vainqueur avec pour idée un cube évidé, des lignes pures, des matériaux nobles et lisses ...
Des difficultés techniques pour convertir l'idée en réalisation ...
Des renouvellements politiques, des affairistes, des clients défaillants qui œuvreront en sous-main pour saboter le projet ...
Une inauguration dans les délais, fastueuse pour le bicentenaire de la Révolution française ...
Un bâtiment qui résiste mal aux assauts du temps, de la pollution et qui, rénové, ne respectera plus les prescriptions de l'Architecte ...
Un roman-docu passionnant qui met bien en lumière un exemple de fait du prince !
A lire absolument !
D'aussi loin que je m'en souvienne, <a href="/livres/Cosse-La-Grande-Arche/810326" class="titre1">la Grande Arche</a> de la Défense a toujours dominé Paris. Je n'ai connu la perspective historique Louvre-Concorde-Arc de Triomphe que couronnée de cette arche de verre, tout au bout dans le lointain quartier d'affaires. Ce livre m'a donné l'occasion de plonger dans les dix années précédant ma naissance, ces dix années pendant lesquelles l'Arche est née de l'imagination d'un inconnu danois, a été l'objet de luttes politiques en tous sens, et a finalement fini par devenir une réalité, bien qu'assez lointaine de l'image que son concepteur avait présentée au concours de 1983. <a href="/livres/Cosse-La-Grande-Arche/810326" class="titre1">La Grande Arche</a> s'est terminée en 1989, au prix d'efforts immenses, d'affrontements sans merci et de beaucoup de persévérance de la part de ceux qui resteront toujours ses défenseurs.
Beaucoup d'histoires se mêlent dans ce roman foisonnant. L'histoire de Paris, transformée par les travaux successifs des différents présidents mais toujours souveraine dans son exigence de rester la plus belle. L'histoire d'un homme idéaliste et rêveur, perfectionniste et talentueux, qui a gagné l'un des plus grands concours de l'histoire de l'architecture européenne – une victoire improbable et formidable qui finira par lui brûler les ailes. L'histoire d'un mandat aussi, celui de François Mitterand, qui reprend le sujet de la « Tête-Défense » en prenant le pouvoir en 1981, mais qui se retrouve confronté aussi à la cohabitation quand <a href="/auteur/Jacques-Chirac/27308" class="libelle">Jacques Chirac</a> devient Premier ministre en 1986. C'est la Grande Histoire, imbriquée dans la plus petite histoire de tous ces hommes (et quelques femmes) qui ont rendu <a href="/livres/Cosse-La-Grande-Arche/810326" class="titre1">la Grande Arche</a> possible : Lion, Andreu, Subileau, témoins précieux au cours des pages des petits évènements ayant fait l'Histoire.
La construction de <a href="/livres/Cosse-La-Grande-Arche/810326" class="titre1">la Grande Arche</a>, c'est une épopée moderne, un parcours semé d'embûches où les protagonistes se démènent tant bien que mal pour arriver à destination, coûte que coûte. L'incompréhension est reine, et pourtant chacun reste porté par un seul et même objectif : donner vie au bâtiment idéal conçu par Spreckelsen. C'est admirable de lire comment ces hommes se sont dévoués à l'Arche, comment ils ont combattu tous les obstacles politiques, économiques, idéologiques et naturels qui se sont dressés sur leur chemin. Malgré l'incohérence de la vie politique française, ses rebondissements qui sont autant de retours en arrière, ils ont tenu bon, ils ont construit l'Arche. Aujourd'hui, elle est malheureusement bien loin d'être ce qu'ils avaient rêvé qu'elle soit…
Je ne connais rien à l'architecture – seulement les dessins que ma colocataire faisait sur son ordinateur à la fac. J'ai pourtant été emportée dans cette histoire, intriguée par le dénouement, par les différentes étapes. Impressionnée aussi de l'ampleur d'un tel chantier, du bordel ambiant et de la façon dont ils ont réussi à s'en sortir – dans la vraie vie, je suis consultante en assistance maitrise d'ouvrage pour des projets informatiques, certains aspects du récit m'étaient donc assez familiers.
C'est une superbe histoire à découvrir : elle remet en perspective le monde dans lequel nous vivons, elle nous questionne et nous instruit, elle nous raconte une des histoires les plus méconnues de la France contemporaine, et pourtant, quelle histoire !
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/07/la-grande-arche-de-laurence-cosse.html
Voici l'histoire d'un monument qui fait maintenant partie intégrante de Paris, un récit qui tient plus du document que du roman mais qui se dévore comme un roman passionnant.
A son arrivée au pouvoir en 1981, François Mitterrand reprend à son compte le projet du quartier de la Défense.
A l'automne 1982, le gouvernement lance un concours international Tête-Défense dans ce quartier de tours.
Tout est démesuré dans ce projet qui deviendra La grande Arche : 15 800 m2 de surface, un bâtiment d'une hauteur illimitée qui sera supposé abriter un Centre international de la Communication.
Le monument devra être digne de la perspective historique Concorde-Arc de Triomphe et s'intégrer de façon cohérente dans le quartier d'affaires de la Défense, il devra apporter de la cohérence à l'ensemble de tours disparates déjà construites.
"Le cube", projet de l'architecte danois Spreckelsen est retenu parmi 424 dossiers venant de 41 pays différents. Le lauréat est un parfait inconnu, il n'a construit que sa maison et 4 églises au Danemark...
Le projet retenu sur esquisse est un cube de 100 m d'arête, avec un nuage de verre à l'intérieur du cube, c'est un projet qui met en valeur la notion de vide, 3 hectares et demi de marbre sont prévus pour les façades et les sols...
Chacun est conscient que construire ce qui est encore nommé le cube avant de devenir la Grande Arche va relever du défi... Mais nous sommes à une époque de frénésie de grands chantiers où rien ne parait impossible, une période où l'argent coule à flot pour la culture...
Ce récit met en évidence l'inconséquence de certaines décisions politiques, le pouvoir exorbitant du président de la République...
L'histoire peut se résumer ainsi : un projet lancé sur un programme nébuleux, le bâtiment étant supposé abriter un Centre de la Communication dont personne ne connait vraiment les missions, le choix d'un architecte visionnaire dépassé par son œuvre, un architecte artiste mais pas du tout technicien qui n'apprécie pas la personnalité des français et n'écoute pas les avis des experts, un homme méticuleux, perfectionniste qui veut tout maitriser, une maitrise d'ouvrage à plusieurs têtes sans chef, une rigueur économique qui implique que l’État ne va bientôt plus financer que le tiers du projet avec la nécessité de trouver des investisseurs privés pour occuper les bureaux alors qu'il n'était pas prévu au départ que des entreprises s'installent dans le bâtiment.
La construction de ce monument qui relève du défi technique débute en juillet 1985 mais en mars 86, la cohabitation provoque un séisme, la Grande Arche fait les frais des coupes budgétaires tout l'équilibre financier est remis en cause, commence alors une bataille politique féroce. Le projet est privatisé, sa destinée change car il va devenir exclusivement un immeuble de bureaux.
Ce récit est très vivant et très documenté, Laurence Cossé a rencontré les principaux protagonistes de cette affaire et des collègues de Sperck au Danemark et a analysé le fonctionnement de la société danoise pour mieux comprendre les difficultés que les équipes danoises et françaises ont rencontré pour travailler ensemble. Des tensions ont en effet vite surgi car les usages sont très différents en France et au Danemark et les lourdeurs administratives françaises et les changements de décision permanents ont vite agacé l'architecte.
L'auteur en profite pour faire une jolie description de l'esprit français...
Un récit qui nous fait pénétrer dans le monde des architectes et des bâtisseurs et que j'ai trouvé captivant alors que je ne suis pas une passionnée du sujet.
Une écriture fluide, un texte contenant juste assez d'explications techniques très claires, un livre qu'on referme en ayant l'impression d'avoir appris beaucoup de choses. Sélectionné pour le prix Orange du livre, ce livre aurait mérité, selon moi, qu'on parle plus de lui.
Bravo à Laurence Cossé d'avoir accompli la prouesse de rendre aussi passionnant un récit qui aurait pu être très technique !
Un livre de 400 pages sur la construction de l’Arche de la Défense, à première vue, ne fait pas partie des thèmes les plus exaltants. Mais c’était sans compter sur l’Histoire, qui nous réserve toujours son lot de surprises. Et encore une fois, à l’instar d’un roman totalement fictif, elle nous offre un récit d’un romanesque stupéfiant.
En effet, l’élaboration de ce monument a été une épopée à plusieurs niveaux. Tous les éléments se sont regroupés pour contrarier la bonne réalisation du projet. Chaque secteur engagé dans ce projet a voulu mettre son grain de sable. Le monde des architectes où chacun recherche la reconnaissance, le monde des investisseurs où la rentabilité est une priorité, le monde des politiques où tous les coups bas sont permis, rien n’a été épargné à cette grande Arche. Le déroulement des travaux a donc été un concentré de manipulations et de rebondissements qui en a fait une aventure à part entière.
A la faveur de cet illustre épisode, Cosse met en évidence l’ensemble des us, coutumes et modes de fonctionnement qui rendent depuis longtemps notre pays unique mais aussi ingérable. Pour étayer son propos, l’auteure entrecoupe son récit, de chapitres parenthèses. On y découvre par exemple les origines de l’architecte Spreckelsen et de son art, les témoignages d’acteurs de l’époque, les spécificités de la société Danoise par rapport à la nôtre ou les caractéristiques techniques du monument. On comprend alors le résultat plutôt tumultueux qu’a pu engendrer l’association de tous ces composants.
Grâce à Laurence Cossé, la construction de l’Arche nous apparaît sous un angle différent. Dorénavant je regarderai cet édifice avec un autre œil. Le travail de recherche de l’écrivaine a été prodigieux. Le sujet, qui semblait pourtant fade, devient sous sa plume exigeante, un roman captivant qui a en plus le mérite de nous apprendre des choses. Belle surprise !
Laurence Cossé fait partie de mes auteurs préférés, c’est dire si j’avais hâte de découvrir ce livre, sans en avoir lu la 4ème de couverture.
L’auteur raconte l’historique de la Grande Arche de la Défense. Quelle épopée politico-architecturale ! Tout commence le 25 mai 1983. Johan Otto von Spreckelsen, a gagné le concours d’architecture pour le projet colossal « Tête de la Défense ». Le problème c’est qu’il n’a été confronté, ni au gigantisme, ni aux mœurs françaises et qu’il ira de déconvenues en déconvenues. Passer de l’artisanat (construction d’églises) à l’industriel et la haute technologie échelle XXXL ne s’improvise pas. Il l’apprendra à ses dépens. « A la Défense, il est écrasé. Il va être écrasé. Son œuvre menace de l’écraser. » Cet homme qui parait un peu rigide fera mettre, au sens littéral du terme, Mitterrand à genoux ! Imaginez la scène et la moue médusée de son entourage.
Un bouquin captivant. Laurence Cossé a travaillé son sujet. Je sens, derrière ses phrases, des monceaux d’archives décryptées, des montagnes, infranchissables pour moi, de données techniques déchiffrées. « La littérature fait courir des risques dont l’auteur n’avait pas idée avant de s’y lancer, sans quoi il aurait préféré l’ethnographie ou le saut à la perche. Les efforts de documentation auxquels j’ai dû m’astreindre pour écrire sans trop d’inepties les paragraphes précédents ont réduit en poussière un des piliers de mon équilibre psychique »
Laurence Cossé a su mettre les doigts là où ça fait mal ; Les manœuvres économico-politiciennes, l’ambition démesurée de certains comme le « faucon pèlerin ». L’incompréhension grandissante entre Johan Otto von Spreckelsen, tout bâti de la rigueur scandinave et la maîtrise d’œuvre française à plusieurs têtes qui avance, recule, … Toutes ces chicaneries, les modifications des plans, des matériaux ont eu raison de l’architecte qui a démissionné. Il est vrai que, dès départ, les dés étaient pipés : on ne marie par l’eau et le feu.
L’aventure n’est pourtant pas terminée. Les veilleurs que sont Lion, Dauge et Subileau, présents dès les débuts, veillent sur la pérennité de l’édifice. Subileau le dit « Ce bâtiment est maudit. On a engendré un monstre. C’est un monument d’une sérénité absolue mais il reste marqué par son enfantement terrible. Il a été laissé en déshérence ». Quant à Andreu, il « est le premier à le regretter, l’édifice en tant qu’édifice reste un monument vide : c’est un ouvrage remarquable mais sans fonction forte ni sens. « Un objet pur, quoi ». »
Laurence Cossé est arrivée à faire de cette aventure une véritable saga, un roman à suspens. La Grande Arche n’est absolument pas roborative malgré le sujet. De petites piques ironiques, caustiques, des digressions littéraires, étymologiques (par exemple sur l’arc) ou ethnologiques (le faucon pèlerin) émaillent le livre.
« Si l’Arche est ce qu’elle est, cette Port »e de Paris si puissante et si singulière, c’est que Spreckelsen était inexpérimenté, déraisonnable, non conforme et d’une folle présomption. Les concours ouverts créaient des appels d’air, des appels de neuf, de risque. Ils donnaient sa chance à Icare ». Ainsi se termine le livre. Cette époque n’existe plus, les nouveaux projets sont avant tout faisables et sécuritaires, le rêve n’est plus primordial. Changement d’époque !
Mais tout n’est pas terminé pour l’Arche de la Défense. Espérons que des slogans publicitaires ne viendront pas abîmer ce beau monument et que la restauration pourra se faire sans l’abîmer.
Un grand Laurence Cossé, un coup de cœur pour moi.
Récit plus que roman, La grande arche évoque le destin de Johan Otto von Spreckelsen, architecte ayant gagné le concours de projets pour construire, dans la perspective de l'Arc de Triomphe à Paris, un monument original et innovant. Un projet initié par François Mitterand qui veut marquer la capitale de son empreinte.
C'est donc autour de luttes politiques et de contraintes techniques que s'organisent ce livre, rapportant les enjeux, les difficultés d'élaboration (on pouvait encore gagner un concours d'architecture sans avoir étudié les contraintes techniques et déterminé la réelle faisabilité !), et la vie tragique de l'architecte.
Plus qu'un roman, cet opus de Laurence Cossé est une enquête qui fait flirter milieux politiciens, tracas technocratiques et problèmes techniques. Pour qui n'est pas intéressé par ces sujets, la lecture s'avère vite ardue, voire pénible, d'autant que le style est assez journalistique, factuel, très éloigné du romanesque même si le personnage de Johan Otto von Spreckelsen inspire de l'empathie (les passages évoquant les différences entre les cultures danoise et française sont éloquents, et le personnage, finalement un peu poète, est sympathique).
J'ai finalement peu apprécié cette lecture, sans doute parce que perdue au milieu des descriptions techniques j'ai fini par m'ennuyer un peu...
Sous le titre La grande arche, on lit « roman ». Si l’on s’en réfère à la définition du Larousse, on trouve ceci
« Œuvre d'imagination constituée par un récit en prose d'une certaine longueur, dont l'intérêt est dans la narration d'aventures, l'étude de mœurs ou de caractères, l'analyse de sentiments ou de passions, la représentation du réel ou de diverses données objectives et subjectives ; genre littéraire regroupant les œuvres qui présentent ces caractéristiques ».
Certes, on retrouve dans La grande arche des études de moeurs ou de caractères, l’analyse de sentiment peut-être, et de données objectives, oui. Mais les deux premiers mots de la définition évoquent quand même une oeuvre imaginaire. Et là on ne répond pas au cahier des charges; ce récit tient plus de l’enquête journalistique que du roman. Les faits sont là et sont décrits, avec passion et et rigueur, mais sont loin d’être imaginaires.
Roman ou pas, l’histoire de ce monument de Paris, élevé par la volonté d’un président qui voulait « graver son histoire dans le verre ou dans la pierre « comme le dit la chanson, mérite-t-elle qu’on s’y intéresse?
Les férus d’architecture pourront y trouver leur compte. Les lecteurs passionnés d’intrigues politiciennes aussi. Les férus d’architectures passionnés d’intrigues politiciennes connaitront l’extase. Personnellement hélas ce n’est pas mon cas. La lecture a donc été assez fastidieuse, par incompréhension des descriptions de volumes, orientation, proportions….(un encart photographique aurait été très utile pour illustrer la construction, les personnages, mais aussi les dessins de chantier qui sont évoqués), par agacement de redécouvrir et de confirmer ce que l’on sait déjà, à savoir que les deniers publics n’ont pas toujours une utilisation optimale. Le seul aspect qui m’a accroché est la personnalité de l’architecte Spreckelsen, ce danois tourmenté, qui n’aura pas vu le résultat final de sa création (ni la dégradation de la bâtisse dans les décennies qui vont suivre et c’est sans doute mieux ainsi).
L’auteur a accompli un énorme travail de documentation, avec une rigueur certaine. Et son intention est énoncée clairement d’en faire une oeuvre poétique. C’est un défi irrationnel : comment donner à des interviews, des dialogues de personnalités influentes un ton musical? Comment s’émouvoir sur la différence entre bâton armé et béton précontraint?
L’écriture est élégante (les nombreuses réserves que j’émets ne concernent pas le talent d’écrivain de l’auteur, certains paragraphes sont superbes, quand ils parlent de la difficulté de ce travail d’écriture), mais on trouve beaucoup de redites, sans utilité.
Par ailleurs certaines anecdotes semblent hors de propos : l’histoire de la poule rousse, le chapitre sur Karen Blixen.
Pourquoi ces deux paragraphes identiques en début de chapitre, l’un sans ponctuation, l’autre avec?
Enfin, pourquoi la grande arche? A cause de l’architecte un peu fou? de la vanité des ses commanditaires? de son inutilité hormis de constituer une perspective sur l’axe historique de la capitale? Pourquoi pas l’opéra Bastille ou la cité des sciences, sûrement concernés par de croustillantes anecdotes politico-architecturales aussi?
Que restera t-il de cette lecture? Lorsque je passerai à la Défense, je saurai que le nuage n’est pas une bâche provisoire, je remarquerai la structure métallique à l’intérieur qui sert de chassis pour les ascenseurs (que l’on ne peut pas utiliser si j’ai bien compris), et j’aurai une pensée pour le danois obstiné qui l’ a conçu. C’est un résultat non négligeable.
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