"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une femme au foyer au bord de la crise de nerf, un village troublé par l'arrivée d'un étranger, une galerie de personnages masculins inquiétants, une forêt mystérieuse abritant soi-disant une bête féroce, voici les ingrédients de ce roman noir amoral à l'humour corrosif. Quand l'impensable survient, c'est le début d'une course-poursuite à la recherche du coupable, et d'un gros paquet de fric... alors que la bête rode. Un jeu de massacre haletant et jubilatoire, sur les rapports de domination, entre Le petit chaperon rouge et C'est arrivé près de chez vous.
Si tu cours dans une meute, même si tu ne peux pas aboyer, remue la queue
Montcalme un trou de campagne, dit zone blanche, car tout le monde a un portable mais ne peut s’en servir que lorsqu’il sort de ce trou.
Une bande d’hommes, des purs et durs, de ceux qui exercent leur force sur plus les faibles, femmes, enfants et migrants sans papiers.
Leur culture, en dehors des terres de moins en moins cultivables, faute de repreneurs, est faite d’un ramassis de préjugés. Ceux-ci forment le matelas de leur bonne conscience, car il faut bien trouver une bonne raison à la création de ce Comité de vigilance citoyenne.
« La peur, entretenue grâce à une perfusion télévisuelle constante, orientait chacune de ses décisions. La peur de l’autre. La peur de manquer. La peur de l’abandon. De la maladie. De la mort. Du mauvais sort. Du mauvais coup. »
Comme dans tout village il y a un idiot mais au fur et à mesure de l’histoire, le lecteur s’interroge.
En tête de ce comité Lionel, employé de mairie, qui a de hautes ambitions, ce n’est pas un homme, juste de la haine sur pattes. Il est épaulé par le médecin, l’instituteur et le seul agriculteur survivant. Des épis de blé ont disparu et c’est la guerre, ils courent tous après l’étranger : Souleymane caché dans les bois. Bois qui a sa propre légende celle de La Fauve, bête qui rôderait depuis des siècles.
Mais en quelques heures c’est la descente aux enfers.
Yvan Robin mène ses lecteurs par le bout du nez en un récit rapide comme un précipice, précis dans un vocabulaire travaillé, en images et dialogues justes, il n’en rajoute pas , la curée est déjà assez sanglante.
La révolte des femmes était en sommeil, mais je ne pense pas qu’ici elle soit « l’avenir de l’homme ».
« Les femmes, d’ailleurs, en nombre, contribuaient à la perpétration de l’injonction. Il n’y avait pas d’alternative, Blanche se devait d’éprouver du désir, ou de feindre. C’était la moindre des politesses. »
Les éditions Lajouanie nous disent « Roman policier mais presque… » c’est dans ce presque qu’est caché le sel de l’histoire qui vous précipite dans les abymes, et vous interroge néanmoins sur un monde qui se dessine et dont vous ne voulez surement pas.
Si je devais définir ce roman en une seule phrase je dirais que Yvan Robin a réussi un brillant strike à vous donner le tournis.
Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Lajouanie pour ce privilège de lecture.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/11/11/la-fauve-yvan-robin/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !