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Cette énorme et audacieuse entreprise a été engagée par l'éditeur pour la raison qu'aucune traduction en français (si belle soit-elle) n'a encore réussi à conjoindre la musique et la modernité de la Divina Commedia. Fidèles à nos précédentes expériences à La Dogana (Góngora, Dickinson, Keats, Mandelstam, Akhmatova, Saba, Orelli ou Rilke) nous avons confié à un poète la tâche de faire entendre dans notre langue la voix du modèle. La prestigieuse traduction d'André Pézard (1965), pour préserver la rythmique de l'hendécasyllabe originel, sombre dans l'obscurité en produisant un texte plus archaïque que celui de Dante. De leur côté, les traductions volontairement « contemporaines » de Jacqueline Risset ou, plus récemment, de Charles Vegliante, privilégiant tantôt l'aisance, tantôt la rugosité, renoncent à la musicalité pourtant germinale du tercet dantesque. Tenir les deux bouts de cette tresse de quatorze mille vers, tel est le pari de Michel Orcel, qui, fort de l'expérience profonde et méditée des grands poètes italiens (Michel-Ange, L'Arioste, Le Tasse, Leopardi), a su tirer du vers régulier de dix pieds les sonorités inouïes de l'outre-monde dantesque.
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