"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ma boîte, je suis le meilleur, mais je sais aussi que je vais bientôt devoir prendre ma retraite. Et je veux laisser ma place à quelqu'un d'aussi bon que moi, un héritier, si tu veux. Il s'appelle Juan.
Ce boulot, c'est celui d'un tueur à gages, qui termine sa carrière après avoir gravi les échelons de la hiérarchie comme dans tout bonne multinationale qui se respecte. À Barcelone et Madrid, côté rue le jour, et côté bar la nuit, se croisent des prostituées, un flic sur le déclin, un candidat au suicide... Autant de personnages truculents qu'un tourbillon de péripéties précipite aussitôt dans des situations rocambolesques. Humour et dérision sont la marque de fabrique de Carlos Salem. Cette fois encore, l'écrivain argentin ébouriffe le polar d'une loufoquerie jubilatoire.
Ce Japonais grillés est un recueil de cinq nouvelles, noires écrites par Carlos Salem, un auteur brésilien. Elles ont en commun certains personnages, une unité de lieu, un bar et surtout l'ambiance mi-tragique mi-drôle. On pourrait aisément imaginer une mise en images par Quentin Tarantino.
- Japonais grillés : l'histoire d'un tueur à gages qui veut prendre sa retraite et laisser son second Juan prendre la suite. Il s'en ouvre à un professeur dans un bar de l'aéroport et le vin déliant la langue lui raconte comment il fait pour que la passation se déroule le mieux possible.
- Petits paquets : Poe travaille dans un atelier clandestin pour "le mec à la Ferrari" : il coupe, colle et met en forme du plastique. Il se lie d'amitié avec l'Artiste. Mais l'atelier clandestin dénombre moult accidents, membres coupés par des machines particulièrement dangereuses.
- Comme voyagent les nuages : Poe traîne dans le bar de Lola. Tous deux se tournent autour sans oser faire le premier pas. Un jour, un type maigre arrive et raconte une histoire, d'abord celle de son suicide inévitable pour lui puisqu'il vient de fêter ses quarante ans et ensuite celle d'une vie parallèle et noire dans le métro, la nuit notamment lorsqu'il est fermé au public.
- Des marguerites dans les flaques : un vieux flic alcoolique ne peut se faire à l'idée d'enterrer une enquête concernant une jeune prostituée d'à peine vingt ans, sa fille étant morte de la même façon quelques années auparavant. Il s'en ouvre au propriétaire de son bar habituel qui l'écoute, comme toujours.
- Mais c'est toi qu'elle aimait le plus : Poe, toujours dans le bar de Lola, est contacté par Cortès un ami qu'il n'a pas vu depuis longtemps, Olga l'une de leurs ex, on ne sait pas trop lequel elle aimait le plus, est menacée par son mari pour toucher une prime d'assurance. Poe et Cortès vont veiller chez elle la dernière nuit avant son élimination.
Voilà, c'est noir, c'est sombre, c'est drôle. Les codes du polar noir sont présents, la mécanique est parfaitement huilée, implacable et la chute arrive, pas forcément surprenante mais inattendue parfois. Beaucoup de dérision, Carlos Salem raconte de la fiction et il le sait, il ne tente pas de nous y faire croire, il construit ses personnages sur les bases des grands types des protagonistes du polar : alcool, filles, bar, types au bout du rouleau, désabusés. Et c'est excellent de se retrouver dans ces nouvelles, je le disais plus haut, c'est un peu comme regarder des courts-métrages de Quentin Tarantino (du genre de Pulp Fiction, celui que je préfère sans doute), et ça fonctionne admirablement bien.
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