Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
1935 : Paraiti, guérisseuse maorie de grande renommée, sillonne la Nouvelle-Zélande avec son cheval, sa mule et son chien. Grâce à son savoir-faire ancestral et à une pharmacopée puisée dans la nature, elle soigne, soulage et sauve des vies. Mais lorsqu'une bourgeoise blanche de la ville la convoque pour l'aider à interrompre une grossesse déjà très avancée, elle se trouve face à un dilemme et à un secret terrible...
Un secret à l'échelle du fossé qui sépare les communautés du pays. Witi Ihimaera brosse un fabuleux portrait d'une nature en symbiose avec le peuple maori et celui d'une femme intrépide, intelligente, redoutable... et drôle. Ce roman a été adapté au cinéma en 2013 sous le titre White Lies (Tuakiri Huna en maori)
[ Faux sang blanc ]
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La vieille Paraiti est maorie et guérisseuse itinérante. On suit son périple avec son chien, sa mule et son cheval, allant d’un lieu à l’autre soigner avec son savoir ancestral. Respectée pour sa sagesse, son intelligence et ses connaissances, Paraiti est attendue dans toutes les bourgades qu’elle traverse. « Tel est le monde de Paraiti. Dévouée à la santé de son peuple, elle est donneuse de vie ». Le jour où elle est approchée par la servante d’une femme blanche riche avec une demande spéciale de la part de sa patronne, elle se retrouve face à un dilemme moral difficile. Un dilemme qui changera sa vie.
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« Faux-semblant » aborde des thèmes engagés à travers trois personnages féminins puissants, résolument ancrés dans la culture māori. L’histoire explore la nature de l'identité, les attitudes de la société face aux rôles des femmes, les tabous intercommunautaires, l’avortement, la maternité et la question du métissage.
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Un texte bref, moins de 100 pages, mais un réel plaisir de lecture augmenté d’une postface de l’auteur qui éclaire sur la culture, la religion et la médecine Maori.
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Quelques mots sur l’auteur :
Witi Ihimaera est un écrivain néo-zélandais, maori, écrivant en anglais
Premier romancier maori à être édité, Witi Ihimaera a publié douze romans, six recueils de nouvelles, écrit pour le théâtre et pour le cinéma, coproduit des films et documentaires, édité plusieurs livres sur les arts et la culture de Nouvelle-Zélande et enseigné à l’université d’Auckland. Il a reçu de nombreux prix prestigieux.
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Traduit par Mireille Vignol
C'est un roman que j'ai dévoré ! Tout ce que j'aime dans un bouquin policier est réuni. Je suis entièrement d'accord avec le quatrième de couverture : rythme parfait et soutenu, rebondissements et retournements de situations s'enchaînant naturellement et une fin étonnante. La plume de l'auteur convient parfaitement à cette histoire. Les héros sont chouettes, certes quelque peu atypiques pur certains et très ordinaires pour d'autres mais c'est ce mariage des deux genres qui a tenu mon intérêt intact tout au long de l'enquête. Une très belle découverte d'un auteur dont j'ai noté le nom dans mes petits papiers !
https://www.alombredunoyer.com/faux-semblant-witi-ihimaera/
Faux-Semblant est le dernier roman de l’écrivain maori Witi Ihimaera (Traduction : Mireille Vignol). Ce nom ne vous dit certainement rien, il en était de même pour moi jusqu’à une très belle rencontre avec un autre auteur de la maison d’édition polynésienne Au vent des iles.
Ce roman a été adapté au cinéma en 2013 sous le titre White Lies (Tuakari Huna en maori)
Witi Ihimaera
Faisons tout d’abord rapidement connaissance avec l’auteur, premier romancier maori à être édité.
Witi Ihimaera est un auteur prolifique et complet. En effet, il a déjà publié douze romans, six recueils de nouvelles, écrit pour le théâtre et le cinéma, coproduit des films et documentaires, édité plusieurs livres sur les arts et la culture de Nouvelle-Zélande et enfin enseigné à l’université d’Auckland.
Il a notamment été distingué par des prix prestigieux comme le prix inaugural Start of Oceania de l’université d’Hawaï et le prix de la Arts Foundation of New Zealand en 2009, le Toi Maori Maui Tiketike Award et le Premio Ostana International Award décerné en Italie en 2010.
3 de ses œuvres ont été adaptés au cinéma : Paï en 2002, Kawa en 2010 et donc White Lies en 2013
Il a enfin reçu en 2005 la médaille de l’Ordre du mérite en littérature de Nouvelle-Zélande
"La guérisseuse était une personnalité connue ; c’était un honneur de cheminer avec elle. De son côté, elle appréciait cette occasion de sociabiliser davantage, de partager une tisane de manuka et un pain sans levain, de faire une partie de cartes ou de korero avec les anciens sur les changements qui affectaient le monde. Mais le convoi progressait lentement. Paraiti prit congé et poursuivit seule.
Ma te Atua koutou e manaaki, lança-t-elle en guise d’adieu. Que Dieu vous protège. Ruatahna l’attendait"
Paraiti, une femme exceptionnelle
En quelques lignes ci-dessus, vous avez un aperçu de ce bel ouvrage de Witi Ihimaera.
Le lecteur suit les aventures sur les chemins néo-zélandais de Paraiti, une vieille guérisseuse maori jouissant d’une immense renommée. Paraiti n’est pas son nom de baptême mais signifie « Celle au visage ravagé », nom qu’elle porte depuis qu’elle reçut cette balafre à l’âge de 6 ans dans une sombre histoire.
Paraiti voyage beaucoup avec ses fidèles compagnons, le cheval Atahua et la mule Kaihe. Grâce à son savoir-faire ancestral, sa connaissance de la nature et ses petits secrets, elle soigne et accomplit des tâches sacrées. Dévouée à la santé de son peuple, elle est donneuse de vie… jusqu’à une halte à Gisborne où elle va être confrontée à un drôle de dilemme. Que va-t-elle décider ? Comment va-t-elle répondre à la requête de Mme Vickers, une bourgeoise blanche, une étrangère, une Pakeha, qui lui intime l’ordre d’interrompre sa grossesse très avancée.
"Elle éprouvait un vif plaisir à retrouver le peuple qui lui avait offert un refuge, à elle et à son père Te Teira, toutes ces années auparavant. Dès qu’on la vit entrer dans le village, de jeunes enfants accoururent et l’accueillirent en s’exclamant : « Paraiti ! La Balafrée ! Te revoilà ! » Même le vieux chef Whaturangi se déplaça pour la saluer et lui offrir de planter sa tente auà côté de Te Tokanganui a Noho, la grande maison commune ringatu"
Peuple maori
L’autre élément caractéristique de cet ouvrage est l’emploi de mots en « version originale ». Régulièrement, Witi Ihimaera insère des mots, des expressions ou des phrases en maori.
Assez perturbant dans les premières pages je dois le reconnaître, j’ai par la suite pris énormément de plaisir tant ils se marient idéalement aux descriptions de la nature. Je vous rassure outre les notes en bas de page, il y a un glossaire récapitulatif en fin d’ouvrage.
Le peuple maori et la nature ne font qu’un. La symbiose entre les deux est régulièrement souligné par l’écrivain. Le lecteur en profite pour faire plus ample connaissance avec les habitudes de ce peuple ancien. J’ai ainsi complété et mieux compris ce que le rugby m’avait enseigné sur lui.
De plus, tout au long de l’ouvrage, Witi Ihimaera nous offre une leçon d’histoire sur son peuple. Il met en exergue les difficiles relations voire les impossibles cohabitations entre les locaux maori et les Pakeha. Il dépeint par exemple des villes divisées et segmentées entre les quartiers riches blancs, et de l’autre les bidonvilles dans lesquels sont repoussés les maoris, ou le besoin de « clandestinité » de ces derniers.
"Côtoyer les Pakeha n’avait rien de naturel pour Paraiti ; elle avait l’impression de devoir franchir un abîme entre deux mondes. La balafre sur son visage la desservait encore, car elle lui donnait un aspect plutôt sinistre. En ces temps modernes, les Pakeha aimaient dire qu’ils formaient un seul peuple avec les Maoris, mais des signes de division persistaient : il y avait d’un côté des quartiers blancs de la ville, en particulier les demeures somptueuses de Waterside Drive, et de l’autre les bidonvilles où vivaient les Maoris."
Un agréable voyage
Le séjour du lecteur au cœur de l’environnement maori, sa forêt, ses terres, ses lacs, ses animaux, ses hommes et leurs divinités, ses villes et ses quartiers se déroule dans d’excellentes conditions.
Il est servi par une belle écriture, fluide, poétique et très évocatrice. Comme souligné dans le paragraphe précédent, l’usage de la langue maorie y est pour beaucoup. On s’attache très rapidement à Paraiti dont on ne peut que louer les valeurs et souffrir avec elle face à ses tiraillements face à la demande de Mme Vickers.
La tension, parfois forte, est abaissée avec l’appel à l’humour ou gommée avec les sublimes métaphores employées.
Le tout est un récit engagé, fort qui ne peut laisser indifférent.
J’ai personnellement beaucoup apprécié la lecture de Faux-semblant et n’ai qu’un regret : il est trop court (à peine plus de 100 pages…).
Belle découverte, je vous invite à votre tour à voyager en Nouvelle Zélande en lisant Witi Ihimaera, auteur qui mérite d’être connu.
4/5
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