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Avec Harlem shuffle, Colson Whitehead opère une rupture de ton et de genre avec son précédent roman Nickel Boys qui est un témoignage en hommage à la souffrance des enfants noirs au temps de l’apartheid aux USA.
Toutefois on y retrouve de commun, un ado lâché par ses parents, élevé par une vieille dame (non plus sa grand-mère mais sa tante) qui tourne le dos à la délinquance en s’appliquant à l’école et à travailler à son compte. Là, le héros ne devient plus patron d’une entreprise de déménagement mais commerçant avec sa propre boutique de meubles. Et, on assiste aux émeutes urbaines après le meurtre gratuit d’un jeune Noir par un policier Blanc.
Le roman est nettement moins dur que le précédent et est construit sur une parodie de polar qui semble être le prétexte choisi par l’auteur pour raconter Harlem.
De ce point de vue, j’ai bien aimé le livre. L’histoire en elle-même est un peu loufoque. Le héros, Ray Carney, attaché à son neveu qui ne fait que des bêtises, voire de très grosses bêtises, se voit impliqué avec des gros mafieux dans des histoires à rebondissements.
Ce que j’ai aimé c’est me promener à Harlem et Manhattan en découvrant la vie des quartiers et des pans d’histoires.
C’est pittoresque et très vivant car l’auteur en nous parlant de l’architecture changeante de New York (le livre s’arrête aux fondations des Tours Jumelles) et de la déco intérieure au fil des ans fait refléter un tableau social très parlant sans compter la vie de famille de Ray avec son épouse qui travaille dans une agence de voyages réservés au Noirs, style « Green book » avec des itinéraires qui les épargnent de biens des dangers.
Il révèle aussi les couches sociales dans le milieu afro-américain où la solidarité peut faire cruellement défaut. D’ailleurs les beaux-parents très cossus ont un regard condescendant sur le mari de leur fille.
De l’Apollo au Theresa Hôtel, on sillonne tout le quartier du nord au sud, du Malcolm X Bld à l’Hudson river, de la 128eme à West Harlem. La corruption est partout, de la pègre aux flics en passant par les notables. Wilfred Duke un ancien caïd va gérer les prêts sur Harlem pendant deux décennies jusqu’à ce qu’il lui arrive une petite bricole… Mais il est en est de même dans le Manhattan blanc et c’est à coup de milliards entre avocats, banquiers, mafia, assureurs qu’on s’approprie du terrain pour y construire tour sur tour et où le recel va bon train…
Une lecture récréative où Harlem est le personnage principal.
Comme pour Nickel Boy nous retrouvons la plume de l'auteur dans un policier historique et nous retrouvons le thème du racisme dans une autre ambiance. L'auteur réinvente les codes du genre et il nous entraine à New York et Harlem.
On retrouve une belle galerie de personnages parfois atypique, le milieu des gangster, une lutte des classes sociaux. Un décor, une intrigue et des personnalités le tout réussi. Une vision complexe et piquante avec un soupçon d'humours voir de l'humours noirs.
Une plume addictive qui nous tiens en haleine. Cette ouvrage est bien moins sombre que nickel boy.
Gros coup de coeur pour le travaille de la psychologie des personnages et même la loufoquerie de certains.
"Il suffisait à Carney de marcher cinq minutes dans n’importe quelle direction, et les maisons de ville immaculées d’une génération donnée devenaient les maisons de shoot de la suivante, des taudis racontaient en chœur le même abandon, et des commerces ressortaient saccagés et détruits de quelques nuits d’émeutes. Qu’est-ce qui avait mis le feu aux poudres, cette semaine ? Un policier blanc avait abattu un jeune Noir de trois balles dans le corps. Le savoir-faire américain dans toute sa splendeur on crée des merveilles, on crée de l’injustice, on n’arrête jamais."
Braquage haletant dans le Harlem des années 60
Autant j'avais eu du mal à adhérer à son précédent récit « Nickel Boys », autant Harlem Shuffle m'a immédiatement plongé dans la vie de Harlem. D'emblée le personnage principal, Ray Carney, séduit le lecteur. Fils d'un homme homme de main de la pègre locale, vendeur débrouille sur la 125e rue de New York et homme voué à « la famille » en général, Ray vivotait dans son monde de magouilles. Un monde foisonnant dans lequel Colson Whitehead s'est immergé pour notre plaisir. On y retrouve objets et comportements attrayants, personnages captivants à souhait et surtout paysages et lieux attirants.
L'histoire débute en 1959 par la vie routinière de Ray. Mais celle-ci évolue très vite lorsque son cousin lui propose un cambriolage dans le célèbre Hotel surnommé le Waldorf de Harlem. C'est là qu'il va côtoyer des personnages haut en couleur tels que des vétérans de la Seconde Guerre Mondiale, des flics pervertis, des gangsters qui ont du panache, des pornographes sans scrupules. On navigue entre vengeances, arnaques et injustices aussi bien chez les caïds que chez les junkies. Pauvreté et richesse se frôlent dangereusement. L'intrigue est bien menée.
Mais c'est Harlem qui y est incontestablement le personnage principal. Colson Whitehead nous promène littéralement dans les quartiers de Manhattan, entre Park Avenue et Times Square, entre artistes et bad boys de cette période, entre construction de vies et démolitions d'immeubles. On suit parfaitement les changements qui eurent lieu à cette époque.
Le racisme est présent mais sans que cela ne prenne l'allure d'un compte à régler pour Colson Whitehead … bien qu'on ait parfois la gorge serrée. Il a raison de rester authentique (il utilise encore les mots de « blancs » et « noirs »). Il est de ceux qui peuvent encore se le permettre, du moins on l'espère. Depuis la disparition du titre phare d'Agatha Christie - Les Dix Petits Nègres - rien ne semble plus respecter l'oeuvre de l'artiste.
Le style de l'écriture est incontestablement celui d'un auteur bardé d'un prix Pulitzer. C'est fluide, sans accroches, sans débordements inutiles, sans emphase.
Noir, sobre et juste. A l'image de cette citation :
« Ça ressemblait aux mystères irrésolus de l'enfance, à commencer par celui-ci : pourquoi un homme abandonne-t-il son jeune fils sur un tabouret dans un rade minable ?…Ne restaient que les répercussions et vos piètres tentatives pour y trouver une logique ».
Malfrats, fourgues, flics véreux, gangsters, petites frappes… Colson Whitehead nous plonge dans le Harlem des années 60 et c’est juste formidable.
A travers le personnage de Carney, vendeur de meubles, toujours à la frontière entre respectabilité et criminalité, l’auteur décrit la saveur du quartier, son bourdonnement, son histoire riche et mouvementée. Harlem révélateur d'un New York en pleine mutation où tout va vite, où les communautés s'érodent mais où le racisme perdure, où les buildings sortent de terre, où les repères de l'enfance de Carney disparaissent.
Saga familiale déguisée en roman noir, pièce à l’humour amer sur la moralité, roman social sur la race et le pouvoir, « Harlem Shuffle » est en résumé une totale réussite.
Deux fois couronné du Prix Pulitzer, Colson Whitehead change de genre avec cette fois une histoire de gangsters au coeur de Manhattan. Au rythme dansant d’une vieille chanson de R’n’B adaptée par les Rolling Stones dont il fait le titre de son roman, il nous emmène dans le Harlem des années soixante, quartier noir marqué par la pauvreté et la criminalité, foyer de la lutte pour l‘égalité des droits civiques, mais aussi de la culture afro-américaine.
Marié et père de famille, Ray Carney est propriétaire d’un magasin de meubles sur la célèbre 125e rue. Ce fils de malfrat, bien décidé à rompre avec l’exemple paternel, rêve de respectabilité et cultive deux ambitions : accéder à un logement plus décent que leur petit appartement coincé au ras du métro aérien, et déjouer le mépris de sa belle-famille de condition bourgeoise et à la peau plus claire. Pour se donner un petit coup de pouce et parce qu’il ne sait rien refuser à son cousin Freddie, éternel abonné aux quatre cents coups, il accepte quand même de jouer les receleurs, pensant se maintenir, à force de discrétion précautionneuse, à la lisière du tissu de trafics et de petits crimes qui sous-tend la vie du quartier.
C’est sans compter les entreprises de plus en plus hasardeuses de l’incorrigible Freddie. Embarqué dans un casse foireux, le voilà qui se retrouve dans le collimateur de la pègre, puis, une aventure en appelant une autre, aux prises avec des adversaires toujours plus puissants et dangereux. Des petites frappes aux requins de la finance et de l’immobilier, en passant par les policiers et les banquiers corrompus réclamant leurs enveloppes, tout le monde trempe plus ou moins dans l’illégalité au gré de ses intérêts, derrière les façades respectables des avenues bourgeoises comme dans les rues les plus mal famées.
Tout l’art de Colson Whitehead consiste à peindre par petites touches, non pas un univers du crime spectaculaire et sensationnel, mais une réalité tristement et ordinairement entachée d’une délinquance à bas bruit, chacun cherchant à tirer son épingle du jeu dans le quotidien sans éclat d’un quartier en déliquescence. Ainsi, en filigrane du parcours chaotique des personnages, au fil de mille détails authentiques et soigneusement choisis, se révèle peu à peu le véritable sujet du livre : une peinture d’un Harlem alors en cours de ghettoïsation, ses bâtiments de plus en plus délabrés et insalubres, ses commerces progressivement abandonnés, la bourgeoisie noire laissant la place à une population nettement plus déshéritée, frappée par la ségrégation, le chômage et la pauvreté, dans un contexte favorisant la circulation de la drogue, la violence et la criminalité. Ne manquent pas au tableau les mouvements de contestation qui se mettent à secouer le quartier, comme après le meurtre d’un adolescent par un policier en 1964.
Bien plus que pour son action tragi-comique autour d’un personnage champion de la nage entre deux eaux, c’est pour l’exactitude et la vivacité de son évocation d’Harlem, ville dans la ville, que l’on appréciera ce roman truffé de détails socio-historiques colorés et marquants. En attendant la suite prévue pour cet été aux Etats-Unis et pour 2024 en français, l’on pourra poursuivre le voyage à New York en compagnie d’un autre grand amoureux de cette ville, avec lequel l’on pourra être tenté d’établir un parallèle : Colum McCann - Les saisons de la nuit, ou Et que le vaste monde poursuive sa course folle.
https://animallecteur.wordpress.com/2023/03/18/harlem-shuffle-colson-whitehead/
Harlem Shuffle c’est l’histoire de Ray Carney, un vendeur de meubles au nord de Manhattan, celle de Freddie, le cousin de Ray, une petite frappe de Harlem, celle de Pepper, de Miami Joe et de toute une galerie de personnages hauts en couleurs, mais surtout de Harlem qui tient lieu de personnage à part entière.
Grâce à une écriture immersive, Colson Whitehead nous plonge au cœur de ce quartier new yorkais dans les années 60 en plein dans la lutte pour les droits civiques avec ce vrai / faux polar qui reprend les codes du roman noir et nous offre une délicieuse parodie d’une gangster novel. Les intrigues multiples s’entrecroisent, on y parle de casse qui tourne mal, de pauvreté, de pègre, de racisme, de violences, de vengeance, de corruption, de « protection » de la part de flics blancs dans un quartier noir, d’émeutes.
Le roman est divisé en trois grandes parties : 1959, le braquage de la salle des coffres de l’hôtel le plus chic de Harlem, le Theresa (hôtel qui a réellement existé et qui a accueilli entre autres Louis Armstrong, Joséphine Baker, Duke Ellington, Mohamed Ali, Ray Charles, Jimi Hendrix ou Fidel Castro) que Freddie va commettre avec Ray. 1961 le sommeil fragmenté ou « dorveille », qui révèle la part sombre de Ray et 1964, la disparition de Freddie et l’apparition d’une mystérieuse mallette qui intéresse beaucoup de monde dont la pègre et une riche famille néerlandaise spécialisée dans l’immobilier. Harlem Shuffle est un récit d’oppositions qui révèle la face cachée des personnages, l’opposition entre Harlem et la ville de New York en pleine construction, l’opposition entre la police et la corruption.
Ce roman n’est que le premier d’une trilogie, trop hâte de lire la suite des aventures de Ray Carney !
L’excellent M. Colson Whitehead revient dans un nouveau genre, celui du roman noir à la Cherter Himes.
Dans « Harlem Shuffle », nous suivons les péripéties du vendeur de meubles Ray Carney, au cœur du Harlem des années 1960. S’il a une femmes, deux enfants et un commerce bien tenu, il trempe aussi dans quelques affaires plus louches, de petits à-côtés fréquents quand son cousin Freddie est de la partie. Seulement un beau jour, le cousin va se lancer dans une plus grosse affaire. Ray aura fort à faire pour rester sous les radars des truands et des policiers qui ne vont pas tarder à le rechercher…
M. Colson Whitehead nous immerge dans une époque passionnante, où l’on va vivre les transformations d’Harlem au gré des péripéties incessantes de son intrigue plein de cadavres et de braquages. La lutte pour les droits civiques et les émeutes déclenchées après la mort d’un adolescent noir, descendu par un policier blanc, font une toile de fond passionnante au récit non moins intéressant des petites et grosses magouilles dans lesquelles sera plongé Carney. Au-delà de ça, le style colle parfaitement, il est richement orné de savoureuses pépites drolatiques et ironiques, tout en respectant les codes du roman noir. Et la galerie de personnages est également très réussie.
En bref, un roman délicieux, pleins de rebondissements et historiquement passionnant pour comprendre les problématiques raciales aux Etats-Unis. Je suis impatient d’en lire la suite. Intitulé « Crook Manifesto » le deuxième volet de ce qui devrait être une trilogie paraîtra en version originale en juillet 2023.
Une tranche de vie entre 1959 et 1964 à Harlem avec des personnages hauts en couleur bien campés qui racontent le lieu, l’époque, la ségrégation active de noirs, un développement économique rapide source et enjeu de nombreuses magouilles. Ray Carney, personnage central est un vendeur de meubles fils d’un malfrat souvent absent du domicile familial qui évolue entre une normalité revendiquée et une influence subie d’un entourage bandit. Ses aventures offrent un grand plaisir de lecture.
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