"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tous les Noirs sont supposés identiques, produits d'une tradition immuable, aimant les même choses, avec plein de trucs dans la peau et le sang, comme le rythme, le vol ou le mensonge.
Pourquoi m'enfermerais-je dans cette image qu'ils voudraient pétrifiée ? Dans le sang, je n'ai que des globules. J'ai le droit d'aimer Beethoven et pas forcément Beko-sade, comme Dupont aime la flûte des Andes. J'apprécie l'opérette et non le tam-tam ou le Griot que je ne connais même pas. J'ai le droit d'être de Dijon et pas du Zambèze. Je suis cadre et non éboueur. J'ai sur le front l'onction chrétienne et non musulmane. Quand je dis MOMO, je pense à Maurice et non à Mohamed. J'ai le droit de croire que l'on peut aimer les sauterelles de Ngomezap sans être plus sauvage que le mangeur de grenouille, l'amateur de corrida, ou le gobeur d'ortolans de braconnage... J'ai le droit de dire que les Blacks sont une fabrication hybride qu'il faut éradiquer du paysage social français. Mais surtout, j'ai au fond du coeur l'espoir qu'un jour, il deviendra évident qu'un Français peut se nommer Mamadou. Et quand on vit dans un pays, comme la France, depuis vingt, on soit considéré comme français quelque soit la couleur de sa peau.
Gaston Kelman nous propose ici un ouvrage plus qu'intéressant, pour qui veut se pencher sur le problème du racisme, notamment en France, le racisme de "faciès", vis-à-vis des noirs ou des maghrébins, car comme il le souligne à plusieurs reprises, un étranger de type caucasien ne connaîtra pas cette forme de racisme.
Il traite le problème sous tous les angles. D'une part il reproche aux "blancs" de penser que les "noirs" sont inférieurs à eux, mais d'autre il fait remarquer à ceux qui veulent tenter leur chance en France qu'ils doivent s'intégrer, c'est-à-dire se plier aux lois, à la citoyenneté, au savoir-vivre applicables en France, et estime que c'est la moindre des choses que de respecter le règlement du pays qui les accueille.
Il déplore le racisme récurrent envers les noirs nés sur le sol français, tout autant français que n'importe lequel d'entre eux, mais qui souffrent de leur différence de couleur et sont rattachés bien malgré eux à des origines dont ils ignorent presque tout.
L'auteur propose plusieurs solutions, notamment un suivi de chaque famille arrivant en France, une obligation d'apprendre le français, de respecter les règles, de s'occuper comme il se doit de sa progéniture, de s'adapter aux logements qui leur sont proposés, en évitant d'importuner les voisins... De s'intégrer, en somme, et il demande aux pouvoirs publics de leur en donner les moyens.
Vision très lucide que celle de ce Bourguignon qui s'inquiète pour l'avenir de ses propres enfants et peine déjà à les rassurer quand ils sont victimes de remarques racistes.
A lire, pour voir les choses sous un autre angle et découvrir, parfois, des faits abjects qu'on ignore.
Gaston Kelman est né au Cameroun en 1953. Il a exercé pendant dix ans la fonction de directeur de l'Observatoire du Syndicat d'Agglomération Nouvelle de la ville d'Evry. Il est auteur d'essais, notamment "Je suis noir et je n'aime pas le manioc" (2004), "Au-delà du Noir et du Blanc" (2005) et "Les Blancs m'ont refilé un Dieu moribond "(2007).
Résumé : Souvenez-vous : la coupe du monde 1998 et son grand élan black-blanc-beur. Certains pourfendaient déjà cet espoir-baudruche, illusion naïve et qui finit par faire « pschitt ». Les problèmes étaient là : mythe de l'éboueur, mauvaise conscience d'un ancien pays colonisateur, mal-intégration d'une minorité qui s'imagine inférieure, marquée au fer rouge... En 2004, Gaston Kelman lançait son Je suis noir... comme un pavé dans la mare. Féroce et toujours juste, volontiers provocateur et gaulois, ce bourguignon « par choix » disait le malaise et analysait les dysfonctionnements. Une foule d'anecdotes vécues et d'articles polémiques qui, pour une fois, attaquaient les problèmes de fond. En ces temps d'identité nationale troublée, lire Gaston Kelman est décidément une priorité.
J'ai rencontré Gaston Kelman au Printemps du livre de Montaigu (Vendée) en avril 2006. Il m'a dédicacé un exemplaire de "je suis noir... manioc" (la version poche 10/18 à l’époque). C'est un homme charmant qui prend le temps de discuter avec ses lecteurs.
Son livre m'a beaucoup plu. Les idées reçues sur les noirs (taille du sexe, couleur de peau...), le racisme, les préjugés tenaces sont abordés souvent sous forme d'anecdotes mais l'auteur connaît son sujet et sait captiver le lecteur en utilisant un savant mélange d''humour, de franchise et de clairvoyance.
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