"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La femme de Parihaka, c'est d'abord l'histoire d'un grand amour qui nous fait traverser la Nouvelle- Zélande à la fin du 19e siècle. Mais quand les amoureux sont maoris et résistent contre la spoliation de leurs ter- res, le romantisme se teinte de politique. Et quand l'héroïne doit tout transcender pour retrouver son homme, elle devient un de ces formidables personnages de la littérature, inoubliable, plus grand que nature. Avec un prof d'histoire à la retraite, pointilleux et colérique, chargé de traduire le journal de son héroïne et ancêtre, le récit se teinte d'une formidable lutte identitaire. Les quêtes d'amour, d'identité et de dignité sont étroitement mêlées.
Une référence éditoriale !
C’est en voulant faire « une longue nouvelle, Erenora » que l’auteur Witi Ihimaera a poursuivi son travail d’écriture (époustouflant), jusqu’à « La femme de Parihata » qui oscille entre la biographie, la fiction et l’Histoire de cette terre la Nouvelle-Zélande.
Ce roman est empreint de musique et plus particulièrement d’opéra. À savoir, « Fidelio » de Beethoven. Erenora étant « la translittération » de Léonore.
Tout le livre est ainsi. Le perfectionnisme exaltant. Comprendre que cette lecture est habitée par une plume immense et une traduction brillante de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Mireille Vignol. D’un homme, pétri d’amour pour Parihaka. Lorsqu’il lit le journal de son aïeule « Erenora » qu’elle a écrit au XIXe, le récit prend place. Le chef-d’œuvre vient de naître.
Le peuple du Taranaki est la sève de ce roman d’une richesse immense. Parihaka, localité de cette province dans le comté d’Egmont. Plus qu’une montagne, Taranaki est l’âme d’un peuple, les Maoris massacrés par les Pakena (les blancs, les colonisateurs ).
Erenora transcrit la mémoire des siens. Waera était un village paisible, avec ses habitus, ses croyances. L’autarcie comme la mer le matin pâle. Les enfants insouciants et fébriles de grandir. S’émanciper, tous pour un et un pour tous. Les hommes, des pêcheurs ou des cueilleurs, férus de croyances et de rites. Les femmes éprises de beauté et de sérénité.
En 1860, si près de nous encore, les Maoris qui défendent leur terre pacifiquement, inlassablement. Jusqu’au jour où les armes des Pakena ont tué, un à un les hommes aux yeux sombres, l’océan au bord des lèvres.
On écoute Erenora. On déambule entre l’épistolaire et le récit de Witi Ihimaera.
« Erenora frissonnait, pas à cause de l’éclipse soudaine du jour, mais parce qu’elle savait que son destin était sur le point de changer ».
« Quel est notre kaupapa ? S’interrogeaient-ils. Quel est notre dessein ? C’est de protéger notre terre et notre peuple et de préserver nos coutumes pour les générations futures ».
Les géomètres comme des vautours. Avancer d’un pas, puis d’un autre. Les barbelés comme des frontières. Briser les ailes des Maoris. Mais la résistance est à hauteur des Maoris. La malice et la ténacité face aux armes. Jusqu’au jour où tous les Maoris seront emprisonnés. Même l’emblématique mari d’Erenora : Horitana. Il sera le bouc émissaire, celui qui sera exilé. Torturé et jeté en pâture dans une grotte sur une île lointaine. Celui qui est désigné comme ennemi par le pire des colonisateurs. Erenora n’aura de cesse de le chercher. Deux ans de quête, de marche et de bravoure. Couper ses longs cheveux noirs. Devenir un homme, pour se glisser plus habilement entre les mailles des pièges tendus. Retrouver son amour, l’homme-symbole. Elle, qui collecte la parole des siens pour l’infini.
Horitana, presque aveugle et pour cause, qui rejoindra avec Erenora le Taranaki en 1884.
Le roman est un outil de mémoire. Un kaléidoscope, celui d’un peuple meurtri par les guerres anglaises et plus encore. Une extermination presque silencieuse et consentie.
L’épopée est une chevelure longue et tissée. Soyeuse et résistante, sublime et touchante, elle en devient prodigieuse.
Ici, s’élève l’écriture mémorielle. L’Histoire véritable et la romance qui redore le journal d’Erenora.
Prenez soin de l’épilogue et des notes de chapitres. Vous comprendrez alors combien ce livre est essentiel et érudit. « La proie des milans et des corbeaux » de G.W. Rusden. Et « l’intention tout comme dans l’interpolation de l’aria de « Samson et Dalila », est de comparer les Maoris aux enfants d’Israël, opprimés par les Pakena (les Égyptiens)... ».
Ce livre est terriblement humain. La pulsion inouïe de la littérature. Grandiose, tragique, un adage : celui de Tariana Turia lors de la seconde lecture du décret sur les revendications foncières Ngati Tama.
« Ceux qui ont ployé sous le vent ».
Magistral, poignant, un entrelacs inoubliable. « Va, pensée »...Le cœur des esclaves hébreux dans Nabucco de Giuseppe Verdi. Ce livre est incontournable, tant l’héroïne décrite en quatrième de couverture comme shakespearienne est la preuve des résistances et des tragédies. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
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