« Raoul Sebastian pour le substitut Adrien de la Tour de Warneton ! » appela un gendarme à la mine sévère qui m'escorta dans un dédale d'escaliers et de couloirs jusqu'au bureau du substitut du procureur.
Dans la main droite, le procureur tient un porte-mine en or qu'il pointe vers le tabouret-sellette, devant son bureau. De la gauche, il serre un téléphone : « Mais oui, ma chère, je me ferai un plaisir d'assister à votre vernissage. Merci pour l'invitation. Mes hommages. À bientôt... » Il dépose le combiné qui fait "clic".
« Nous avons décidé de vous libérer, qu'on ne vous y reprenne plus ! » Pluralis majestatum et la grosse voix.
C'est ainsi que se terminent, en 1945, quatre mois de régime carcéral pour un adolescent. Il était un enfant lors de son entrée à la prison de la rue des Béguines, à Anvers. En sortant, il se sentait léger et euphorique, il croyait tout savoir. On allait voir ce que l'on allait voir.
Que voit-on quelques mois plus tard à Cologne ? De la contrebande, beaucoup d'argent, des femmes : l'adolescent est-il mal parti dans la vie ?
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