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La destruction de Nice

Couverture du livre « La destruction de Nice » de Michel Orcel aux éditions Pierre-guillaume De Roux
Résumé:

Tout commence par une destruction : celle de Nice secouée par un tremblement de terre sous les yeux ravis de Nietzsche (« Nice » en allemand) et finit par une naissance : celle de l'ourson, « l'orcel » dont la mère doit lécher la première peau pour le mettre définitivement au monde... Revenir à... Voir plus

Tout commence par une destruction : celle de Nice secouée par un tremblement de terre sous les yeux ravis de Nietzsche (« Nice » en allemand) et finit par une naissance : celle de l'ourson, « l'orcel » dont la mère doit lécher la première peau pour le mettre définitivement au monde... Revenir à l'animalité bienheureuse, tel est le pari de cette sorte de récit de voyage et de rêveries qui, semblable à une boîte à surprises, ouvre sur mille vues uniques en leur genre. Car Michel Orcel sait dépouiller les apparences de la civilisation et de la gloire pour mieux en raconter l'histoire secrète : pour mieux revenir à la sauvagerie des origines. Encore s'agit-il d'une sauvagerie teintée d'Italie... L'auteur, en peintre né, connait ses « sujets » tous penchés du côté des Alpes. A commencer par Senancour, le contemporain de Chateaubriand, auteur d'Obermann, à qui il trouve une ressemblance inédite avec Leopardi, le séquestré de Reccanati. Parce que tous deux restent attachés à la sensation pure, au culte d'un âge d'or primitif. C'est ainsi que Senancour fait entendre, lui aussi, ses « oiseaux » au fil d'une langue très musicale, qui va et vient rêveusement entre pensée et sensation, reflet d'une période ineffable entre Lumières et Romantisme. Est-ce que l'histoire d'un ancien blason polonais représentant une jeune vierge chevauchant, nue, un ours aurait quelque chose à voir avec un rêve d'Italie ? Oui si on en croit le célèbre nom Orsini, devenu des Ursins... La sauvagerie aime à marquer de sa patte les plus vieilles et nobles lignées... De sorte que trois écrivains en route à des époques différentes vers la Vénétie font inconsciemment allégeance à ce rappel à l'instinct : Montaigne, atteint comme son père de la maladie de la pierre, ne cesse de faire entendre dans sa relation de voyage le mot « canal », bien plus tard le Président de Brosses, s'il exécute consciencieusement des rapports dignes de la renommée historique de la péninsule, ne résiste pas à gâcher son effet par des recommandations fort sensuelles (on ne peut selon lui bien goûter la musique d'église qu'à la condition qu'elle soit dirigée par une belle jeune fille...).
Quant à Giono, son imagination est telle qu'il ne visite plus l'Italie qu'au gré du seul plaisir, du farniente, des amours et des bagarres... Mais Michel Orcel dépasserait presque ce dernier en anecdotes et en trouvailles : tableaux grandioses, villages pittoresques, paysages portant à la méditation, manies d'artiste, souvenirs autobiographiques et jeux de mots... tout redevient sauvage sous son regard. Tout réapparait comme au premier de la création. Excitant, beau, dangereux et stimulant.

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