"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'automne en Provence est limpide et bleu, ce n'est pas une saison, c'est un fruit:les touristes sont partis, la nature exulte dans une profusion de couleurs et d'odeurs. Mais si l'écrivain-flâneur célèbre avec sa sensualité coutumière Manosque et la campagne provençale, il est avant tout attentif à ceux qui vivent dans les recoins de la société, les pauvres, les fous, les errants dont il se sent frère, et dont il parle sans apitoiement. Les femmes sont aussi très présentes, les servantes d'auberge longuement contemplées, ou Isabelle, «la fiancée des corbeaux», auprès de qui l'écrivain trouve paix et bonheur. Qu'il s'agisse de raconter la mort d'un chat ou la surprise d'entendre une femme qui jouit dans la maison voisine, à chaque page de ce livre vibre une émotion simple et sincère.
Le narrateur aime la nature. Nature qu'il décrit de chez lui ou lors de ses nombreuses promenades. Celles-ci sont pour lui l'occasion de faire des rencontres de personnes parfois insolites et donc de nous résumer leurs vies. En même temps, c'est l'occasion de réfléchir sur les mots, leur importance, leur signification, mots qu'on pense, qu'on échange, qu'on entend, qu'on lit, qu'on écrit... Et l'écriture est pour notre narrateur primordiale : il est toujours accompagné de son cahier. On a l'impression que l'auteur ne nous mène nulle part, on erre avec lui parmi les mots.
J'ai découvert René Frégni cette année, grâce à son magnifique texte Les jours barbares, écrit pendant le confinement : une réflexion forte sur la responsabilité des Hommes dans la destruction de la biodiversité, sur la folie consumériste de notre société qui nous pousse à nous priver de l'essentiel pour accumuler toujours plus de choses superflues, sur l'urgence d'ouvrir les yeux et d'agir avant qu'il ne soit trop tard.
Je me souviens de tous vos rêves est une très belle ode à la nature et à la vie. On est bercé par le rythme lent des mots, leur simplicité et leur poésie. Ce n'est pas un roman au sens traditionnel du terme, il est majoritairement fait de contemplations, d'anecdotes et de peu d'actions, c'est « le roman de nos vies, et toutes nos vies sont bien plus romanesques qu'un roman. ».
René Frégni évoque sa nostalgie de l'enfance, son amour pour les personnes qui lui sont chères, et sa tendresse pour ce « petit peuple d'errants », toujours avec les mots justes, sans jamais juger ou faire de misérabilisme.
J'ai aimé sa façon de raconter la Provence, la beauté de ses paysages et sa lumière. Grâce à la magie de ses mots, on ferme les yeux et les couleurs du Sud apparaissent, on respire les odeurs de garrigue, on contemple les animaux et on écoute le silence.
Dans nos vies à cent à l'heure, René Frégni nous rappelle combien il est important de prendre son temps, de savourer chaque petit bonheur simple, et qu'il n'est nul besoin de voyager à l'autre bout de la planète pour être ébloui par la beauté du monde.
J'ai été profondément touchée par la beauté de ce texte, que j'ai envie de relire encore et encore, pour essayer de garder au fond de moi un peu de sa luminosité et de sa douce tranquillité.
C'est le Frégni de la Fiancé des corbeaux: beaucoup moins stressé par son affaire judiciaire, par le harcèlement d'un juge d'instruction peu recommandable et davantage dans le plaisir de marcher dans la région de Manosque, à l'automne, débarrassé des touristes. Il va à la rencontre des autres, de tous les autres.
Il continue à trouver paix et bonheur auprès d'Isabelle.
Comme dans tous les livres de Frégni, il y a beaucoup d 'émotion mais on est passé du noir au rose.
Je suis très fan de cet auteur dont j'ai lu tous les livres même ceux destinés aux jeunes (pas tant que cela d'ailleurs car Marilou et l'assassin a une fin cruelle)
Dans les romans de René FREGNI, hors les accents gionesques, on retrouve souvent des personnages un peu cabossés par la vie.
Ceux que l'on croise ici dans ce qui ressemble plus à un carnet de notes qu'à un roman, n'échappent pas à la règle ! Il y est question de Joël Gatefossé qui, de menuisier, est devenu libraire (Librairie Le Bleuet à Banon, ci-contre), d'un procès à Digne dans lequel l'auteur a été mis en accusation avant d'être blanchi, d'un chat trop cascadeur et surtout, une fois encore, des femmes : Isabelle (La reine des corbeaux) qui ne peut que se réjouir de lire ces lignes amoureuses, de cette voisine camée face à l'écran de son ordinateur, de la femme du facteur qui a de si beaux seins...
Mais ce sont surtout, des mots en mélodie qui célèbrent les lumières de l'automne, les chemins provençaux, les froids glaçants qui descendent de la montagne de Lure, les livres d'une vie et des rencontres de bonheur, prises pour ce qu'elles sont, un contact simple avec l'humanité, celle des solitaires, des aventuriers ou des bannis.
Ce drôle de texte séparé en mois (de septembre à février) semble tout droit sorti des cahiers que l'auteur remplit dans la solitude de son appartement, comme un journal intime de sensations, d'instantanés de vie. A rêver de plonger dans ces fameux cahier, empilés par l'auteur dans un coin de sa chambre...
Le verbe est délicat, imagé, infiniment poétique (j'ai relu de nombreuses fois certains paragraphes tant le mot est juste et tellement évocateur d'une sensation ou d'un souvenir)
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