Comment sommes-nous tombés si bas ? Chez nous, ça ne pouvait pas arriver... Nous étions des gens si remarquables, respectés.
Du haut de ses quatre-vingt-dix ans, Gabrielle de Miremont semblait inatteignable. Figée dans l'austérité de la vieille aristocratie catholique dont elle est l'incarnation. Sa devise : « Ne jamais rien montrer, taire ses émotions ». Jusqu'à ce matin-là, où un gendarme vient lui annoncer la mort de son fils. Son fils cadet, son enfant préféré, le père Pierre-Marie, sa plus grande fierté. Gabrielle ne vacille pas, mais une fois la porte refermée, le monde s'écroule. Cet effondrement, pourtant, prend racine quelques semaines plus tôt, à la suite d'un article de presse révélant une affaire de prêtres pédophiles dans sa paroisse. Révoltée par cette calomnie, Gabrielle entreprend des recherches. Des recherches qui signeront sa perte. Ou sa résurrection.
Je suis la maman du bourreau raconte avec une subtilité et une justesse époustouflantes le calvaire d'une mère murée dans son chagrin. Un portrait dérangeant, qui touche au coeur, et rend un hommage vibrant à ceux qui osent dénoncer l'innommable.
Comment sommes-nous tombés si bas ? Chez nous, ça ne pouvait pas arriver... Nous étions des gens si remarquables, respectés.
Des exemplaires sont à gagner !
Coup de Cœur
Devrais-je dire Coup de Poing !
« Je suis la maman du bourreau » de David Lelait-Helo est un texte magnifique. J’ai été bouleversée et suis encore sous le choc.
Ce roman est l’introspection d’une vieille femme qui découvre que son fils prêtre est un pédophile.
Les mots sont forts, durs, gênants, émouvants, poignants.
Ce texte va longtemps me marquer.
Extraordinaire oeuvre. Oui, je crois qu'on peut parler d’oeuvre.
Comment David Lelait-Helo a-t-il pu ainsi entrer à la fois dans l'âme de cette maman et tout aussi ardemment dans celle de la proie ? Tout autant dans ce viscéral amour maternel que dans celle de cette proie déchiquetée, meurtrie ?
Qu'on soit croyant ou pas, cette écriture vous fait plonger dans presque tous les tourments que l'âme humaine peut traverser.
Tout n'est que peinture poétique dans ces deux cents pages. Aucun mot n'est de trop, aucune phrase trop longue. le cheminement de l'histoire de cette mère arrivée à la fin de sa vie est si complet qu'il nous permet de mesurer toute l'ampleur des dégâts.
Tout n'est que poésie des mots mais aussi déchirure, souffrance, plaie ouverte, débris, rébus : tous ces mots prennent assurément sens dans ce roman.
L'auteur a su s'approcher au plus près de cette mère et d'une des proies du prêtre ; si près que par moment je me suis dit qu'il a dû vivre un truc lui-même. Vite je me suis reprise en me disant qu'il avait simplement entendu au tout premier degré les témoignages qu'il a dû rechercher. Il est biographe certes, mais ce coup-ci, il a été d'un incontestable perfectionnisme.
Il a su camper et décrire les lieux de vie de manière captivante. " l''église, un de ces lieux qui assomme son visiteur pour mieux le soumettre ... L'église n'est pas un pouvoir et tu n'en es pas le Seigneur ... Scène de mort belle comme un Vermeer ... Ce fils qui sera l'âme de son âme ... Son fils, son amour, son Dieu, sa chute... Ivre de son Dieu, et de son fils jusqu'à l'aveuglement ".
Et cette proie, Hadrien, quelle description captivante. Mes larmes ont coulé.
J'avais emprunté ce livre en médiathèque, mais il me le faut dans ma bibliothèque, ça c'est une évidence.
Un roman percutant avec une forte intensité en quelques 200 pages. Le sujet fait référence à une actualité assez récente et déjà reprise plusieurs au cinéma ou même en littérature, à la savoir la pédophilie dans l’église. David Lelait-Helo a choisi d’aborde le sujet à travers les yeux d’une mère, Gabrielle de Miremont, une aristocrate fervente catholique et croyante, qui apprend à 90 ans que le récent scandale pédophile qui touche sa paroisse concerne son fils, Pierre-Marie. Ce fils qu’elle aimait, qu’elle chérissait, qu’elle a amené vers les ordres, s’avère être un monstrueux prédateur sexuel. La carapace de la rigidité va commencer à se fendiller. Comment va-t-elle gérer ce cataclysme ? Nier et défendre son fils ? Le rejeter ? Comment sa foi va-t-elle subsister à cette terrible nouvelle ?
L’idée de faire vivre le roman à travers ce personnage est intéressant et permettait à l’auteur d’aller vers plusieurs directions. Pour un fervent croyant pratiquant comment ces scandales de pédophilie ont été perçus ? Il fut une époque où le prêtre était la voix de Dieux, un membre de la famille qui partageait parfois certains repas, quelqu’un à qui on confiait sans arrière-pensée ses enfants pour la messe, des sorties ou des camps de vacances.
Le rapport mère/fils est extrêmement bien dépeint à travers un véritable amour sans le toucher et avec le vouvoiement. Gabrielle de Miremont est d'ailleurs une femme rigide qui s’interdit toute effusion extérieure et qui se soucie des apparences. La scène de l’ordination de Pierre-Marie est un exemple frappant de ce rapport entre la mère et le fils. Un fils qui devient « Père ».
Certaines phrases sont très fortes dans le livre comme lorsque le journaliste s’adresse à Mme de Miremont : « Votre crasse, Madame. La crasse de vos curés et de vos églises, la poussière glissée sous les tapis et les mensonges enfermés dans les tabernacles ».
Une lecture à découvrir et qui se dévore d'un trait.
Les mots me manquent pour décrire ce livre bouleversant.
Comment trouver les bons mots pour raconter l’histoire d’une femme de 90 ans, dont l’église et Dieu sont au cœur de sa vie ainsi que sa relation unique et fusionnel avec son fils prêtre.
Comment décrire son univers qui s’effondre lorsque qu’elle découvre l’impensable, qu’elle croit immédiatement en la culpabilité de son fils tant les mots d’Hadrien, une de ses nombreuses victimes, sont forts, immondes et sincères.
Alors elle affronte la vérité avec Hadrien, elle écoute les horreurs, elle écoute l’impensable, elle écoute la souffrance, les traumatismes, les vies gâchées…..elle comprend qu’elle est désormais la maman du bourreau…..
Un livre lu d’une traite ! Un sujet dure et horrible ! Il est bouleversant ! Une claque ! Je ferme ce livre le ventre noué et les yeux remplis de larmes…..
Mme de MIremont est très pieuse, a une forte personnalité, adore Dieu et son fils chéri devenu prêtre.
Elle leur a voué sa vie entière, en a délaissé ses deux filles.
Et sa vie entière s’écroule, à 90 ans, lorsqu’elle apprend qu’un prêtre de la paroisse a violé des enfants.
Et ce prêtre, c’est son fils.
D’un coup elle renie Dieu, renie son fils, renie sa vie.
Quelle belle écriture !
Elle fait tout le charme de cette histoire très bien racontée.
Outre la pédophilie dans l’église, c’est l’histoire du drame d’une mère qui découvre que son fils aimé est un monstre, que toutes les convictions qui ont dicté sa vie, ne sont que mensonges, qu’elle a bâti son existence sur des illusions.
C’est prenant, c’est poignant, ça laisse un goût amer.
Un roman comme une claque.
Bien écrit, laissant passer les sentiments sans aucune mièvrerie, dans l'air du temps sans être ni trop convenu ni trop occupé à cocher toutes les cases.
Gabrielle de Miremont, aristocrate de village, règne depuis sa belle maison bourgeoise sur la vie de son fils, celui qu'elle a considéré comme un don de Dieu, qu'elle a voué à la prêtrise et dont le plus beau jour fut celui de l'ordination de Pierre-Marie.
Elle n'a eu que faire de son époux et de ses deux filles aînées, ni de leur progéniture, qu'elle ne voit que rarement.
Quand le gendarme du village vient lui annoncer la mort violente de son fils, elle se pose enfin et raconte ces dernières semaines.
La publication dans le journal local d'une énième enquête sur les violences pédophiles au sein d'une troupe de scout, un second volet donnant la parole à une victime, Hadrien, qui acceptait de témoigner.
Sa rencontre avec Hadrien, le récit factuel des violences endurées dans son enfance, violences infligées par Pierre-Marie, oui, son fils, qui a ainsi renié tous les principes de l'Eglise. Grâce à son épouse, Hadrien a pu surmonter ces violences de l'enfance, il les décrit crûment, sans haine, explique à Gabrielle comment Dieu n'existe plus pour lui.
Elle qui ne vivait que pour Dieu, s'en trouve bouleversée, toutes ses convictions vacillent et, elle, qui faisait si peu de cas des autres, écoute Hadrien, le convie à dîner en tête à tête, et l'écoute longuement.
Davantage qu'un énième roman ou document sur la pédophilie, l'auteur nous montre la réaction d'une mère aux ignominies de son fils, le bouleversement d'une croyante face aux horreur.
Un auteur que je découvre, et qui , j'espère nous proposera d'autres romans.
Terrible roman, bouleversant, poignant.
Le récit de cette mère qui passe de la personne la plus détestée à la plus plainte.
C’est un récit très bien écrit, qui traite de quelque chose d’impardonnable …
Très beau témoignage
On ne ressort pas tout à fait indemne de cette lecture coup de poing…
Le verbe est incisif, le texte baigné d’allégories aussi poétiques que la réalité est monstrueuse. Chaque mot est pesé et intransigeant, collé au personnage d’abord acariâtre de Gabrielle de Miremont. Cette femme de 90 ans, pieuse, sans émotion apparente, voit son monde bien réglé s’effondrer à l’annonce de l’ignominie dont a fait preuve son fils, le père Pierre-Marie, pendant des dizaines d’années au sein de l’Église. Nous sommes alors les témoins de l’armure qui se fend, de la carapace qui s’effrite et des désillusions d’une mère qui avait tout misé sur cet enfant avec lequel le lien semblait si solide et éternel.
Du personnage imbuvable et irritable des premiers chapitres, nous ressentons peu à peu une surprenante empathie surgir face au désespoir de celle qui n’a jamais appris à baisser les armes. Ses croyances les plus ancrées disparaissent soudainement avec le témoignage d’une victime du bourreau, un enfant désormais devenu un homme beau, sincère mais à l’âme abîmée.
Les faits sont relatés sans fioritures, bruts, tels qu’ils ont été vécus par Hadrien, la victime. Ils ne laissent pas la place au doute, ils sont impardonnables. Ces paroles détruisent tout ce que Mme de Miremont avait savamment construit, avec rigueur et tradition, elles font s’effondrer le Ciel auquel elle se rattachait tant, elles balayent son sentiment de piété en un instant effroyable.
"Au grand âge qui est le mien, j’aimerais comprendre comment on peut traverser la vie sans avoir un seul instant affronté la vérité crue. J’ose écrire que Dieu avait endormi ma conscience et ma raison, je ne L’accuse de rien ; c’est moi qui Lui avais donné toute la place, je L’avais convié dans le fauteuil le plus confortable, le plus élégant, avec la plus belle vue sur le jardin de ma vie. Éblouie par Sa toute-puissance, je m’étais assoupie à l’ombre de la Bible, à réciter des paroles que d’autres m’avaient mises en bouche."
La vieille dame doit alors affronter la dure réalité et ce fils qu’elle avait élevé au rang de Dieu, alors même qu’il incarnait silencieusement le diable.
"— (…) Pierre-Marie, j’aurais dû me douter, tu avais la beauté du diable. Tu cites la Bible, alors écoute-la : « Tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main. » Et je paierai moi aussi… Pour t’avoir donné la vie et le vice. Je suis moi-même coupable d’avoir porté un diable, de l’avoir nourri à mon sein, à ma table.
— Maman, que dites-vous ? Vous n’avez été qu’amour et vertu.
— Non, je suis la maman du bourreau."
L’auteur décrit parfaitement le vernis qui s’écaille autant que la douleur d’une mère qui était aveuglée par son fils, la fierté, même dissimulée, et tout l’espoir qu’elle portait en lui, mais aussi la grande culpabilité d’être la maman du bourreau.
C’est un roman effroyablement réaliste, au regard de tout ce que l’on sait des scandales de l’Église, et qui nous plonge au cœur du mal. Il donne une hypothèse, une réponse parmi d’autres à la question : Comment un homme, d’église de surcroît, peut en arriver à commettre de telles infamies ? Cette histoire apporte une des pistes probables, car il est bien difficile de comprendre de tels actes et de connaître précisément leur élément déclencheur. Mais assurément, le récit sonne vrai, ébranle la foi et est criant de sincérité. Il va au-delà du rejet primitif du monstre et des siens, il s’insinue dans la famille, creuse les failles et démonte les certitudes. Il décolle la façade et sonde les âmes.
Une lecture de plus que je vous recommande absolument !
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2023/02/05/lecture-je-suis-la-maman-du-bourreau-de-david-lelait-helo/
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Pour une fois , c'est une lecture que nous avons en commun . Bravo pour ta chronique , c'est tout à fait ça !