Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

La fabrique d'absolu

Couverture du livre « La fabrique d'absolu » de Karel Capek aux éditions La Baconniere
Résumé:

La Fabrique d'absolu est un roman de science-fction redige en 1922, alors que le genre n'etait pas ofciellement reconnu, mais c'est surtout une dystopie a la maniere de Capek, contenant force elements reels, une tres haute dose d'ironie et des intuitions fulgurantes.
En pleine crise du charbon... Voir plus

La Fabrique d'absolu est un roman de science-fction redige en 1922, alors que le genre n'etait pas ofciellement reconnu, mais c'est surtout une dystopie a la maniere de Capek, contenant force elements reels, une tres haute dose d'ironie et des intuitions fulgurantes.
En pleine crise du charbon qui se fait de plus en plus rare, un grand industriel, Bondy, va tomber par hasard sur l'invention d'un de ses amis d'enfance. Celui-ci a mis au point un systeme parfait de production d'energie a partir de minimes quantites de charbon et sans creation de dechets. Le charbon est entierement degrade dans ses « carburateurs » qu'il nomme nucleaires et qui exploitent entierement l'atome. Seulement ces carburateurs dans le processus d'utilisation totale de la matiere, degagent une essence divine. Toute personne placee a proximite est ainsi touchee par la grace et devient profondement croyante, donne tous ses biens aux pauvres, fait des miracles... Ce ne sont pas les seuls effets nefastes du carburateur qui, place dans les usines, se met a travailler tout seul et a produire sans arre.t et sans limite. Le conft mondial et le chaos sont inevitables et Capek les imagine arriver entre 1944 et 1953 !
Dans cette fable feroce contre le Progres aveugle, contre les machinations geopolitiques qui ont mene a la Grande guerre, Capek analyse avec beaucoup de subtilite l'humain face a ses defauts sociaux. Comme dans La Guerre des salamandres (La Baconniere, 2012), il se revele, a travers ce texte, un representant original du roman utopique en me.me temps qu'un maitre novateur de la prose tcheque moderne.
á Sous ses dehors de plaisante pochade, le present livre ne manquera pas d'impressionner le lecteur contemporain par de troublantes intuitions relatives aux ravages a venir tant de la bombe atomique que des ideologies totalitaires qui pretendaient faire le bonheur des gens malgre eux. â Eric Naulleau, Le Matricule des anges, 1999.

Donner votre avis

Avis (1)

  • Les éditions La Baconnière ont eu la bonne idée de rééditer en 2020 La Fabrique d’Absolu, de Karel Čapek, basée sur une traduction certes ancienne, mais revue avec des noms propres non francisés, ce qui est appréciable ! Il y est question de l’invention d’une machine révolutionnaire, le...
    Voir plus

    Les éditions La Baconnière ont eu la bonne idée de rééditer en 2020 La Fabrique d’Absolu, de Karel Čapek, basée sur une traduction certes ancienne, mais revue avec des noms propres non francisés, ce qui est appréciable ! Il y est question de l’invention d’une machine révolutionnaire, le Carburateur…

    L’ingénieur Marek met en vente l’appareil qu’il vient d’inventer : le Carburateur, capable de produire beaucoup d’énergie à partir de peu de matière et sans produire de déchets : une révolution en perspective !

    "Tu n’as pas la moindre idée de l’énergie formidable qui existe dans les atomes. Avec un demi-quintal de houille, tu peux faire faire le tour du monde à un steamer, éclairer Prague tout entière, faire fonctionner une usine, ou tout ce que tu voudras ; avec un morceau de charbon gros comme une noisette, tu chaufferas et feras cuire la nourriture de toute une famille ; et, finalement, on n’aura même pas besoin de charbon, on se chauffera avec le premier cailloux venu, ou avec une poignée de terre ramassée devant sa maison. Chaque parcelle de matière possède en soi plus d’énergie qu’une énorme chaudière à vapeur. Suffit de la faire sortir !"

    Pas de déchets, certes, mais la combustion provoque la libération de l’Absolu, c’est-à-dire d’une puissance divine, ce qui fait que l’ingénieur Marek s’inquiète des conséquences de son invention, ce qu’il partage avec l’industriel Bondy, sur le point de développer le Carburateur à grande échelle :

    "Il révolutionnera le monde techniquement et socialement. Il diminuera dans d’immenses proportions les frais de fabrication. Il supprimera la misère et la faim ; il empêchera un jour notre planète d’être recouverte de glaces. Par contre, il projette Dieu comme s’il s’agissait d’un simple sous-produit. Je t’en conjure, Bondy, ne sous-estime pas cela. Nous n’avons pas l’habitude de compter avec le véritable Dieu. Nous ne savons pas ce que sa présence peut perpétrer au point de vue culturel, moral, etc. Mon vieux, c’est la civilisation humaine qui est en jeu !"

    Ce qui était à craindre se réalise et l’Absolu devient rapidement incontrôlable. Il répand la foi sur toutes les personnes qui s’en approchent, avant de prendre lui-même le contrôle de la production des biens.

    Ce livre est d’une grande richesse de thèmes : la recherche du profit, celle de la production d’une énergie limitée, les méfaits du progrès, l’intolérance, les dangers du fanatisme religieux et in fine, l’absurdité de la guerre. Ce livre est également très humoristique, comme l’illustre ce passage où l’ingénieur Marek et l’industriel Bondy consultent le Cardinal avant de produire le Carburateur :

    "Messieurs, ne croyez pas, je vous en conjure, que l’Eglise fait pénétrer Dieu dans le monde. L’Eglise ne fait que le contenir et le canaliser. Vous, Messieurs les athées, vous le déchaînez comme une inondation."

    Ecrit en 1922, ce récit dystopique conserve une grande actualité. Les thèmes sont universels et certains passages font penser aux dérives attendues de l’Intelligence Artificielle ou à notre quête de société d’abondance. L’auteur est fidèle à sa ligne « humaniste » :

    "_ (…) Vous savez, plus grande est la chose à laquelle on croit, plus on est acharné à mépriser ceux qui n’y croient pas. Et pourtant, la plus grande Foi ce serait de croire en l’homme."

    Ma dernière rencontre avec Karel Čapek date de la lecture de La maladie blanche, un autre roman dystopique écrit 15 ans plus tard, qui a retrouvé une grande actualité avec l’épidémie de Covid-19, et qui est à mon sens supérieur à La Fabrique d’Absolu. Ce dernier aurait gagné à être quelque peu raccourci pour être plus incisif. Il confirme néanmoins qu’il faut relire Čapek, un grand écrivain du XXème siècle.

    https://etsionbouquinait.com/2023/09/01/karel-capek-la-fabrique-dabsolu/

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.