"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fuir, partir….
C’est le vœu le plus cher de Jeanne.
Fuir ce père destructeur.
D’abord, passer le bac.
Puis rejoindre Matt, son amoureux qui l’attend aux Etats-Unis.
Ou alors parcourir le monde, commencer par les îles grecques.
Oui, Jeanne ne sait pas où elle en est.
Un récit fort bien écrit où ressortent les stigmates d’une enfance et d’une adolescence meurtries par les violences d’un père.
Conséquences lourdes, si lourdes sur la vie des victimes.
Une jeune fille perdue et pourtant si résolue, si volontaire.
J’ai trouvé la fin un peu incomplète.
J’aurais aimé connaître le choix de Jeanne, savoir ce qu’elle va devenir.
Oulalahhh, c'est pas le monde des bisounours ! Amateurs de contes de fée, fuyez !
Le thème est malheureusement éternel. Nous portons tous en nous une part de notre éducation et de notre vécu d'enfant.
Alors quand ce père fait preuve de violence, de hargne, de dégoût de lui-même, cet homme replié sur ses fantômes intérieurs et quand l'enfant en souffre, alors oui, on blâme plutôt le père, mais est-ce si simple ? C'est bien le méchant, n'est-ce pas ?
Attention, je ne dis pas que ce qu'il fait est excusable, mais seulement explicable. Et en tant qu'ancien éducateur spécialisé, je me suis souvent dit que ce sont les parents qu'il aurait fallu soigner.
Parfois, malheureusement, la seule solution consiste à séparer les enfants du monde des adultes en proie avec leurs démons. Mais dans ce roman, Jeanne est seul face à ce père. Seule. Terriblement seule...
Un livre au sujet intéressant à la base avec un personnage central, Jeanne, tiraillée entre un passé difficile et un avenir apparemment plus radieux mais incertain. Le passé est incarné par un père alcoolique violent, physiquement et psychologiquement, et une mère absente. L'avenir est lui incarné par Matt, jeune avocat américain de 10 ans son aîné, et qui lui propose une vie de couple loin d'ici aux Etats-Unis. Le présent est donc pour Jeanne cette position incertaine entre l'envie de quitter son ancienne vie mais aussi la crainte d'un autre enfermement dans le couple.
Le livre développe plusieurs thèmes forts comme la violence familiale d'autant plus sournoise qu'elle ne se voit pas à l'extérieur, avec un père qui donne le change devant les inconnus et notamment Matt. Autre thème intéressant celle de l'enfance des gens violents avec la découverte du passé du père et des nombreuses souffrances vécues. Est-ce pour autant une excuse qui le dédouane de maltraiter sa famille ? Non simplement une explication pour comprendre d'où vient cette haine et ce rejet des autres.
Je n'ai toutefois pas réussi à pleinement entrer dans le livre en ayant plus l'impression de lire une histoire et de rester à l'extérieur. Le personnage de Jeanne m'a semblé assez plat et pas assez incarné. De même, la narration assez linéaire ne m'a pas apporté beaucoup d'émotions. Je referme le livre en me disant que le sujet est beau, parfois triste et émouvant mais sans en ressentir les effets.
C'est l'histoire de Jeanne, 19 ans qui vit au sein d'une famille dysfonctionnelle avec un père violent, qui bat ses enfants, une mère démissionnaire, des grands frères partis faire leur vie et qui ne s'intéressent pas à ce qui se passe, un petit frère qui, malgré les coups, aime son père. On suit Jeanne sur quelques mois décisifs pour sa vie future.
Le roman pose des questions essentielles : doit-on, pour échapper aux souffrances de l'enfance, se jeter dans un futur dont on sait qu'il ne correspond pas à nos attentes les plus profondes, qui nous fait courir vers un échec assuré? Doit-on fuir un enfermement pour un autre même s'il est plus doux? Les douleurs de l'enfance nous condamnent-elles à faire les mauvais choix juste pour y échapper, s'enfuir?
On suit également le père, présenté comme un bourreau au début du roman, qui s'humanise un tant soit peu lorsqu'on comprend que l'homme qu'il est devenu a été façonné par une enfance, certes dorée financièrement mais marquée par la solitude, par la guerre dont il est revenu détruit après cinq années de captivité, par la perte de la fortune de sa famille, par son déclassement social.
Enfin, on suit également Matt, l'américain, avocat qui est tombé amoureux de Jeanne et veut l'emmener aux Etats-Unis et l'épouser dès qu'elle aura son bac en poche. Il représente un ailleurs toujours plus enviable que l'ici même si Jeanne exprime déjà quelques réticences lucides.
Même si l'écriture est belle, je suis restée spectatrice de la vie de Jeanne, sans jamais être vraiment touchée. J'ai trouvé les dernières pages du roman peuplées des cauchemars et du rêve de Jeanne très artificielles et décevantes. Un personnage secondaire m'a cependant émue : le petit frère qui, malgré les coups, cherche l'amour de son père, lui pardonne sa violence.
Ma note : 2,5/5
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