"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ce que personne ne sait et qui ne laisse pas de trace n'existe pas » expliquait Italo Svevo. Si chez certains le temps suffit pour qu'un événement tombe dans l'oubli et qu'on vienne à penser qu'il n'a jamais existé. Pour d'autres, au contraire, le souvenir est resté vivace, entretenu par un groupe ou une communauté d'individus, souvent organisés en associations, et prêts à tout pour faire connaître et reconnaître un massacre, un attentat, un génocide, une catastrophe naturelle... Confrontés les uns aux autres, ces souvenirs suscitent parfois une compétition malheureuse, parfois volontaire, souvent inconsciente, qui s'alimente d'un univers sur-médiatisé où les images récentes et plus anciennes se multiplient et se télescopent.
La concurrence des mémoires défie les imaginaires nationaux et remet en question le droit des États à dicter ce qui leur semble bon pour la Nation. Souvent considérée comme un effet secondaire lié à des problèmes plus fondamentaux, la concurrence mémorielle est en réalité un enjeu structurant et déterminant pour la cohésion sociale de nos sociétés.
Diplômé en science politique de l'Université de Liège et du Collège d'Europe (Bruges), Geoffrey Grandjean est Aspirant du Fonds de la Recherche Scientifique - F.N.R.S. au Département de science politique de l'Université de Liège.
Licencié en philosophie et docteur en science politique, Jérôme Jamin est chargé de cours au Département de science politique de l'Université de Liège.
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