"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un livre absolu. Une épopée unique dans la grande lignée d’une œuvre inoubliable.
On pénètre une à une les pages de ce grand livre, les décors comme les chapitres.
La résurgence d’une généalogie d’acuité boréale, bouleversante et existentielle.
La traversée du vingtième siècle, avec ses turbulences, doutes et prise de conscience.
Un récit puissamment initiatique, bouleversant et qui touche au plus près des êtres.
Une plongée en Nouvelle-Zélande, un chant choral, une chorégraphie perfectionniste.
L’éphéméride qui bouscule les non-dits, les faux-semblants, les difficultés pour s’affranchir et atteindre sa propre victoire.
La polyphonie, voix assignées aux dires, soupirs, craintes et désirs.
Ici, c’est un peuple qui s’exprime. La capacité magistrale de Witi Ihimaera qui conte ce qu’il pressent, sait, et retient des siens, « puisqu’il est le premier écrivain maori publié. »
Ce livre devient magnétique, charnel, dans une vision au plus près de la réalité.
Michael est un jeune maori, qui va annoncer le jour du mariage de sa sœur jumelle Amiria, qu’il est homosexuel. C’est un aveu comble de délivrance, qui va enclencher un tsunami. Dans un même tempo , son père, patriarche homophobe, le renie.
« Tu es censé être mon fils, mais je te jure que je le regrette. »
Jason, son amant, le quitte. Les affres de l’attente, l’épuisement des forces, et le viscéral besoin d’échapper à cette relation piégée par la vulnérabilité.
« Parle-moi Jason. Il n’est pas trop tard. Je t’en prie, je ne veux pas te perdre. »
Sa tante Pat, va lui confier le journal intime de Sam. L’oncle de Michael, qu’il ne connaît pas. L’anonyme de la famille, disparu dans les limbes d’une famille qui étouffe sous les mouvances des intolérances.
Elle pressent en son neveu, le moment ultime d’une parole de délivrance. Elle, qui a pour souvenir que ce journal qui va être un détonateur pour Michael. La transmission de l’oncle Sam, son double cornélien, la même histoire, la même chasse à l’homme. Le secret enfoui sur des lignes salvatrices. L’épistolaire pour soutien.
Michael et son oncle Sam, des années longues où cette gémellité refait surface.
« Bravoures » prend acte. Sam est tombé amoureux de Cliff, son amant américain. La guerre du Vietnam fait rage et Sam est membre du bataillon maori. « Sam n’eut pas le temps de voir Harper, de remuer les doigts pour lui dire dans la langue qu’ils avaient adoptée : Salut Cliff. Oui parlons. Tu as raison, parlons. » « Mais quand un truc aussi fort te frappe en pleine gueule, qu’est-ce qu’il te reste à faire ? Je suis...vraiment mal barré. Je brûle à l’intérieur. »
« Bravoures » est un récit hypnotique, pétri de sentiments. Au plus proche des tourments de l’âme humaine. Livre de loyauté et de courage, dans cette orée où les hommes signent l’advenir. La méticulosité d’atteindre sa propre voie coûte que coûte. « Bravoures » l’excellence de la rédemption. Poursuivre son chemin dans les pas d’un aïeul, empreintes des intériorités révélées au grand jour. C’est un roman sentimental, de force et d’altérité, les habitus comme des poids lourds sur la conscience. Sublime et olympien, La Nouvelle-Zélande dans toutes ses vérités.
« Nous sommes des cultures minoritaires aux yeux des blancs, mais nous devons continuer à rêver des rêves majoritaires. On doit nous laisser entrer. »
« Si vous devez baisser la tête, que ce soit seulement devant la plus haute des montagnes. »
Après, Kahu, fille des baleines ; le Patriarche ; Faux-semblant ; La Baleine tatouée ; La femme de Parihaka, « Bravoures » est la consécration. Bordé d’empathie, d’une justesse de ton majestueuse, il est la pierre angulaire d’une formidable littérature. Traduit à la perfection de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Mireille Vignol, publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
Une référence éditoriale !
C’est en voulant faire « une longue nouvelle, Erenora » que l’auteur Witi Ihimaera a poursuivi son travail d’écriture (époustouflant), jusqu’à « La femme de Parihata » qui oscille entre la biographie, la fiction et l’Histoire de cette terre la Nouvelle-Zélande.
Ce roman est empreint de musique et plus particulièrement d’opéra. À savoir, « Fidelio » de Beethoven. Erenora étant « la translittération » de Léonore.
Tout le livre est ainsi. Le perfectionnisme exaltant. Comprendre que cette lecture est habitée par une plume immense et une traduction brillante de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Mireille Vignol. D’un homme, pétri d’amour pour Parihaka. Lorsqu’il lit le journal de son aïeule « Erenora » qu’elle a écrit au XIXe, le récit prend place. Le chef-d’œuvre vient de naître.
Le peuple du Taranaki est la sève de ce roman d’une richesse immense. Parihaka, localité de cette province dans le comté d’Egmont. Plus qu’une montagne, Taranaki est l’âme d’un peuple, les Maoris massacrés par les Pakena (les blancs, les colonisateurs ).
Erenora transcrit la mémoire des siens. Waera était un village paisible, avec ses habitus, ses croyances. L’autarcie comme la mer le matin pâle. Les enfants insouciants et fébriles de grandir. S’émanciper, tous pour un et un pour tous. Les hommes, des pêcheurs ou des cueilleurs, férus de croyances et de rites. Les femmes éprises de beauté et de sérénité.
En 1860, si près de nous encore, les Maoris qui défendent leur terre pacifiquement, inlassablement. Jusqu’au jour où les armes des Pakena ont tué, un à un les hommes aux yeux sombres, l’océan au bord des lèvres.
On écoute Erenora. On déambule entre l’épistolaire et le récit de Witi Ihimaera.
« Erenora frissonnait, pas à cause de l’éclipse soudaine du jour, mais parce qu’elle savait que son destin était sur le point de changer ».
« Quel est notre kaupapa ? S’interrogeaient-ils. Quel est notre dessein ? C’est de protéger notre terre et notre peuple et de préserver nos coutumes pour les générations futures ».
Les géomètres comme des vautours. Avancer d’un pas, puis d’un autre. Les barbelés comme des frontières. Briser les ailes des Maoris. Mais la résistance est à hauteur des Maoris. La malice et la ténacité face aux armes. Jusqu’au jour où tous les Maoris seront emprisonnés. Même l’emblématique mari d’Erenora : Horitana. Il sera le bouc émissaire, celui qui sera exilé. Torturé et jeté en pâture dans une grotte sur une île lointaine. Celui qui est désigné comme ennemi par le pire des colonisateurs. Erenora n’aura de cesse de le chercher. Deux ans de quête, de marche et de bravoure. Couper ses longs cheveux noirs. Devenir un homme, pour se glisser plus habilement entre les mailles des pièges tendus. Retrouver son amour, l’homme-symbole. Elle, qui collecte la parole des siens pour l’infini.
Horitana, presque aveugle et pour cause, qui rejoindra avec Erenora le Taranaki en 1884.
Le roman est un outil de mémoire. Un kaléidoscope, celui d’un peuple meurtri par les guerres anglaises et plus encore. Une extermination presque silencieuse et consentie.
L’épopée est une chevelure longue et tissée. Soyeuse et résistante, sublime et touchante, elle en devient prodigieuse.
Ici, s’élève l’écriture mémorielle. L’Histoire véritable et la romance qui redore le journal d’Erenora.
Prenez soin de l’épilogue et des notes de chapitres. Vous comprendrez alors combien ce livre est essentiel et érudit. « La proie des milans et des corbeaux » de G.W. Rusden. Et « l’intention tout comme dans l’interpolation de l’aria de « Samson et Dalila », est de comparer les Maoris aux enfants d’Israël, opprimés par les Pakena (les Égyptiens)... ».
Ce livre est terriblement humain. La pulsion inouïe de la littérature. Grandiose, tragique, un adage : celui de Tariana Turia lors de la seconde lecture du décret sur les revendications foncières Ngati Tama.
« Ceux qui ont ployé sous le vent ».
Magistral, poignant, un entrelacs inoubliable. « Va, pensée »...Le cœur des esclaves hébreux dans Nabucco de Giuseppe Verdi. Ce livre est incontournable, tant l’héroïne décrite en quatrième de couverture comme shakespearienne est la preuve des résistances et des tragédies. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
Dans la Nouvelle Zélande contemporaine, Kahu est la première des arrières petits enfants du chef maori Koro Apina. Sa tribu descend d'un légendaire cavalier de baleines. Depuis, à chaque génération, un mâle a hérité du titre de chef. Mais aujourd'hui, il n'y a plus d'héritier mâle, il n'y a que Kahu. Elle devrait donc être la prochaine, mais son arrière-grand-père, aveuglé par la tradition et malgré les prodiges de l'enfant, ne veut pas en entendre parler.
L'histoire racontée du point de vue de Rawiri, l'oncle de Kahu, entrelace des personnages modernes avec la mythologie et les légendes.
Terre et mer, passé et présent, modernité et tradition, dans cette collision entre mythe et réalité, Witi Ihimaera nous entraîne à la rencontre de son peuple confronté à un monde changeant.
Un texte court - 156 pages - mais riche, plein d'humour et porteur de thèmes puissants comme le courage, la transmission où la place des femmes.
Traduit par Mireille Vignol
Écoutez le chant de Witi Ihimaera, métaphore maritime, les eaux sublimes de l’océan Pacifique. L’enfant fable et alliée de la baleine tatouée, poésie océane. L’appel des rites ancestraux, Kahu désignée à la légende éternelle. Ce sablier Mãori de Nouvelle-Zélande, mémoire vivifiante des intériorités, signes et certitudes.
Ce splendide livre, perpétuel et messager enchante la noblesse des histoires venues des profondeurs.
Kahu, petite fille qui sait le langage des baleines, les paraboles qui dressent le tableau d’une terre assoiffée de symboles. Koro Apirana son grand-père le sage et fidèle aux coutumes. Le passeur des traditions dont il refuse l’enfant en héritage spéculatif. Elle, si vive, intuitive et tenace. Fusionnelle avec ce grand-père dont la pudeur et les coutumes sont plus fortes que tout. Les habitus qui refusent Kahu en souveraine un jour certain.
Ici, des pans d’idiosyncrasie mãori, les gestuelles assignées à l’essentialisme des traditions. L’enfant pas de côté, sourires dentelles et les bras, l’horizon d’une mer où elle s’abreuve. Mutique et maline, habile et elle si formidablement pure.
« Dans ses missives suivantes, mon frère exposait les problèmes auxquels étaient confronté notre peuple mãori. Il avait accompagné Koro Apirana en pays Raukawa où il avait été impressionné par leur façon de préparer la jeunesse à assurer la tradition avec le XXI ème siècle. »
« Et nous serons-nous prêts ? demandait-il. Notre peuple sera-t-il préparé à relever les nouveaux défis et à s’adapter aux nouvelles technologies ? Et dans quelle mesure restera-t-il mãori ? »
« Ainsi soit fait. »
Ce livre qui se lit en grand, entrelacs, embruns, mystique fable où les croisements fidèles aux désirs, aux changements d’âge et de certitudes sont les ballets des baleines. Une seule pour que l’enfant comprenne le pouvoir des fonds marins et les chants des cétacés.
Ce conte, sablier contemporain, parabolique et émouvant est le sceau d’un peuple assoiffé de loyauté, de courage, dans cette magnanimité des importances qui ne trahissent jamais les hommes. Entre les courants, ce qui adviendra de Kahu qu’on aime de toutes nos forces.
« La baleine est un signe, reprit-il.
-C’était elle, elle était la chevaucheuse de baleine. »
Magistral, bleu abyssal, beau à pleurer. Un conte culte qui élève et octroie le chant ésotérique des baleines dans une grâce certifiée.
« Un classique de la littérature devenu un classique du cinéma : Paï, l’élue du peuple nouveau. »
À lire en front d’océan et vous verrez comme tout change.
Traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Mireille Vignol. Publié par les majeures éditions Au vent des îles.
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