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Buenos Aires, la cité du crime. Ville portuaire aux bas-fonds menaçants, trottoirs aux mains des pickpockets, arrière-cours transformées en coupe-gorge, parfum de débauche et de transgression... De la Belle Époque à la fin des années 1930, la capitale argentine a joué à se faire peur. Chaque matin, la presse populaire inonde la ville d'histoires imprégnées de sang frais, pour la plus grande délectation d'un public à la recherche de sensations fortes. C'est cette relation collective à la peur, cette curiosité morbide attisée par les titres à grand tirage, le cinéma, la radio, qu'étudie Lila Caimari dans cet essai à mi-chemin entre l'histoire des mentalités et l'anthropologie du crime.
Figures du cambrioleur, de l'arnaqueur, de l'anarchiste, du « pistolero », du criminel « passionnel »... Autant de constructions sociales donnant à lire l'imaginaire d'une société qui, à travers ces modèles, révèle ses propres hantises face à l'immigration massive, le matérialisme, l'affaiblissement de la religion, les changements dans la morale sexuelle... Autant d'enjeux venant éclairer à nouveaux frais les formes du contrôle social et les entrelacements noués entre peur du crime et critiques de la modernité.
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