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Le parcours artistique de Jacques Poli (1938-2002), se découvre à l'aune d'une quête des moyens et des fins de la peinture. Une pratique constante de l'atelier, du métier même de peintre, qui l'ont conduit à d'incessantes remises en question, un renouvellement permanent du motif, de la forme et des ressources de la couleur afin de se confronter à la peinture dans ce qu'elle peut avoir d'irréductible, à son essence même.
"Un peintre de la peinture" pour reprendre la formule d'Yves Michaud, qui déployait son travail dans de vastes cycles où les thèmes abordés se trouvaient discernés en fonction de leur adéquation à sa réflexion plastique. Dans cette perspective, rien ne relève de l'alibi. Aux séries des Taches (1966) et des Autoroutes (1966-1967) succéderont de vastes ensembles, aux Balanciers (1967-1968), aux Boulons (1968-1970), aux Outils (1970-1973) et aux Machines (1973-1976) qui lui permettront de capter l'air du temps (Jacques Poli a participé aux Salons de la Jeune Peinture et à l'exposition Mythologies quotidiennes II à l'Arc, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en 1977) tout en approfondissant un propos singulier.
Passant de "La figuration la plus crue à l'abstraction la plus rigoureuse" (Michel Ragon), il s'attache ensuite aux Peintures entomologiques, à partir de 1976, qui seront exposées à la Galerie Adrien Maeght et pour lesquelles Georges Perec écrira quatre textes. Cette rencontre se poursuivra avec un projet de livre autour de l'espace, à partir de 39 clichés Polaroïds réalisés par l'écrivain. Jacques Poli enchaînera ensuite les déclinaisons d'une recherche formelle où le sens n'existe que dans sa dimension poétique.
Baroque et New York (1979-1982), Les Coiffes et architectures fusain et pastels (1982-1985), Les Gouaches (1985-1987), Les Perruches (1987-1989), Les Cages (1989-1992), 20 000 Lieues sous les mers (1992-1995), Passage-Caillois (1995-1996), Profils et corps (1996-1999), Chemin de Croix (1999-2000), Gris (2000-2001), Masques (2001-2002). Jules Verne, Georges Perec, Roger Caillois, autant de sources d'inspiration pour Jacques Poli, non dans l'anecdote ou l'imitation, mais dans la pratique vive de la peinture.
En 2007, Mitchell Aigus présente des toiles de Jacques Poli dans son exposition placée sous l'égide d'Alain Robbe-Grillet Project for a revolution in New York (Matthew Marks Gallery) ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de lectures pour cette oeuvre dense, rigoureuse dont la cohérence formelle s'inscrit dans les diversités de ses approches. C'est cette pensée visuelle en actes que se propose de faire découvrir cette monographie qui comporte un ensemble important de reproductions d'oeuvres, souvent inédites, une fortune critique, une bibliographie, un cahier consacré à sa rencontre avec Georges Perec et un essai du philosophe Yves Michaud.
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