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L'amie me parle dans un anglais dialectal proche du syro-libanais, dont la spécificité réside dans le « r » roulé. Après tout, elle parle la langue de Shakespeare et elle en est fière. L'arabe colonise l'anglais de ses mots, mais il l'enrichit. J'y entends le pays. Et je réalise le bonheur qu'elle a d'habiter aux États-Unis.
Les yeux à moitié ouverts, je découvre les paysages américains. Idéalisés un temps, ils me paraissent extraordinairement normaux. Alors que la voiture m'amène vers la maison que je vais occuper durant tout mon séjour, je pense à la France. Je l'ai quittée il y a quelques heures à peine, et même si je lève les yeux au ciel, je ne la sens plus. L'air est différent. Moins chaleureux. Plus bétonné.
La France peut-elle déjà me manquer, après seulement quelques instants de vie outre-Atlantique ? Non. C'est une vue de mon esprit. Que jamais je n'ai eu l'occasion d'expérimenter.
La campagne washingtonienne défile, mais j'y vois les paysages de mon enfance. Les salins d'Aveyron, les garrigues arides et les prairies cévenoles. Et je réalise à quel point la France compte à mes yeux.
Français né de deux parents libanais, Jad Zahab, âgé de vingt-cinq ans, est diplômé de Sciences-Po Paris. Ses études l'ont conduit à voyager, au Liban mais également aux États-Unis. Désireux de participer à l'avènement d'un monde meilleur, il est le président cofondateur du Parlement des étudiants, association qui oeuvre pour la valorisation d'une citoyenneté active auprès des jeunes. Régulièrement invité dans les médias, il est également l'auteur de trois essais sur la démocratie française et les moyens de la réinventer.
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