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Parce qu'elle est le miroir du monde, l'oeuvre d'art est universelle.
Mais depuis le XXème siècle, l'art a cessé d'être le reflet du monde pour devenir seulement une manifestation de lui-même. En se détachant de la nature, de l'universel, du sacré, de l'ordre cosmique, en passant d'une forme d'objectivisation du monde à une forme de subjectivisation, il a constitué une esthétique autonome.
Après avoir pendant très longtemps ignoré et rejeté la sphère artistique, la civilisation industrielle mécanique, technologique, et aujourd'hui numérique, s'est tournée vers les arts et les créateurs pour en faire ses meilleurs alliés. Au sein de nos sociétés modernes irraisonnablement inscrites dans le culte de l'innovation destructrice, de la disruption, l'artiste porte la lourde responsabilité du désenchantement de l'art.
Dans cette période d'errance, de somnolence généralisée, un nouveau récit tarde à apparaître. A moins que l'art ne soit à l'origine d'un nouveau paradigme qui deviendrait peu à peu l'unique territoire de nos vies. A moins que l'humanité tout entière ne se reconstruise demain dans la révélation qu'est l'acte de création. Dans un monde transformé en de nouvelles réalités, l'art, transfiguré à son tour, serait alors massifiquement vécu comme un facteur d'immersion.
Tout comme l'humanité, l'art est aujourd'hui à la croisée des chemins.
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