"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Peut-on se défaire de tout ?
Elle se souvient de ce moment, et d'avoir pensé nettement : " Il nous détruit. " Elle avait onze ans, sa soeur n'était pas loin, elle a compris qu'elle avait déjà été écrabouillée par le vieux, et que c'était son tour. Il hurlait, déchaîné, pour une bricole, et prononçait des mots affreux qui avaient rompu quelque chose. C'était comme casser du cristal, une membrane fragile, quelque chose qui aurait pu grandir.
Rien ne peut enfermer Jeanne. Ni la violence du père qui lamine sa famille ni l'amour de Matt, qui lui offre les Grands Lacs et la clef d'une maison. Maintenant, alors qu'elle n'a pas vingt ans, elle va devoir choisir ce qu'elle abandonne.
Mais peut-on se défaire de tout ? Qui est-il vraiment, cet homme malheureux à en frapper ses enfants ?
Sur fond de bourgeoisie déchue et toxique, de rêves anéantis par l'Histoire, Hors d'ici interroge, avec finesse, les meurtrissures de l'enfance et de l'adolescence, et leurs stigmates.
Fuir, partir….
C’est le vœu le plus cher de Jeanne.
Fuir ce père destructeur.
D’abord, passer le bac.
Puis rejoindre Matt, son amoureux qui l’attend aux Etats-Unis.
Ou alors parcourir le monde, commencer par les îles grecques.
Oui, Jeanne ne sait pas où elle en est.
Un récit fort bien écrit où ressortent les stigmates d’une enfance et d’une adolescence meurtries par les violences d’un père.
Conséquences lourdes, si lourdes sur la vie des victimes.
Une jeune fille perdue et pourtant si résolue, si volontaire.
J’ai trouvé la fin un peu incomplète.
J’aurais aimé connaître le choix de Jeanne, savoir ce qu’elle va devenir.
Oulalahhh, c'est pas le monde des bisounours ! Amateurs de contes de fée, fuyez !
Le thème est malheureusement éternel. Nous portons tous en nous une part de notre éducation et de notre vécu d'enfant.
Alors quand ce père fait preuve de violence, de hargne, de dégoût de lui-même, cet homme replié sur ses fantômes intérieurs et quand l'enfant en souffre, alors oui, on blâme plutôt le père, mais est-ce si simple ? C'est bien le méchant, n'est-ce pas ?
Attention, je ne dis pas que ce qu'il fait est excusable, mais seulement explicable. Et en tant qu'ancien éducateur spécialisé, je me suis souvent dit que ce sont les parents qu'il aurait fallu soigner.
Parfois, malheureusement, la seule solution consiste à séparer les enfants du monde des adultes en proie avec leurs démons. Mais dans ce roman, Jeanne est seul face à ce père. Seule. Terriblement seule...
Un livre au sujet intéressant à la base avec un personnage central, Jeanne, tiraillée entre un passé difficile et un avenir apparemment plus radieux mais incertain. Le passé est incarné par un père alcoolique violent, physiquement et psychologiquement, et une mère absente. L'avenir est lui incarné par Matt, jeune avocat américain de 10 ans son aîné, et qui lui propose une vie de couple loin d'ici aux Etats-Unis. Le présent est donc pour Jeanne cette position incertaine entre l'envie de quitter son ancienne vie mais aussi la crainte d'un autre enfermement dans le couple.
Le livre développe plusieurs thèmes forts comme la violence familiale d'autant plus sournoise qu'elle ne se voit pas à l'extérieur, avec un père qui donne le change devant les inconnus et notamment Matt. Autre thème intéressant celle de l'enfance des gens violents avec la découverte du passé du père et des nombreuses souffrances vécues. Est-ce pour autant une excuse qui le dédouane de maltraiter sa famille ? Non simplement une explication pour comprendre d'où vient cette haine et ce rejet des autres.
Je n'ai toutefois pas réussi à pleinement entrer dans le livre en ayant plus l'impression de lire une histoire et de rester à l'extérieur. Le personnage de Jeanne m'a semblé assez plat et pas assez incarné. De même, la narration assez linéaire ne m'a pas apporté beaucoup d'émotions. Je referme le livre en me disant que le sujet est beau, parfois triste et émouvant mais sans en ressentir les effets.
C'est l'histoire de Jeanne, 19 ans qui vit au sein d'une famille dysfonctionnelle avec un père violent, qui bat ses enfants, une mère démissionnaire, des grands frères partis faire leur vie et qui ne s'intéressent pas à ce qui se passe, un petit frère qui, malgré les coups, aime son père. On suit Jeanne sur quelques mois décisifs pour sa vie future.
Le roman pose des questions essentielles : doit-on, pour échapper aux souffrances de l'enfance, se jeter dans un futur dont on sait qu'il ne correspond pas à nos attentes les plus profondes, qui nous fait courir vers un échec assuré? Doit-on fuir un enfermement pour un autre même s'il est plus doux? Les douleurs de l'enfance nous condamnent-elles à faire les mauvais choix juste pour y échapper, s'enfuir?
On suit également le père, présenté comme un bourreau au début du roman, qui s'humanise un tant soit peu lorsqu'on comprend que l'homme qu'il est devenu a été façonné par une enfance, certes dorée financièrement mais marquée par la solitude, par la guerre dont il est revenu détruit après cinq années de captivité, par la perte de la fortune de sa famille, par son déclassement social.
Enfin, on suit également Matt, l'américain, avocat qui est tombé amoureux de Jeanne et veut l'emmener aux Etats-Unis et l'épouser dès qu'elle aura son bac en poche. Il représente un ailleurs toujours plus enviable que l'ici même si Jeanne exprime déjà quelques réticences lucides.
Même si l'écriture est belle, je suis restée spectatrice de la vie de Jeanne, sans jamais être vraiment touchée. J'ai trouvé les dernières pages du roman peuplées des cauchemars et du rêve de Jeanne très artificielles et décevantes. Un personnage secondaire m'a cependant émue : le petit frère qui, malgré les coups, cherche l'amour de son père, lui pardonne sa violence.
Ma note : 2,5/5
L'histoire d'une jeune femme, Jeanne, qui cherche à s'évader de sa prison familiale dirigée par un père violent, et à construire les fondements de sa vie d'adulte. Choix de l'amour, de la raison, fuite en avant, l'héroïne est tiraillée par l'incertitude.
Florence Delaporte aborde avec beaucoup d‘humilité le thème des difficultés du passage à la vie d'adulte et de la nécessité de faire des choix. L'écriture est très fluide, ce que j'ai apprécié.
Toutefois, l'histoire est restée un peu trop linéaire à mon goût. J'aurais aimé quelques rebondissements, ou changements de rythme, qui m'auraient peut-être aidée à me "connecter" au personnage. J'ai donc eu du mal me laisser emporter.
Pour autant, la qualité de l'écriture demeure pour moi un point fort de cette oeuvre.
Comment se construire et se protéger au sein d’une famille dont le père est violent et la mère ne donne pas de tendresse ? Comment grandir avec des parents qui ne vous donnent pas confiance en vous, pire vous humilient, et vous refusent l’amour auquel tout enfant a droit ?
Jeanne, vingt ans, vit dans ce type de famille toxique. Arrivée tardivement après quatre enfants plus grands, elle peine à trouver sa place dans cette famille qui exclut et qui s’épanouit sur le mode du conflit, avec un père qui vit sur les souvenirs de sa gloire et de sa richesse passées.
Jeanne a choisi d’affronter, de lutter. Mais cela ne se fait pas sans laisser des traces et notamment dans sa relation avec les hommes et avec Matt de dix ans son aîné. Américain, avocat, il aime Jeanne. Mais ce qu’il lui propose est une autre forme d’enfermement. Celui du couple. Alors que Jeanne, même si elle veut quitter cette maison si justement nommée La Muraille, veut aussi étudier, écrire, vivre. Partir ou rester, quel sera son choix ?
De cette base déjà de nombreuses fois traitée mais qui reste intéressante sur la filiation, les relations familiales et amoureuses, la construction d’une personnalité, les fêlures de passé et les conflits générationnels, Florence Delaporte livre un récit que j’ai trouvé sans beaucoup d’émotions avec une histoire d’amour qui suscite assez peu d’intérêt et un personnage, Jeanne, qui malgré toutes ses difficultés n’a pas éveillé en moi d’empathie.
C’est joliment écrit, fluide mais il m’a manqué cette petite étincelle qui transforme le récit en quelque chose d’unique.
« Hors d’ici », publié en 2020, est un roman signé Florence Delaporte. Je n’avais jamais rien lu de cette auteure qui en est pourtant déjà à son neuvième livre. Pas tous des romans, il est vrai tant elle varie les approches et ses publics cibles.
Grâce à NetGalley et aux éditions Cherche midi, que je remercie vivement pour leur confiance, je découvre une écriture particulière abordant cependant un thème classique. Une jeune fille, pas encore vraiment adulte, souhaite fuir Les Murailles, la villa familiale où son père, triste sire violant, la dénigre, la menace de coups et ne la considère en rien comme une personne et encore moins comme sa fille. La violence est quotidienne, Jeanne ne peut rester sans réaction face à ce père alcoolique, ce serait lui laisser croire qu’il a le droit de se comporter comme cela et de foutre en l’air la vie des autres. Jeanne ne peut s’y résoudre, elle n’a qu’une envie, partir loin, être « hors d’ici » !
C’est qu’elle a des rêves à assouvir, une envie de poursuivre des études littéraires, une envie d’aimer et d’être aimée, une envie de vivre une liberté qui semble accessible à toutes les filles de sa classe et qui, d’une colère à l’autre de son père, lui est interdite par une destruction systématique de sa vie et de ses espoirs.
Au cours d’un été, Jeanne a fait la connaissance de Matt, un américain de 10 ans son aîné qui s’est inséré dans le seul interstice que semblaient lui accorder ses parents : devenir avocat, comme son père. Ce n’est peut-être pas tout à fait ce dont il rêvait mais Matt est ainsi. Il aime mieux se plier à ce qu’on attend de lui que de chercher les heurts et les discussions inutiles. Au début du récit, Matt passe quelques semaines de vacances en France, chez Jeanne pour qui le rêve semble enfin pouvoir devenir réalité. Pourtant, alors qu’elle n’a rien vu venir, Matt la déstabilise, de manière abrupte, voire cruelle. Il déclare ne plus pouvoir faire confiance à Jeanne qui parle d’un père violent et maltraitant alors qu’avec lui, Matt le constate tous les jours, le père brille d’amabilités, de prévenance et se présente nimbé de tant de belles manières qu’il est impossible qu’il soit le rustre que Jeanne lui a présenté. Comment Matt pourrait-il encore faire confiance à Jeanne ?
Elle le sait. Sans la confiance de Matt, sans la révélation de la violence de ce père qui dissimule sa vraie personnalité derrière un vernis de bonnes convenances, Jeanne est perdue. Jamais elle ne pourra vivre ‘hors d’ici’ !
Heureusement – peut-on le formuler de cette manière ? - , au fil du temps, noyé dans le souvenir de ses démons, le père alcoolique finira par laisser transpirer qui il est vraiment. Pour Jeanne, un soulagement. Une bascule inattendue aussi. Elle commence à découvrir et mieux connaître l’histoire de son père, son passé tramé de désillusions, les coups du sort qui ont vrillé les chemins qu’il escomptait. En fait, son père, cette ordure, n’a été que ce qu’il a pu être. Certes, les réponses qu’il a donné à la vie n’étaient pas les plus judicieuses… mais jusqu’où en est-il responsable ? La perte de ses rêves justifie-t-elle le manque d’amour pour sa fille ?
Ces questions ne sont pas neuves en littérature. La manière de les traiter ici, de les décrire est nette, sans fioriture. Elle va droit au cœur et à l’esprit du lecteur qui, plus il en sait, se doit de réfléchir au regard qu’il porte sur le monde de Jeanne et Matt.
Mais jamais l’auteure ne tranchera à sa place. C’est au lecteur à se poser les questions. C’est à lui d’apporter des réponses, de décider ce qu’il en pense. Un livre qui respecte l’autre, le lecteur, et l’appelle à prendre position, en humanité, sur le souhaitable, le réalisable et le pardon à donner, ou pas.
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