"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au début du XXe siècle, Valentine, une jeune Bretonne insouciante, monte à Paris, au bras d'Antoine, son mari austère et volage.
Introduite dans la société mondaine de la capitale et ses salons littéraires, elle rencontre des femmes libres qui la fascinent et l' attirent. Colette, Renée Vivien, Liane de Pougy, Élisabeth de Gramont et surtout l'irrésistible Natalie Cli ord- Barney. À leurs côtés, Valentine va bientôt se rêver écrivain.
Mystérieuse et magnétique, l'Amazone Natalie, qui devient bientôt sa «Natty», l'initie aux déliceslittéraires et aux amours saphiques. Naît alors en Valentine une passion pure et dévorante, dont elle pourrait bien ne jamais revenir...
J'ai été attirée par ce roman car il prend place dans une époque que j'aime beaucoup. Et jai déjà pas mal étudié la condition des femmes à cette époque.
Aussi cela a sûrement porté préjudice à cette lecture.
Si je me focalise sur l'aspect romanesque c'est un roman agréable à lire et les personnages sont variés.
Par contre historiquement je n'ai rien appris et j'ai trouvé certains moments "carte postale" avec une galerie "vedettariat littéraire et théatreux" et des anecdotes déjà universelles...et lisses donc dommage j'aurais aimé un peu plus de finesse ou de peps.
Une lecture sûrement très agréable si on ne connaît pas trop la société de cette époque car on doit y plonger plus facilement et avoir l'impression de découvrir plein de choses.
Valentine jeune fille bretonne de bonne famille épouse Antoine Beauregard avec qui elle s’installe à Paris. Très vite la jeune fille, qui caresse des ambitions littéraires, est introduite dans les meilleurs salons où elle rencontre Proust, Colette, la comtesse Greffulhe et bien d’autres. C’est là qu’elle fait la connaissance de Natalie Clifford Barney, une belle américaine qui collectionne les amantes. Valentine succombe, mais devra faire face à l’infidélité de sa Natty, tandis qu’en parallèle sa carrière littéraire décolle et qu’elle s’émancipe doucement.
Emmanuelle de Boysson a choisi de prendre un personnage fictif, Valentine, et de la plonger au cœur d’un monde tout à fait réel puisque la majorité des personnages qu’elle croise ont effectivement existé. C’est ainsi que Valentine va être immergée dans ce monde littéraire qu’elle admire, mais aussi dans un monde fait de plaisirs dont Natalie va lui ouvrir les portes.
Comme j’aime beaucoup cette époque ainsi que Colette dont j’ai lu des biographies, l’œuvre et les correspondances, j’ai déjà croisé Liane de Pougy, Mathilde « Missy » de Morny, Natalie Clifford Barney et plusieurs de leurs contemporaines. Je n’ai donc rien appris sur ces femmes libres qui jouissaient sans entraves et revendiquaient leur liberté avec panache. Par ailleurs j’ai été gênée par la manière assez scolaire dont sont exposées les biographies de chacun des personnages qui entrent en scène. Leur faire prendre systématiquement la parole pour raconter les grandes lignes de leurs vies, voire de leurs œuvres, m’a semblé assez factice et cela coupe le rythme et l’élan du récit.
Mais Emmanuelle de Boysson sait parfaitement rendre les affres de la jalousie que ressent Valentine et décrire l’évolution de ce personnage qui, de jeune ingénue, deviendra femme accomplie et capable de vengeance. Natalie Clifford Barney n’est pas ici à son avantage ! Voilà une femme qui semble bien manipulatrice, jouant sur plusieurs tableaux et n’aimant rien tant que le moment de la conquête pour ensuite abandonner ses amantes et passer à la suivante. Emmanuelle de Boysson nous dresse au contraire le portrait d’une Colette pleine de bienveillance pour sa cadette, Valentine, qu’elle conseille et soutient dans ses entreprises d’écriture.
J’ai apprécié l’atmosphère qu’a créé l’auteure, à la fois très sensuelle mais aussi pleine de liberté et d’insouciance dans cette époque entre deux guerres. Ainsi que ces portraits de femmes qu’elle fait et qui montre leur soif de liberté, leur besoin d’indépendance vis-à-vis de maris qui semblent dépassés par ce qui leur arrive et le soutient qu’elles se prêtent les unes aux autres même si cela ne va pas parfois sans quelques rivalités.
Bref, un livre qui se lit avec facilité et avec plaisir malgré les quelques petites réticences exposées ci-dessus.
L’auteure, Emmanuelle de Boysson, a un arbre généalogique assez charpenté, et elle-même a son actif d’un cv bien fourni: elle baigne dans le monde littéraire parisien, elle est cofondatrice du Prix de la Closerie des Lilas, qui récompense chaque année une romancière de langue française. Déjà l’auteure d’une œuvre prolifique, l’univers des femmes, de la littérature féminine au lesbianisme, dont il est question ici, occupe une place essentielle de son œuvre.
La vie de Valentine Beauregard apparaît d’abord comme celle de n’importe quelle provinciale qui a eu la chance de faire un beau mariage: une jeune femme émerveillée et fière, impressionnée et impressionnable, agréable, épouse attentive et soumise. Fort heureusement, cette jeune épouse bien propre sur elle évolue, elle s’enhardit un peu au contact d’un autre monde, elle se dévergonde, elle sort des tranchées. C’est tout juste à ce moment-là que le roman prend véritablement naissance, à mes yeux au moins. J’ai assisté avec plaisir à l’évolution de la jeune Valentine, qui engoncée dans sa fierté toute neuve de jeune parisienne collet-montée, s’ouvre à des horizons dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Un monde de plaisirs charnels, d’une jouissance inconnue, de sensualité mais aussi de beautés vénéneuses, d’amours trompeuses, d’aventures éphémères. Emmanuelle de Boysson a su faire évoluer notre jeune et timorée bretonne en une maîtresse avide et passionnée. Elle a su décrire les affres de l’amour saphique, dans le meilleur, mais dans le laid, dans la laideur du mensonge, dans les excès de la passion, et la souffrance de l’amour sans retour. La jeune épouse devient femme sous les yeux de ses compagnes d’écriture, sous les mains d’une compagne aguerrie, sise 20 rue Jacob. Une plongée à travers les cercles intellectuels parisiens, les salons littéraires, où se bousculent tous les noms de la littérature début de siècle, où règnent en maîtres Colette, Proust et bien d’autres, où les coups bas des uns ricochent sur les piques fielleuses des autres.
Le dénouement reste encore mon passage préféré du roman, où l’innocence des débuts laisse place au réalisme d’une désillusion amère, le paradis de Sappho finit par virer à l’aigreur née de la jalousie et de l’égoïsme, et aux vulgaires règlements de compte, loin des jeux sensuels et de la tendresse des débuts. Sur Lesbos, les idylles ont tourné aux vulgaires petites rancœurs amoureuses de l’Île Blanche, les sentiments de chacune sont finalement revenus de ce haut lieu divin, qu’elles s’efforçaient de bâtir à travers leurs petites escapades littéraires et rencontres privilégiées, pour s’ancrer dans une réalité froide et brute. C’est, finalement, cette Valentine-là, que j’ai le plus estimée.
À ma grande surprise, les notes de fin m’ont appris qu’une des protagonistes du roman, Nathalie Clifford Barney, a réellement existé. À la lecture de sa biographie, il s’avère que l’auteure s’est largement inspirée de cette femme de lettres américaine de caractère aux hautes aspirations littéraires. J’avoue avoir été prise d’intérêt bien plus par sa personnalité à elle, plus complexe et sombre, que celle de Valentine. A la lecture de sa biographie, sur Wikipedia, sa vie apparaît d’autant plus extraordinaire, au delà de son orientation sexuelle qui finalement importe peu, qu’elle a été celle qui a redonné un élan à la littérature par la création de ses salons littéraires les « vendredis » fréquentés par les plus grands noms de la vie littéraire de l’époque, femmes autant qu’hommes.
En revanche, je m’attendais à un récit bien composé, au style délicat et profond. Et j’ai trouvé tout le contraire, un style très léger, peu crédible et surtout très superficiel, parfois trop versé dans le lyrisme, et qui m’a profondément agacé dès la trentième page. Je pense entre autres à l’usage répétitif des crispantes interjections « ma belle » lors des échanges épistolaires ou verbaux. J’ai parfois eu l’impression de découvrir un cercle de jeunes femmes écervelées, très précieuses, à l’égo surgonflé par la conscience de leur valeur, qui se servent de la littérature de passe-temps comme un autre, au milieu de jeunes mondaines totalement accaparées par l’organisation de garden-partys.
Même si la qualité du récit s’améliore au fur et à mesure du récit, je n’ai pas accroché au style de l’auteure, qui a tendance à faire des personnages un peu trop lisses. Toutefois, ce roman aborde le lesbianisme de front, il est au cœur même du roman, à une époque ou c’était encore une honte et un scandale. La femme est à l’honneur, quelquefois sous ses angles les moins nobles, néanmoins il reste une belle histoire d’émancipation féminine.
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