"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La mer connaît des histoires. Elle en a tant à raconter qu'on se demande si elle n'en invente pas. On ne les écoute pas toujours parce que certaines nous font peur. La mer se prête avec complaisance au romanesque ou au tragique. Elle est comme la vie, elle a le goût du drame.
Elle ne parle pas d'elle, juste de ce qu'elle voit et des nouvelles que colportent les fl euves et les rivages.
Elle sait ce qui nous fait partir ou revenir, ce qui entre ou sort, ce qu'on achète ou ce qu'on vend, l'audace des navigateurs et le sort des disparus. Elle a tout vu, depuis le temps qu'elle nous regarde nous agiter.
Elle en sait beaucoup sur le monde et sur nous, autant que sur les moeurs, les coutumes et les voyages des créatures aquatiques qu'elle abrite.
Se doute-t-elle qu'elle tient le rôle principal dans ces fi lms et ces livres qui nourrissent nos fantasmes ?
Ces Histoires de mers sont-elles vraies ? Elles parlent de capitaines, de bateaux et de ports, de pêcheurs et d'aventuriers, de marins et d'imprudents, de déracinés et d'autochtones, de terres lointaines et de naufrages. Il nous faut tendre l'oreille pour entendre évoquer les bonnes et mauvaises fortunes des hommes que la mer confi e au vent, tandis qu'elle garde pour elle le secret des abysses et du sexe des îles.
Avec la sobriété de style qui caractérise l'auteur, les nouvelles de Histoires de mers nous entraînent sur des lointains océans ou des côtes étrangères et nous présentent des héros, ou anti-héros, aux prises avec un destin fatal. Le récit est parfois poignant, il peut aussi être plein d'une ironie amère. Les récits sont imprégnés des lectures et des voyages de l'auteur. George Orwell, Joseph Conrad, mais aussi Robert Louis Stevenson, Somerset Maugham, Graham Greene, Herman Melville et quelques autres. En même temps, il ne s'agit pas de « à la manière de », mais de récits dont le ton n'appartient qu'à Hubert Delahaye.
Sept nouvelles qui ont en commun la mer. Ou plutôt, les mers. Proches ou lointaines, toutes s'y rapportent, par les eaux, par les villes portuaires, par les bateaux, par les hommes qui en vivent...
Il y a du cinématographique, de ce cinéma des années 50, en noir et blanc qui racontait des histoires d'amour, des histoires d'amitié virile, des beuveries, des bagarres pour une femme ou un mauvais regard et toujours de l'humanité et du respect des uns envers les autres. Il y a des références aux grands écrivains voyageurs invétérés ou immobiles, dans les titres des nouvelles notamment : Hemingway, Conrad, Orwell, ... ; j'y ai vu aussi l'ombre d'Edgar Allan Poe. Hubert Delahaye les convoque ainsi que ses connaissances de l'Asie, des pays, des paysages, des hommes et femmes qui y vivent. Ses nouvelles d'environ vingt pages chacune racontent des petites histoires d'hommes et de femmes simples, qui, par obstination, par miracle, par hasard, ont vu leur vie changer -pas toujours pour du mieux-, et tout cela en bord de mer ou sur la mer.
Navigateurs, pêcheurs, acteur, cuisinier, plongeuse, ex-militaire, écrivain, tous ont leur moment de gloire dans les pages de ce recueil formidablement écrit, ainsi que l'était le précédent ouvrage de l'auteur : Lettres d'Ogura. Fin et tendre, délicat et beau, même si comme moi, vous aimez la mer, mais pas de trop près (je ne nage pas), j'aime la voir, la sentir, marcher le long, vous aimerez ce livre publié par la maison L'Asiathèque.
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