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Heimska ; la stupidité

Couverture du livre « Heimska ; la stupidité » de Eirikur Orn Norddahl aux éditions Metailie
  • Date de parution :
  • Editeur : Metailie
  • EAN : 9791022605359
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Futur proche, bienvenue dans la surVeillance : les caméras sont partout, impossible de se déconnecter. Au royaume de la transparence, tout ce qui est caché est suspect.
Áki et Lenita viennent de se séparer et se vengent par personnes interposées en se livrant à toutes sortes d'expériences... Voir plus

Futur proche, bienvenue dans la surVeillance : les caméras sont partout, impossible de se déconnecter. Au royaume de la transparence, tout ce qui est caché est suspect.
Áki et Lenita viennent de se séparer et se vengent par personnes interposées en se livrant à toutes sortes d'expériences sexuelles sous l'oeil attentif des webcams. Tous deux écrivains, ils achèvent chacun leur roman. Un roman unique. Qui fera date.
À Isafjördur, le soleil de minuit commence à pâlir et les mystérieuses coupures d'électricité se multiplient, privant les habitants des joies du voyeurisme ; un groupe d'étudiants en arts squatte une ancienne usine de crevettes en cultivant des projets louches ; les autorités sévissent, pas toujours raisonnables.

Dystopie contemporaine, Heimska est une satire vibrante de notre addiction à la vie des autres, de notre obsession de la transparence, de notre vanité sans bornes. Norðdahl passe le monde à la moulinette : l'art, l'amour et la politique sont autant d'illusions narcissiques qu'il convient de déboulonner avec une joie féroce.

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Avis (3)

  • « Il n’y a à tout cela qu’une seule réponse : éteindre la machine. Soit c’est elle qui survit, soit c’est l’être humain, mais pas les deux. »


    Plus terrible que le 1984 d’Orwell où Big Brother observait les citoyens : là, tout le monde observe tout le monde. « Les gens avaient cessé de...
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    « Il n’y a à tout cela qu’une seule réponse : éteindre la machine. Soit c’est elle qui survit, soit c’est l’être humain, mais pas les deux. »


    Plus terrible que le 1984 d’Orwell où Big Brother observait les citoyens : là, tout le monde observe tout le monde. « Les gens avaient cessé de baiser portes closes ou de déféquer en privé. » Tout est visible par tous. Et comme l’enfer, c’est les autres, vous imaginez le résultat ! « SurVeillance. Tout le monde voit tout le monde. Il ne s’agit pas d’un « panoptikon » où un œil épierait chaque individu et informerait le pouvoir politique, mais plutôt d’un « synoptikon » où tous les yeux présents dans le bâtiment peuvent observer l’ensemble des autres individus et ce, où qu’ils soient. »
    Et le pire dans tout cela, c’est que ceux qui osent se déconnecter ou qui le sont accidentellement se sentent comme perdus, quasi inexistants comme si vivre signifiait se montrer aux autres. Exister, c’est être vu. Autrement dit, cesser d’être vu signifierait … mourir !
    « C’était peut-être ça, le plus terrifiant, l’idée d’être seul sans que personne vous voie, l’idée que tous pouvaient vous observer, mais que personne ne s’y intéressait. »
    Finalement, dans ce monde, la tragédie, c’est la panne de courant !
    J’avoue que ce point de départ m’avait donné envie de découvrir ce qui se présentait comme une terrible dystopie des temps modernes.
    Hélas, finalement, je me suis perdue dans ce roman pour des raisons que je vais tenter d’analyser.
    Deux écrivains, Lenita et Áki Talbot, séparés depuis peu, se déchirent : ils ont chacun écrit un livre qui porte le même titre Ahmed et dont le contenu, assez identique, raconte comment un jeune Pakistanais, réfugié en Islande, finit par rejoindre les rangs de l’État Islamique.
    Qui a plagié l’autre et pourquoi ? Ou bien, à force de s’observer, les gens finissent-ils par se ressembler ? Chacun des deux protagonistes souhaiterait être récompensé par un prix littéraire et vendre plus de livres que l’autre. Ils s’épient sans cesse. Encore vaguement amoureux, ils s’observent via les caméras, souffrent de voir leur ancien conjoint se livrer à des expériences sexuelles multiples.
    Là, surgit un groupuscule terroriste qui veut tout faire sauter et mettre fin au règne de la transparence absolue…
    J’ai trouvé que le propos de départ était vraiment intéressant mais l’on finit par aborder différents thèmes qui ne sont jamais vraiment approfondis, on s’interroge au sujet des personnages et de leurs motivations sans jamais avoir de réponses, l’intrigue peine à se mettre en place, certains points d’ailleurs demeurent à mon sens inexpliqués. Il me reste comme une impression d’inabouti…
    Je termine le livre un peu frustrée, un peu perdue aussi, je dois bien l’avouer.
    Heimska La stupidité pose néanmoins un regard bien sombre sur notre époque hyper-connectée où l’homme peine à vivre sans le regard de l’autre. Pas très engageant tout ça…

    Lireaulit: http://lireaulit.blogspot.fr/

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  • J'adore ! Voila, ça c'est dit !

    Donc : après l'extraordinaire, et je pèse mes mots, donc après le fabuleux (et je re-pèse mes mots), "Ilska, Le mal", publié en 2015, voici le second roman de Norddahl.

    Il n'était pas évident d'approcher ce roman sans avoir en tête le choc littéraire du...
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    J'adore ! Voila, ça c'est dit !

    Donc : après l'extraordinaire, et je pèse mes mots, donc après le fabuleux (et je re-pèse mes mots), "Ilska, Le mal", publié en 2015, voici le second roman de Norddahl.

    Il n'était pas évident d'approcher ce roman sans avoir en tête le choc littéraire du premier, sans se dire que peut-on bien écrire après ? sans penser si l'oeuvre est mieux ? moins bien ?

    En fait, c'est juste différent et c'est exactement là ou il fallait aller. Une oeuvre courte (là ou Ilska était très longue), une oeuvre légère (là ou Ilska était grave), une intrigue linéaire (là ou Ilska était un véritable labyrinthe ). L'auteur va donc dans le sens inverse du premier roman et de fait court-circuite toute comparaison possible.
    Pour l'intrigue : dans un avenir proche et probable, ou les individus sont plongés sous la surveillance permanante de caméras (la "surVeillance") un couple d'écrivains, Aki et Lenita va s'aimer, se détester, s'affronter, sur fond de combat littéraire par roman interposé.

    L'idée est originale, parfaitement traitée et exploitée, avec à nouveau le style qui faisait déjà mouche dans le premier roman. On retrouve donc avec bonheur le talent de l'auteur pour l'ironie, une forme d'humour noir, un sens de la provocation parfaitement maitrisé (le couple va également se provoquer par vidéo-porno) et un sens profond de la triste condition de l'être humain. Sur ce dernier point, on sent bien que l'auteur projette son regard acerbe sur notre société moderne, sans concession ni réel espoir d'amélioration.

    Une oeuvre forte, décalée et inclassable, une écriture exigeante (et donc forcement une excellente traduction), un roman qui ne s'adresse pas forcement au "grand public", mais au milieu des livres formatés pour tous (je ne cite de pas de noms, je ne voudrais pas vomir ) c'est un bonheur littéraire dont il ne faut pas se priver .

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  • Eirikur Örn Norddahl, jeune poète et traducteur islandais s’est imposé en Europe comme romancier particulièrement inventif et ambitieux avec Illska, le mal, premier de ses quatre romans traduit en français.
    Après le mal, l’écrivain poursuit son étude des bassesses de l’humanité avec la...
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    Eirikur Örn Norddahl, jeune poète et traducteur islandais s’est imposé en Europe comme romancier particulièrement inventif et ambitieux avec Illska, le mal, premier de ses quatre romans traduit en français.
    Après le mal, l’écrivain poursuit son étude des bassesses de l’humanité avec la stupidité. Son univers complexe s’intensifie dans cet opus avec un recours à la dystopie puisque nous sommes dans un monde où des caméras rendent publics les faits et gestes de tout individu en permanence. A tel point qu’il n’y a plus aucune gêne à être filmé mais que la crainte vienne du fait de ne pas être regardé.
    » C’était peut-être ça, le plus terrifiant, l’idée d’être seul sans que personne vous voie, l’idée que tous pouvaient vous observer, mais que personne ne s’y intéressait. »
    Le programme de suRveillance accentue le besoin du rapport à autrui. Aki et Lenita, tous deux écrivains, sont séparés depuis trois ans, depuis que se pillant l’un l’autre, ils ont écrit quasiment le même livre portant le même titre, Ahmed. Leur roman, comme une mise en abyme raconte l’histoire d’un réfugié installé en Islande depuis l’adolescence parti en Syrie pour rejoindre l’Etat islamique. Rivaux sur le plan professionnel, mais toujours amoureux l’un de l’autre, ils s’envoient régulièrement des poke et des videos de leurs ébats amoureux.
    Jusqu’au jour où un groupe terroriste, en fait un groupe d’étudiants en mal d’avenir, décide de changer le cours de l’histoire.
    « Le moyen le plus sûr d’agir sur le monde, c’est de nuire aux autres. Ou de détruire ce qu’ils possèdent. »
    Imprégnés de leur lecture d’Ahmed, ils décident de saboter le réseau électrique et de couper ainsi le programme de suRveillance.
    L’objectif principal de ce roman est de montrer que le fait de se savoir épier change profondément le comportement.
    » Si on ne se défend pas quand on est attaqué, on perd une partie de son humanité, de même on ne peut pas vivre sans parader, on est l’esclave des travers d’autrui. »
    Le problème de l’homme ayant toujours été d’ « entretenir des relations avec autrui sans se perdre soi-même. »

    J’ai trouvé dans ce roman un foisonnement d’idées mais j’aurais aimé les voir plus clairement et intensément développées. Le récit non linéaire composé de chapitres inscrits dans les saisons ( « un peu plus tard, mais pas trop non plus« ) mêle l’histoire du couple de Aki et Lenita avec cette action terroriste contre le système de suRveillance. Chaque chose peinant à se mettre en place dans cet univers sans éclats, avec des personnages rendus finalement banals . J’aurais aimé m’appesantir sur les failles de Lenita, ses liens avec Tilda, sa soeur jumelle, son étrange fusion intellectuelle avec Aki. J’aurais voulu entrer davantage dans l’histoire inventée d’Ahmed. J’aurais souhaité trouver plus clairement l’échappatoire à ce monde moderne désabusé vers l’art et le pouvoir de la création.


    » Mais sérieusement, j’ai l’impression de comprendre enfin le pouvoir et le devoir de la littérature. Et il me semble que je suis à la hauteur de la tâche.
    Alors, quel est le devoir de la littérature? le taquina Lenita.
    Prendre des risques. Elle ne doit surtout pas être gratuite. »

    Eirikur Örn Norddahl sait prendre des risques avec des sujets audacieux, des sujets contemporains ancrés dans la fine analyse de la société qui poussent le lecteur à la réflexion.

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