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Anne-Marie Thiesse, historienne spécialisée dans l'étude sur les identités nationales, en particulier française, a publié avec succès il y a quinze ans, La création des identités nationales en Europe du XVIIIe au XXe siècle au Seuil.
Sur cette lancée, elle s'est mise à étudier le rapport des littératures à la nation. Magnifique sujet à double entrée : l'implication des écrivains dans la création ou l'exaltation de la nation, l'évolution des littératures en fonction de l'avènement des nations ou de leurs crises.
Le sujet couvre l'énorme champ de connaissances : depuis les grandes incarnations nationales d'écrivains (Shakespeare, Hugo, Goethe, Cervantès, etc.) jusqu'à l'étude des écrivains qui ont effectivement milité pour la formation nationale (comme Peötefi en Hongrie) ou ceux qui ont incarné un moment national comme le Aragon de la Résistance. Mais il s'agit aussi de la formation des langues, des mécanismes de consécration, de l'ampleur des traductions, du rôle de la critique, des écrivains diplomates, des monuments érigés en leur faveur dont le plus célèbre et le premier, celui de Walter Scott à Édimbourg en 1844. Ou encore des tombes, comme celles de Michelet au Père Lachaise.
Les échos du sujet avec la situation présente sautent aux yeux : aussi bien avec la discussion sur le rôle des grands auteurs dans l'apprentissage du français qu'à travers le problème actuel des traductions d'écrivains à l'étranger.
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