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C'est une petite peinture de 2013, ce que Guy de Malherbe nomme une matrice. Elle a été peinte sur le motif, à Houl- gate. C'est une faille dans la falaise ; une sorte de grotte. Après un séjour à Dieppe, à l'automne dernier, Guy de Malherbe a repris cette peinture matricielle de 2013. Il est chez de nombreux peintres des oeuvres de cette nature qui ne cessent d'accompagner la recherche. Ils y retournent pour faire avancer le travail car elles condensent l'essentiel de leurs pré- occupations. Ce sont des oeuvres génériques. Cette falaise d'Houlgate, meuble, presque molle, ne cesse de se modifier.
Cette instabilité est propice à l'observation et au travail sur le motif. Quand il fait sec, elle se craquèle ; quand il pleut, elle devient boueuse, s'effondre par endroits. Elle prend alors un caractère organique, extrêmement vivant : la falaise devient un paysage en soi, et en mouvement perpétuel ; souvent, y apparaissent des figures.
La première Matrice est une peinture sur bois de 2009. On y voit, blotti, au pied d'une falaise, dans un creux, un amoncellement de roches. Au premier plan, en bas à droite, un rocher de plus grande taille étend son ombre bleue sur un sol d'un jaune éclatant. Cette première matrice générera une série de peintures représentant des corps ou des fragments de corps parmi les rochers, souvent dans une position de repli, leurs courbes épousant les contours du paysage, visages absents, têtes souvent manquantes, corps endormis, assoupis, réfugiés, échoués, mais recueillis par le paysage.
Et c'est là toute l'histoire de la peinture de Guy de Malherbe. Cette relation entre les corps - ou les figures - et le pay- sage. Et cette histoire est une histoire de peinture. Guy de Malherbe est de ces peintres qui fréquentent aussi assidument, voire davantage, les maîtres du passé que ses contemporains. Sa peinture, forte de cette connaissance intime, s'attache autant à la composition qu'à la couleur ou à la texture de la peinture. Comme certains de ses aînés, il entretient une re- lation étroite avec le sujet - figures, portraits ou paysages - qu'il entreprend de peindre souvent d'après nature, ou juste après, de retour à l'atelier, et dans la fraîcheur de la sensation, qu'il peut retrouver si besoin dans la peinture saisie sur le vif - déjà fortement peinte et aboutie. Il reprend ainsi des thèmes que l'on pourrait qualifier de classiques. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, son art emprunte également à l'abstraction, dans la singularité de ses compositions comme dans l'utilisation de la couleur - notamment de grands aplats d'une même couleur. Guy de Malherbe est de ces peintres qui ont l'ambition de rendre visible le réel autant que de rendre vivante la peinture. Il sait que le seul moyen d'être fidèle au réel, le seul espoir d'en rendre en peinture la vérité, pour reprendre la célèbre formule de Cézanne, est de se concentrer absolument sur les moyens qu'elle offre, d'en mobiliser toutes les facultés, tout en trouvant une matière et une manière qui lui soient de plus en plus propres. C'est là le sens d'un engagement. (Olivier Delavallade)
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