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La guillotine ne passe pas.
Comme une arête dans la gorge, comme une angoisse qui étouffe, la guillotine hante le XIXe siècle. Elle reste en travers des temps modernes. Elle biaise le rapport que notre modernité entretient avec les images.
C'est ainsi que l'échafaud s'inscrit dans la mémoire et découpe un nouvel espace de représentation : la littérature, la peinture, la photographie, le cinéma, jusqu'au vidéoclip (habité par l'hystérie de la coupure) doivent beaucoup à l'appareil de mort. Comment tirer un portrait ? Comment prendre une image du réel ? La photographie invente l'« obturateur à guillotine » (tandis que l'aide du bourreau est surnommé le « photographe »). Au cinéma, une prise de vues se fait toujours entre deux claps. « C'est bon. Coupez ! » Et, de même, la coiffure, le maquillage, les figures de cire, tout ce qui assure l'exposition romanesque du visage obéit, on le verra, aux exigences de la guillotine.
Curieuse machine qui commande une étonnante constellation de textes et d'images. Elle est aussi au fondement d'une érotique nouvelle qui vante les baisers donnés dans la lunette (comme on vante ailleurs un baiser au clair de lune). L'échange du désir entre l'homme et la femme modernes s'exprime à travers une demande nouvelle qui tombe dans le silence, dans la nuit : Guillotinez-moi !
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