Ce road-movie intimiste est l'une des BD à ne pas manquer en cette rentrée
« Ma chère fiancée, J'ai reçu ta lettre ce matin, juste au moment de partir et je t'en remercie beaucoup. Mais contrairement à ce que tu me dis, il y a plus de grabuge qu'on ne le pense. Nous allons en ce moment sur la frontière, et pour la première étape, nous nous sommes enfoncés de soixante-dix kilomètres, nous sommes arrivés à 4 heures du soir et nous repartons à 2 heures du matin sur Verdun. Mais heureusement nous sommes des gais et joliment bien équipés, ça serait malheureux de laisser ça là. Le plus pénible pour moi, ça a été les pauvres cultivateurs qui sont venus apporter le matin tous leurs chevaux réquisitionnés et qui s'en retournaient avec le licol en pleurant. Dans tous les pays où nous passons c'est le même trafic, des pleurs partout. » Exceptionnelle et touchante, cette correspondance entre un soldat et la femme qu'il aime alors que la Première Guerre mondiale approche, éclate... et perdure inlassablement. Plus particulièrement, c'est le ton même du combattant qui étonne tout au long de ces lettres, mêlant légèreté et gravité, ironie et lassitude, terribles nouvelles et espérances de retrouvailles prochaines. Comme s'il s'agissait, finalement, de dédramatiser la situation présente pour mieux se projeter dans un avenir que l'on veut clément. En cela, "La Gloire des bleuets" nous immerge, de manière saisissante et bouleversante, au sein d'une jeune génération française qui vit ses projets toujours retardés et mis entre parenthèses à cause du premier conflit du XXe siècle.
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