"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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J’aime les lectures qui me mènent à d’autres, qui ouvrent l’immense champ des idées et des envies.
J’aime cette couverture, que j’ai contemplé, touché, comme un ouvrage précieux qui attend le bon moment pour être saisi, compris, méditer.
Ce Journal pauvre contient une philosophie de vie vers laquelle je tends, vers laquelle j’aimerais plonger. Je suis encore retenu par quelques vents contraires apeurés, mais je songe aux changements et le construit au fil de mes lectures, de mes rencontres, de toutes les réflexions qu’elles entraînent.
Et si le règne de la lenteur était la clé suprême pour se sentir complètement vivant, en phase avec la nature et avec soi ? Ré expérimenter l’économie solidaire, alternative, d’échange et de débrouillardise. Observer la nature et les multiples possibles qu’elle met à disposition.
L’ampleur de ce que je ne connais pas m’accable parfois mais me réjouit aussi, parce qu’il est l’espoir d’envisager un jour de faire vraiment ce que j’aime, d’être celle que j’envisage.
L’auteure a passé l’année à tâtons, en phase avec ses facettes créatives. Éloge du lent, du doux, du contemplatif et de la persévérance. Retour à l’essentiel ou essentiel ravivant le minimalisme ? Asservissement consenti vers un mieux vivre ou bannissement de la soumission ? Et s’il suffisait de s’abandonner à l’espoir du petit caillou lancé pour l’apaisement des âmes ? Pour la beauté de l’acte, des mots ? Ecrire pour retrouver la lumière, construire pour contrer le doute.
Balbutiante, la lenteur rayonnant à la recherche des silences. Les siens, les nôtres. Un joli voyage initiatique.
Solaire, puissant, intime, ciselé dans un noble d’ouverture, « Journal pauvre » est atypique. Il ne craint pas le froid, le manque, attise la gourmandise d’une lecture prometteuse. Ingénieux, sa sagacité étincelle dans les lignes dévoreuses de sens et de confidences. Frédérique Germanaud repliée dans l’oasis verbal, en contre-jour, dans un lieu spartiate, écrit ce que le repli du jour lui indique du regard. L’hédonisme est flamboyant. Il étire ses ailes et l’aura devient source vive. Frédérique Germanaud trouve dans le silence, dans ce peu et le changement de vie, la sagesse qui octroie les plus beaux passages d’une vraie littérature. Son journal est à mille, mille de « L’Ere des Petits Riens » à l’instar de Delerm. Ici la glaise se façonne en vertueuses syllabes. Ce ne sont pas les choses manquantes qui sont ici importantes mais la goutte de rosée qui subrepticement enchante les vitraux grammaticaux. Le fil rouge cher à l’Algérie est une quête existentielle pour l’auteure. « Aujourd’hui, il pleut à Oran, ici le ciel tout est bleu. Je ne veux pas abuser ma famille, les rapatriés, ceux qui ont vécu ces années dans la douleur. L’enjeu finalement va au-delà de la littérature. Pour la première fois je suis confrontée à ce genre de difficulté. » « Ilanit Illouy a entrepris son travail plastique sur le camp du Grand Arénas à partir d’un mot de sa mère qui l’intriguait « le gymnase» Sa mère disait qu’enfant, quittant l’Algérie à destination d’Israël, elle et sa famille avaient été accueillies dans un gymnase. ….. Ni l’une ni l’autre ne cherchons une vérité historique ou sociologique, mais des traces demeurant dans le paysage, les êtres, les mémoires. » Frédérique Germanaud écrit une mine d’informations sur les auteurs, les grands textes qui sont pour cette dernière, lianes, encre et espoirs. »Golovanov fait l’éloge de la fuite : Les éternels fugitifs du XXè siècle paraîtront peut-être étranges aux hommes du XXIè siècle tout simplement parce qu’il n’y aura plus aucun lieu pour fuir. » Elle puise en eux la force vitale pour survivre. « Journal pauvre » est un éclat dans la nuit. « Il y aurait tant de choses à écrire, à retenir dans les pages d’un cahier. Tant de choses qui s’échappent. En cela aussi, le journal peut être dit pauvre. »La preuve que le Tout est dans l’invisible, dans la fragilité matérielle, dans Ce vouloir pauvre, le spéculatif est le regain littéraire. A lire en pleine solitude. Brillant. Publié par Les Editions La clé à molette, « Journal pauvre » est en lice pour le Prix Hors Concours 2019 Gaëlle Bohé. C’est une grande chance.
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