Cette semaine, Julie a choisi Fanny pour partager sa lecture et son avis sur le livre Kouri de Dorothée Werner (Lattès), pour le Club des Explorateurs de lecteurs.com
Bien déçue par ce roman dont j'attendais beaucoup suite à la lecture du résumé. Finalement, nous assistons au récit de souvenirs de Germaine Tillon durant la guerre et non aux procès de deux anciennes gardiennes de Ravensbrück, ce qui m'a beaucoup déçue. Le récit m'a paru décousu, pas facile à lire, assez plat, j'ai eu du mal à finir ce livre.
Kouri est un roman historique. C’est n’est pas une biographie mais l’auteur s’est largement inspirée de l’histoire de Germaine, une résistante française qui se faisait appeler Kouri.
Moi, j’aime les romans historiques, j’aime qu’on me raconte l’Histoire.
Il m’est important de lire ce qui s’est passé en temps de guerre. Je crois savoir que les gens ont été déportés, gazés, torturés, tués. Je crois savoir, mais à chaque fois que je lis un livre traitant de la guerre, je suis toujours surprise… Je ne sais pas tout, je ne connais qu’un centième de ce que les gens ont endurés et vécu.
Quand on lit Kouri, on fronce les sourcils, on se met dans un endroit silencieux. Il n’est pas question de faire du bruit à côté. On est à côté de Kouri, on est dans le train avec elle.
Nous sommes 5 ans après la libération, Kouri est convoquée au tribunal pour témoigner au procès de deux femmes accusées d’avoir égorgé des prisonnières dans le camp de concentration de Ravensbrück.
Tout le roman se passe dans le train. Ce qui est le plus important finalement, ce n’est pas le tribunal et le jugement de ces deux femmes, « Banane et Moustache » comme les a surnommées Kouri, car le juge a bien précisé qu’elles étaient jugées uniquement pour savoir si oui ou non elles avaient égorgé des femmes, et rien d’autre. Ce qui est important c’est ce dont Kouri se souvient. Elle a promis à toutes, surtout à celle qui ne sont pas revenues, de raconter et de se souvenir, pour que les gens sachent.
Pendant tout le trajet, Kouri repense à ces temps de guerre. Elle se remémore ce que faisaient les prisonnières du camp.
Les pensées de Kouri défilent comme le paysage que l’on voit par la fenêtre du train. Comme lui, les pensées de Kouri vagabondent, sans toujours suivre une chronologie.
Les personnes dans le train se transforment en fantômes sous ses yeux. Nous sommes embarqués lorsqu’elle affronte ses peurs et se remémore de vieux démons.
J’ai aimé l’écriture de l’auteure. J’ai trouvé ce texte poétique, bien écrit. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Kinderzimmer de Valentine Goby. Je trouve que ces deux livres se font échos.
J’ai lu Kouri d’une traite, parce que ce genre d’histoire ne laisse pas indifférent, parce qu’on est dans le train quand on lit ce livre, on ne peut pas descendre avant de l’avoir fini.
Et même quand on descend du train… on continue de penser à Kouri.
« Une mascarade, c’est le mot. […] Deux mois durant, chaque matin elle était au rendez-vous, et puis chaque après-midi. Droit debout le cœur serré, seule et fidèle au poste, petite silhouette de piaf dans le box réservé au public. Clairsemé, le public. »
Le 27 Mai 2015, Germaine Tillion est entrée au Panthéon. Cette résistante décédée en 2008 à l’âge de 100 ans a souvent inspiré les auteurs. Et c’est avec cet ouvrage, « Kouri », que Dorothée Werner décide de lui rendre hommage. Kouri est le surnom attribué à Germaine Tillion durant cette sombre période de résistance de la Seconde Guerre Mondiale, une période historique passionnante. Le roman de Dorothée Werner s’inspire librement de faits réels, et les citations de Germaine Tillion lient l'historique à la fiction de façon étonnante.
En 1950, Kouri est convoquée au procès de deux anciennes gardiennes du camp de Ravensbrück où elle a été déportée, surnommées « Banane » et « Moustache », elles sont coupables d'avoir tyrannisé des centaines de prisonnières...Mais ne sont pas impliquées dans le crime dont on les accuse. Kouri se révèle être un élément clé de ce procès car son témoignage sera déterminant. Nous partageons donc ses doutes durant le trajet du train qui la conduit en Allemagne et ravive en elle de nombreux souvenirs, que ce soit son moyen de transport qui l'effraie ou la foule qui l'oppresse. Kouri, même libre, lutte encore, elle se confronte au “monde noir”... Celui dont elle pensait s’être détachée. Ce trajet lui confirmera qu’il existe toujours deux catégories de personnes, comme celles qu'elle a connu par le passé.
Avec ce roman Dorothée Werner interroge le doute dans l’humanité et ce qui la constitue. C’est très bien écrit et d’une façon qui touche le lecteur par le fond et la forme, notamment en dressant le portrait des deux geôlières, anciennes détenues, victimes elles aussi mais à une autre échelle, à découvrir au fil de la lecture pour ne pas gâcher la surprise. Ce roman pourrait mériter des pages entières noircies pour en parler, notamment parce que j'adore cette période de l'Histoire et les femmes qui s'en détachent, mais cela se révèle finalement compliqué sans en raconter l'histoire et en révéler les ficelles . Ce livre donne à réfléchir, sur le mal, le sens de la justice et de l’honneur. Un roman plein d’humanité et qui touche.
Kouri met en scène Germaine Tillion, écrivain, résistante et survivante des camps tout récemment Panthéonisée. C'est cette actualité qui m'a donné envie de découvrir le livre, et je n'ai pas été déçue du voyage.
C'est par un train que tout commença et c'est dans un train que s'insère le récit de Dorothée Werner. Germaine Tillion, alis Kouri, est en route pour témoigner au procès de deux gardiennes du camps où elle a été retenue avec sa mère et toutes les autres femmes qui n'ont jamais quitté sa mémoire. Car Kouri fait partie de celles qui ont survécu et de celles qui parlent, celles qui ne se sont pas départies de leur idéal de justice et qui continue à croire que la lumière doit être faite sur les horreurs qu'elles ont connues. Cette force de conviction, Dorothée Werner la restitue à merveille dans un livre foisonnant d'images évocatrices et puissantes. Ultime tour de force, les citations de l'autobiographie de Germaine Tillion insérées dans le roman se fondent dans le texte comme si elles y avaient pris racine. L'auteure parvient avec brio à faire coïncider sa prose avec son propos et son personnage. le voyage en train ramène Kouri vers son passé, littéralement et métaphoriquement, en précipitant sous son regard des personnages qui la renvoient sans cesse aux camps et à l'obsession de justice dont elle ne parvient à se débarrasser. L'utilité de sa démarche est intelligemment questionnée dans la relation épistolaire entretenue avec Hélène, sa presque soeur, elle aussi rescapée des camps. En fin de compte, ce que le livre démontre avec maestria, via l'opiniâtreté de son personnage principal, c'est que les idéaux survivent tant que l'on continue à s'engager pour les défendre.
Une oeuvre agréable et pertinente, pour le fonds comme pour la forme.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !